La République Islamique de Mauritanie vient de se doter d’un super département ministériel chargé des affaires économiques et de la promotion des secteurs productifs. Pour atteindre ces objectifs, un programme économique ambitieux est mis en place par le gouvernement. Malheureusement, la pandémie de la COVID 19 est venue déjouer tous les pronostics de croissance, car des contreperformances ont été enregistrées avec une baisse de 2,2% sur les prévisions. Un Programme Prioritaire Elargi, d’un montant équivalent à environ 10% du PIB va rapidement être conçu et mis en œuvre pour une relance accélérée de la croissance. Ainsi, le gouvernement se veut on ne peut plus clair, car il s’agit d’un programme inclusif, levier de base et de concertation de tous les acteurs sociaux, pour des résultats non seulement probants, mais encore durables.
Il vise donc à répondre aux conséquences désastreuses de la pandémie et la relance de la croissance. Ainsi, une nouvelle approche du développement économique est orientée vers le secteur privé pour lui donner un nouveau souffle avec un accroissement des investissements dans les secteurs productifs.
Rappelons que le développement économique du pays auquel doit en principe contribuer l’investissement ne peut être possible sans la satisfaction des besoins existentiels des populations. Ceux-ci ne peuvent se réaliser que quand le curseur est mis sur le secteur agricole et la sécurité alimentaire. Bien que traité de manière sectorielle, le secteur agricole ne présente pas moins des enjeux socio-économiques considérables pour la stabilité du pays et son développement durable.
Aussi, pour rendre le pays encore plus attractif et attirer de gros investissements, le gouvernement a mis en place une Agence pour la promotion de l’investissement. C’est une sérieuse option qui va certainement doper les investisseurs, surtout en cette période de crise sanitaire et son corollaire sur nos économies faiblement structurées. En même temps, le contexte mondial actuel nous oblige à ne compter que sur nous-mêmes sans plus attendre de l’aide extérieure pour nous développer. Parmi les axes prioritaires dégagés, le besoin de disposer d’un fonds d’investissement, de fonds de garantie et d’un mécanisme de mise à disposition de ressources durables.
De même, en misant sur des investissements massifs dans les secteurs productifs pour développer notre économie, le gouvernement devrait surtout mettre en avant l’attractivité du pays. En ce sens, les autorités disposent d’une opportunité unique dans le cadre de sa nouvelle orientation économique et stratégique. La valorisation de la contribution de notre diaspora permet de développer le pays selon une stratégie économique appropriée avec l'aide des entreprises. La diaspora mauritanienne est une alliée de taille, aussi bien pour l’investissement dans les secteurs productifs que dans le rayonnement et l’attractivité de notre pays. Cependant, les contributions de la diaspora vont bien au-delà des investissements purement financiers, elles comprennent non seulement la levée de fonds collectifs pour soutenir les activités de solidarité et de développement local, mais encore les transferts de technologies. Cet énorme potentiel mérite bien une reconnaissance politique et publique avec une médiatisation bien valorisante. Surtout par la modélisation des réussites entrepreneuriales générant des ressources économiques, des emplois et des services sociaux nouveaux en vue de transferts de compétences.
Aujourd’hui de nombreuses politiques internationales y compris l’agenda 2030 du développement durable mettent en avant la pertinence d’associer les diasporas au processus de développement des pays d’origine.
En effet, grâce à des projets partagés, avec celles d'entrepreneurs socialement responsables, ces projets susciteront plus de sécurité pour les investisseurs, leurs adaptations au contexte local tout en promouvant l'esprit d'entreprise et des services utiles à l'éducation et à la santé pour notre pays.
Donc, une réelle volonté politique s’impose dans la facilitation de l’investissement productif de la diaspora. Par exemple, la création d’un fonds de la diaspora avec des levées de fonds, comme cela se fait déjà dans certains pays, à l’image de l’Éthiopie. Ce fonds permettra d’assurer des investissements massifs dans les secteurs productifs, notamment dans le secteur de l’agriculture. Cela contribuera à une meilleure inclusion sociale et professionnelle de la diaspora et à l’appui à leurs initiatives d’investissement et de développement du pays.
Enfin, cette crise sanitaire que nous vivons depuis un an et demi est venue nous rappeler la fragilité de nos économies. Et nous invite à nous questionner davantage sur notre modèle économique qui nous empêche de décoller. Les pays développés continuent à nous vendre et tentent de nous imposer en gardant un avantage concurrentiel, un modèle inadapté. Il est temps de repenser nos propres mécanismes pour trouver une alternative crédible au système actuel qui n’a pour conséquence que d’accentuer le chômage, la pauvreté.
Pour se faire, nous devons être en mesure de relever par nous-mêmes le défi de la bonne gouvernance, à moins de vouloir s’enliser dans le gaspillage des potentiels naturels et humains.
Mansour LY
Delmans consulting