D’une rare violence et dégoulinant de mauvaise foi, un pamphlet attaquant frontalement le ministre du Pétrole, Abdessalam ould Mohamed Saleh, a été publié la semaine dernière par un site de la place… avant d’être retiré quelques instants plus tard. Juste le temps de permettre à des individus malintentionnés de s’en emparer et de le rediffuser sur les réseaux sociaux. Au-delà de l’attaque contre un ministre connu pour sa probité et qui a sacrifié, au service de son pays, un poste haut placé dans une institution internationale, ceux qui tirent les ficelles de ce genre de pratiques visent à ternir l’image d’un pouvoir dont le principal tort est de s’employer à mettre hors d’état de nuire un système mafieux qui a mis à genoux le pays. Mais s’ils n’en sont pas à leur premier coup d’essai, ce n’en sera, pas plus que les précédents, un coup de maître. Les avocats du ministre se sont en effet saisis de l’affaire et le ou les auteurs et instigateurs de ces basses œuvres finiront bien par être démasqués. Appliquée dans toute sa rigueur, la loi sur la cybercriminalité devrait alors donner à réfléchir par deux fois avant de s’attaquer à des responsables ou à des citoyens sans preuve.
Oui, il est grand temps de sévir. Les réseaux sociaux sont devenus une véritable jungle où règne la loi du plus…. volubile. N’importe qui peut se retrouver jeté, du jour au lendemain, en pâture à l’opinion. Certains en appellent même à la violence. D’autres n’hésitent pas à vilipender l’État et ses symboles. En toute impunité. « Les réseaux sociaux ont donné la parole à des légions qui ne parlaient, avant, qu’au bar », a fait remarquer Umberto Eco, « ils ne causaient aucun tort à la collectivité : on les faisait taire tout de suite. Aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. […] Internet a repris le flambeau du mauvais journalisme. »
Ahmed Ould Cheikh