L’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a passé sa première nuit en prison.Qui l’aurait cru ? L’ancien député de Tawassoul Mohamed Ghoulam qui, comme un devin, avait averti devant l’Assemblée nationale qu’une fois hors du palais, l’ancien président pourrait un jour se retrouver en prison. Et c’est arrivé.
En effet, convoqué hier, mardi 22 juin, par la justice, il a été placé, après audition, sous mandat de dépôt et envoyé en prison. Motif invoqué, la violation des ordonnances le plaçant sous contrôle judiciaire strict et l’obligeant à signer, trois fois par semaine, à la DGSN.
Inculpé depuis le mois mars dernier, l’ancien président est accusé de détournement, de blanchiment d ‘argent, d’obstruction à la justice...Et depuis son inculpation, Ould Abdel Aziz voyait l’étau se serrer autour de sa personne ; il ne pouvait plus sortir de sa maison, ce qui l’a poussé à affirmer sur RFI qu’il est séquestré par le pouvoir, non en résidence surveillée. Aujourd’hui, certains diront qu’Ould Abdel Aziz est tombé dans son propre piège. En effet, depuis qu’il a été inculpé, il a choisi l’offensive en attaquant de front le pouvoir et en promettant même de faire un déballage pouvant compromettre le régime de son successeur Ould Ghazwani. En choisissant d’aller à pied de sa maison à al DGSN, pour se conformer à l’ordonnance l’y contraignant, Ould Abdel Aziz a voulu déporter la bataille dans la rue et y gagner de la sympathie. Pour certains, il n’a pas cessé de provoquer les forces de l’ordre et de sécurité. Face à son attitude –il a refusé de coopérer avec la justice-, Ould Abdel Aziz a choisi la confrontation et récolte aujourd’hui les conséquences de ses actes ; l’ancien président s’est entêté comme s’il surestimait ses capacités de résistance, voire de nuisance.
Pour certains observateurs, la justice s’est efforcée, depuis le début de cette affaire, à respecter toutes les procédures, ce qui d’ailleurs révoltait une grande partie de l’opinion, laquelle suspectait le pouvoir de vouloir ménager l’ancien président. Face à la montée de la tension, elle a décidé de placer l’ancien Rais, l’ancien tout puissant Ould Abdel Aziz en détention préventive. Le Pr. Lô Gourmo Abdoul disait que l’attitude ou le comportement de l’ancien président pourrait amener le juge, après son inculpation à le placer en détention préventive.
Reste maintenant à savoir quelle évolution prendra la procédure. Ould Abdel Aziz n’est pas le seul a avoir été cité et inculpé dans le dossier de la décennie. S’il en est le principal responsable, ses complices de dix ans se la coulent encre belle dans leurs maisons cossues. Une autre injustice que les avocats et proches de l’ancien président peuvent dénoncer.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».