Désormais, les détenteurs de la double nationalité ne pourraient plus briguer aucun poste électif : président de la République, député, conseiller régional ou municipal ; ni même devenir membre du gouvernement ? Fallait-il vraiment faire appel au ministre de la « Justice » pour annoncer une telle iniquité ? Et Mohamed Mahmoud ould Boyé de prétendre qu’avec cette modification du Code de la nationalité, « le pays va mieux bénéficier des compétences de sa diaspora ». En leur interdisant l’accès à la fonction publique ? On va où, là ?
L’article 23 de la précédente loi 2010-019 d’Ould Abdel Aziz avait au moins ce bémol de réserver un délai de cinq ans à telle liberté civique et à celle régalienne de l’État de le lever. Injuste, le nouveau projet de loi n’est ni honorable ni fraternel. Après l’hymne et le drapeau, c’est à notre triptyque national que les militaires ont donc décidé de s’attaquer ? En ses aspects discriminatoires, cette nouvelle mouture est de fait anticonstitutionnelle en plusieurs de ses articles et contrevient brutalement aux multiples conventions et traités internationaux que la Mauritanie a ratifiés.
Au final, les errements des articles 30 et 31 de la loi initiale 1961-112 sont à peine nuancés par l’abandon de la voie décrétale pour conserver la nationalité mauritanienne. La question demeure bel et bien de réguler, non pas d’abord la perte, mais avant tout l’exercice de celle-là, dans le cas où l’onen a acquis une ou plusieurs autres. On pourrait ainsi facilement entendre qu’il ne soit pas possible de briguer le moindre poste électif ni même devenir membre de l’administration de deux différentes nations. Nonobstant, il n’est pas vain de le rappeler, le droit régalien de tout État d’employer qui il veut, quand il veut, au gré d’exceptions qu’il s’octroie. Faudrait-il donc ajouter « Lucidité » à notre devise triangulaire pour lui éviter les affreux contresens d’ambiguïtés manifestement plus diplomatiques que prétendument nationalistes ?
Ahmed ould Cheikh