Kane Ousmane dans la Vallée : Radiation de la concession rurale d’AAAID et nouveau paradigme de politique agricole

22 June, 2021 - 01:02

Une délégation gouvernementale composée du Ministre des Affaires Economiques et de la Promotion des Secteurs Productifs, Kane Ousmane et du Ministre de l’Agriculture, Sidina ould Ahmed Ely, était à Dar El Barka, une commune du département de Boghé, ce week-end.
Une visite au cours de laquelle M. Kane a présidé une réunion en présence des élus, des cadres ressortissants de la commune, de nombreux invités venus des autres localités du Brakna, du Trarza, du Gorgol et  du Guidimakha, mais surtout d’une immense foule, illustrant la forte mobilisation des populations.
S’adressant à l’assistance, Ousmane Kane a indiqué être porteur d’un message « spécifique » du président de la République, Mohamed Cheikh El Ghazouani, aux communautés de Dar El Barka, « celui-ci concerne une convention qui avait été signée en 2015 entre notre pays et l’institution financière AAAID, par laquelle l’Etat lui attribuait 3200 hectares à valoriser. Suite à un travail de vérification, le gouvernement a décidé d’annuler cette convention le 10 mars 2021, estimant qu’elle n’est pas conforme aux intérêts de la partie mauritanienne ».
Debout en rang serré, les communautés de Dar El Barka, Ould Birom et toutes les localités environnantes, ont farouchement combattu cette concession foncière abusive au profit de l’Autorité Arabe pour l’Investissement Agricole (AAAID), au motif que ces terres objets d’accaparement étaient leur unique source de vie depuis la nuit des temps.
Au-delà de ce message « spécifique », le Ministre des Affaires Economiques et de la Promotion des Secteurs Productifs a annoncé la perspective d’une nouvelle politique agricole adossée à une réforme foncière et en a dégagé les enjeux. Ainsi, en conformité avec les instructions du président de la République, le gouvernement va mettre fin à la politique d’accaparement des terres, sources de vives tensions et de graves conflits dans toute la vallée du fleuve Sénégal.
Il s’agit d’une nouvelle approche dont « le principe de base repose désormais sur un partenariat entre l’Etat, puissance régalienne et garante de la mise en œuvre, les communautés qui vivent sur ces terres à valoriser depuis des millénaires et les candidats investisseurs (privés nationaux ou capitaux étrangers) ».
Une adhésion des communautés rendue nécessaire par le principe de la sécurité de l’investissement, car « on ne peut pas investir durablement dans une zone et se retrouver dans l’obligation de se faire accompagner par la police ou la gendarmerie à chaque fois qu’il faut se rendre sur le terrain, aucun investisseur sérieux ne l’accepterait ».
Plusieurs personnalités ont pris la parole après l’exposé de M. Kane pour saluer la décision du gouvernement et l’annonce d’un changement de paradigme dans la politique agricole sur la base d’une nouvelle vision de l’investissement, qui touche tous les secteurs de l’économie, notamment les mines, l’élevage, la pêche…..
Au-delà des conflits récurrents, ce changement de cap est aussi justifié par le flop de l’investissement.
 En effet, les partenaires au développement ont englouti plus de 500 milliards d’anciennes ouguiyas dans l’agriculture depuis 1974, pour un résultat nul. Des ressources initialement destinées à promouvoir le secteur et qui auraient probablement servi à construire de belles demeures à Nouakchott.
La fin des attributions foncières abusives, faites parfois au profit de vulgaires spéculateurs s’essayant au courtage pour trouver de vrais investisseurs, est une question existentielle pour le développement du  secteur agricole, la politique de l’investissement et la stabilité du  pays. Cela au moment où la législation pénale internationale fait de l’accaparement des terres un nouveau crime contre l’humanité.

                                                      Amadou Seck, envoyé spécial