Le nouvel horaire du crime
D'habitude, les programmes des activités quotidiennes changent durant le mois béni du Ramadan. Les horaires de travail du public et du privé suivent ainsi un planning différent durant le jeûne. Le rythme de vie quotidien change en ville comme en campagne : peu d'activité le jour et veille tardive la nuit, parfois tout en son long. Les rues sont pleines de monde dès la fin de la prière de « Taraouh ».
De quoi donc perturber les malfaiteurs habitués à opérer la nuit, dès sa tombée, avec un pic entre trois et cinq heures du matin. Les voilà donc obligés de modifier eux aussi leur planning. Ceux des bandits qui n'ont pas veillé se lancent maintenant à la chasse après sept heures du matin. Ils savent que la grande majorité des gens tombe de sommeil après le « souhour », les autres attendant la fin de la prière de l'aube pour piquer leur roupillon.
Selon les statistiques de la police, les vols et cambriolages commis durant ce mois étaient commis à80%au petit matin. Mais un nouvel horaire se met en place durant ce Ramadan 2021. Juste à l'heure du « f'tour » (coupure du jeûne), au moment où tout le monde est à l'intérieur des maisons et concessions pour boire et manger, les malfrats profitent des rues désertes pour braquer les rares passants ainsi que les boutiquiers isolés. Des dizaines de plaintes et déclarations ont été ainsi déposées à la police depuis le début du Ramadan.
Le quartier« Chayara » de Mellah en sait quelque chose. A.S., 22 ans, y marchait dans une rue, il y a quelques jours vers vingt heures, quand deux types puants à la mine patibulaire l’encadrent soudain. L'un saisit son téléphone, l’autre le poignarde au bras et au dos et les voilà tous deux détalant ! Secouru heureusement à temps, A.S. a pu être sauvé. Dans une autre rue du même quartier, un propriétaire d'une machine de décorticage de grains prépare, seul, son thé, quand un type au visage masqué fait irruption, armé d’une manchette. « Passe-moi l'argent, vite ! », ordonne-t-il en lui mettant la machette au cou. Tremblant de peur, le pauvre homme lui donne toute sa recette de la semaine. Après lui avoir enjoint de se coucher, le truand disparaît. Plusieurs autres personnes ont été braquées ou agressées, les jours passés, dans la même zone au même horaire. Les riverains affirment avoir informé la police de la présence de malfaiteurs consommant des stupéfiants dans une maison du quartier mais « elle a fait la sourde oreille », se plaignent-ils.
Mosy