Depuis feu M'Bareck Ould Bouna Mokhtar, premier chef d'état-major de la République Islamique de Mauritanie, au milieu des années "60" jusqu'en 2021 avec l'exercice du général de division Mohamed Ould Bamba Ould Meguett, l'acuité de cet important poste ne s'était jamais posée aux différents chefs de la magistrature suprême de notre pays. Ainsi de M’Bareck Ould Bouna Moktar, disais-je tantôt en passant par Hamoud Ould Nagi, Moustapha Ould Welaty, Maawiya, Yall Abdoulaye, Ahmedou Ould Abdallah, et enfin jusqu'au départ à la retraite de Moulaye Ould Boukhreiss en 2002, l'objectif recherché par les pouvoirs successifs était de coupler le critère d'ancienneté à celui de l'efficacité, sans pour autant marginaliser la notion oh combien rassurante qu'est la confiance. Cependant ce triptyque à savoir: ancienneté-efficacité-confiance ne suffira pas à labelliser le chef d'état-major modèle, surtout pour un pays comme la Mauritanie, dont la position géographique lui confère par moments des écarts sinueux. Pour mieux se distinguer, il faut à tout chef une valeur intrinsèque le plus souvent inscrite dans ses chromosomes et qu'il n'aura pas justement ingurgitée lors de ses multiples stages dans les différentes académies militaires fréquentées. Ainsi dans le cas de crise endémique (politique, sécuritaire), tel qu'il se passe en Mauritanie, je préfère le savoir-faire d'un Yall Abdoulaye que le savoir-être d'un Jiddou Ould Salek, un intellectuel avisé certes, grand baroudeur mais ayant une vision, quant à l'art de commander, disons... plus verticale qu'olympique; ou encore l'expérience d'un Mohamed Ould Lek’hal sur le terrain, plutôt que les connaissances académiques d'un Ndiaye Ndiawar, d'un Mohamd Znagui Ould SidAhmed Ely …ou d'un Hanene Ould Sidi, actuel ministre de la Défense. Chacun de ces officiers est compétent dans son domaine de prédilection: à certains la préparation intellectuelle en salle de cartes, aux autres de la concrétiser sur le terrain face à l'ennemi, en la transformant cette fois en succès.....Vaste programme...
A/ Le jour où la donne a changé
Le 8 Juin 2003, suite à la mort du colonel Mohamed Lemine Ould Ndiayane, son adjoint, le colonel El Hadi Ould Sedigh lui succéda. Quoi de plus normal? Pourtant la nomination de cet officier artilleur a déclenché un tollé chez ses collègues de la même promotion surtout, mais également, elle a ouvert le prélude à la dévaluation de la fonction de chef d'état-major des Forces Armées et de sécurité. En effet, la kyrielle de chefs d'état-major qui ont succédé au colonel El Hadi Ould Sedigh illustre confortablement cette assertion. Il faut attendre l'arrivée du général de division Mohamed Ould Ghazwani, à la tête de l'institution militaire en 2008, qui demeure au préalable pour nous mauritaniens le dernier rempart au saut vers l'inconnu, pour percevoir un retour aux bonnes décisions. A noter par ailleurs pour la petite histoire que seuls deux officiers ont réellement marqué la fonction d'adjoint au chef d'état-major à savoir Moulaye Ould Boukhreiss avec Yall Abdoulaye et surtout Hanene Ould Sidi avec Ghazwani. Car pour mener à bien sa mission, le chef aura besoin d'un adjoint méticuleux, se portant sur les petits détails de la vie des militaires. Et il est très rare qu'un bon adjoint puisse être un bon chef. Le comble de l'ironie est qu'un bon chef a toujours besoin d'un excellent adjoint. Et que certains officiers sont appelés à être d'excellents adjoints mais jamais de bons chefs. La notion d'excellent chef est "inscrite dans les chromosomes, elle ne s'y imprime pas"....
B/ La "bataille" d'Alger n'aura pas lieu
Toute l'Armée et le malheureux chacal qui se trouve actuellement aux confins de Oualata savent que le général de division Mohamed Ould Bamba Ould Meguett pourrait prévaloir ses droits à la retraite en cette année de 2021, si et seulement si...Dans ce cas de figure son adjoint le général Mokhtar Ould Bollé aura la légitimité de le remplacer. Mais le problème est qu'il y a un autre général plus ancien que Mokhtar, à savoir le général Mohamed Cheikh dit Bourour actuellement à la Garde Nationale qui prétend avoir droit à revenir à l'état-major, étant l'officier le plus ancien au grade le plus élevé, après Meguett et Dah Ould El Mamy de la Douane. Un grand général de division pour qui j'ai beaucoup de respect m'a confirmé qu'au départ éventuel de Meguett, c'est Bourour qui doit redevenir chef des forces armées, "c'est son droit", selon lui. La nomination de Bourour sera-t-elle interprétée comme un clin d'œil à l'égard de l'ancien président Mohamed Ould Abel Aziz? Dans ce cas Mokhtar pourrait aller à la Garde Nationale, ou la Douane et le général Dah Ould El Mamy, une fois à la 2ème section, ira au port autonome de Nouakchott. Que de suppositions ...
Si Bourour devrait revenir pour ainsi chambouler tout l'état-major, pourquoi ne pas laisser alors le général Mohamed Ould Meguett continuer sa mission de rénovation de l'Armée, au moment où notre pays a besoin d'un chef à la vision horizontale, un chef consensuel, franc et sincère. Je constate que beaucoup de jeunes généraux ambitieux (tout à leur honneur pour certains) n'attendent que le départ du très respecté Mohamed Ould Meguett pour venir à la charge, s'ils ne l'ont pas déjà fait. Pour éviter ce "black mic-mac" il suffit pour le chef suprême des forces armées et de sécurité, le président Mohamed Ould Ghazwani de donner un appoint au chef d'état-major de Mauritanie. Pour que désormais tout chef d'état-major passe automatiquement général d'Armée et son adjoint général de corps d'Armée. Ces distinctions ne sont pas des grades, elles sont juste des appellations. Car notre Armée a besoin de stabilité, incarnée alors par un homme expérimenté, parce qu'être un chef d'état-major suppose également exercer une fonction politique. Voilà des critères dont il faut tenir compte d'ici le début de l'année 2022, année qui ouvre sur 2024 autrement à l'élection présidentielle, la période où tous les démons se déchainent....:.
Bonne fête d'El Id El Fitr à tous les mauritaniens.
Ely Ould Krombelé
Paris, France