Une commerçante mauritanienne a porté plainte hier, mardi 4 mai, devant le procureur de la République de Nouakchott ouest, contre des proches de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz. Madame Khadijettou Mint Ahmed Bab Ould Sidi Oumar, commerçante de son état, s’est attaché les services des cabinets de Me Gourmo Lo et de Me Lehbib Ould Chérif pour défendre ses intérêts dans un litige qui l’oppose depuis 2006 à des personnes particulièrement proches de l’ancien président alors qu’il était, à l’époque, à la tête du BASEP, transformé selon le communiqué des avocats en une véritable armée parallèle au service de ses ambitions personnelles. Les avocats, qui tenaient une conférence de presse ce mercredi 6 mai à l’hôtel Atlantic en présence de leur cliente, ont raconté le « calvaire et l’humiliation » qu’ont fait subir à leur cliente, Moulaye Ahmed Ould Moulaye Ely et Tekeyber Mint Ahmed, épouse de l’ancien président et Mohamed Ould Abdel Aziz, accusée d’ « escroquerie » et jetée en prison pendant un mois. Et pour cause, Mint Ahmed Baba Oumar qui effectue des navettes entre la Mauritanie et les pays du Golfe, avait accepté de transporter un colis pour Ould Moulaye Ely à destination d’une agence d’échange, située dans un aéroport de sa destination. Aussitôt sortie de ladite agence, elle se fait rattraper par celui à qui elle venait de remettre le colis ; celui-ci lui raconte que le paquet ne contient rien. Perplexe, elle explique tout ignorer du contenu du colis et le prie de s’adresser à l’expéditeur. Informé, celui-ci attend de pied ferme la dame qui sera cueillie à l’aéroport, et conduite à un commissariat de police pour interrogatoire. Selon ses conseils, elle dit avoir reçu la visite de l’ancienne première dame venue exiger d’elle, la restitution d’un montant de 750 000 Euros. C’est alors qu’elle a compris qu’elle est victime d’une opération de trafic illicite de devises supervisée par l’ancien président de la République. A l’époque, semble-t-il, beaucoup de femmes (des mules) étaient utilisées dans ce genre de trafic. Après pressions, sévices et humiliations à la prison des femmes, durant un mois, elle a été libérée. Elle quitta aussitôt le pays pour se réfugier à l’étranger. Rentrée il y a seulement quelques jours au pays, elle prend son courage à deux mains et décide d’éclairer l’opinion sur l’une des causes probables de l’immense richesse de Mohamed Abdel Aziz qui s’en est publiquement vanté. Elle saisit la justice et entend suivre jusqu’au bout toutes les procédures devant permettre l’ouverture d’une enquête sur des faits graves de trafics illicites de devises dont elle porte témoignage. Les conseils de la commerçantes ont dénoncé à l’occasion de cette rencontre avec la presse ce qui ressemble fort à une véritable entreprise de trafic illicites de devises érigée en système par l’ancien président. Ils se battront pour éclairer l’opinion, diront-ils.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».