Direction des Impôts en Mauritanie : des dysfonctionnements qui freinent l’économie tout entière

4 May, 2021 - 14:29

Dans un contexte de contraction économique liée au Covid-19 où entreprises et particuliers redoublent d’efforts pour surmonter cette crise, il semblerait qu’un nouvel obstacle difficilement surmontable se soit dressé sur leur chemin : la Direction des Impôts en Mauritanie. En effet, les plaintes se succèdent aussi bien de la part de citoyens mauritaniens que d’entreprises et investisseurs étrangers qui font face à un acharnement fiscal de la part de l’autorité. Outre les montants exorbitants dont ils doivent s’acquitter, même en période de récession économique, c’est surtout la lenteur et l’opacité de la part de la Direction des Impôts qui entrave toute tentative de reprise économique.

 

Malgré la crise, 20 milliards MRO de recettes fiscales supplémentaires en 2020

Premier élément qui interroge : l’augmentation des recettes fiscales de l’Etat Mauritanien entre 2019 et 2020. En effet, selon un article récent, l’Etat aurait collecté des recettes avoisinant les 170,8 milliards MRO en 2020 contre seulement 150,7 milliards MRO en 2019 : une augmentation des recettes de 20 milliards MRO dans le contexte de crise épidémique. Une première hypothèse consisterait à penser que cette hausse des recettes fiscales est liée à une bonne performance économique du pays et ce malgré les mesures de restrictions imposées pendant cette période. Les chiffres officiels réfutent irrémédiablement cette hypothèse puisque le pays a été très impacté par la crise : l’économie mauritanienne s’est contractée de 3,2% en 2020, contre une croissance de 6,3% anticipée avant la crise.

Dès lors, il convient d’explorer d’autres explications à cette hausse des recettes fiscale en période de récession : celle d’une fiscalité abusive et d’un acharnement de la Direction des Impôts. Cette fois-ci, de nombreux témoignages corroborent cette hypothèse, issus aussi bien de citoyens que d’entreprises mauritaniennes et étrangères. Il semblerait en effet que les autorités, par le biais de leur Directrice Générale des impôts, soient à l’origine de ces dysfonctionnements en allant parfois jusqu’à faire preuve de ce que certains investisseurs anonymes décrivent comme du « harcèlement fiscal ». En exploitant la force de nuisance que les autorités ont à l’égard d’entreprises et investisseurs étrangers, ces derniers subissent en effet une forte pression et s’acquittent de sommes fiscales en augmentation constante.

 

Les autorités mauritaniennes tirent un bénéfice personnel de plus de 10% de leurs contrôles fiscaux

Cette tendance s’explique en grande partie par le fait que les autorités tirent un bénéfice personnel de leurs contrôles fiscaux, et ce à un taux estimé entre 10 et 13 % des résultats : une telle pratique est extrêmement dangereuse car elle encourage une fiscalité abusive et pourrait nuire à terme à la présence de tout investisseur étranger. En effet, là où les citoyens mauritaniens sont contraints de subir ce fléau tant bien que mal, les entreprises étrangères pourraient en revanche être tentées d’aller chercher ailleurs des conditions plus avantageuses et surtout plus transparentes pour établir leur activité. Un départ des compagnies étrangères vers d’autres horizons impacterait grandement l’économie mauritanienne, à tel point que le redressement serait long.

Il est dès lors urgent pour l’Etat mauritanien de prendre les dispositions adéquates et ce en vue de réformer son système fiscal pour le rendre plus juste et plus transparent. Nombreux sont ceux qui appellent également à la démission de la Directrice Générale des impôts qui, selon certains journalistes, plombe dangereusement le système administratif et fiscal du pays. Tantôt accusée d’absentéisme à son poste, tantôt pointée du doigt pour abus de pouvoir, cette dernière semble en effet cristalliser la plupart des critiques : son départ semble aujourd’hui un préalable à tout règlement durable de cette situation.

A l’heure où citoyens mauritaniens et entreprises étrangères semblent confrontés à un même problème, il est temps pour l’Etat d’agir avant que la situation ne dégénère.

                                                                     Ben Abdalla