Interdiction des importations agricoles : Le gouvernement fait machine arrière
Finalement, le gouvernement a lâché du lest face à la levée de boucliers suscitée par sa décision de réduire diverses importations agricoles, comme les carottes et les tomates en provenance du Maroc, en la rendant désormais nulle et non avenue. La mesure protectionniste n'aura finalement pas fait long feu. « Toutes les mesures de protection prises dans le but de protéger le produit national de légumes sont annulées. Par conséquent, je vous demande de suspendre l’exécution des mesures susmentionnées », indiquait la ministre du Commerce le jeudi 8 Avril, dans une correspondance adressée à son homologue des Finances.
Le 31 Mars, le ministère mauritanien du Commerce et du tourisme avait décrété la suspension de l’importation de carottes et de n'autoriser l'importation que de deux camions de tomates par jour, chacun transportant trente tonnes depuis le Maroc. Une décision « motivée par la volonté d’encourager le produit national ». Mais la dépendance de la Mauritanie en légumes importés depuis le Maroc est en effet telle que cette limitation allait rapidement se traduire par des pénuries et donc inéluctablement par une hausse des prix des légumes durant le mois de Ramadan. Malgré l’absence de statistiques, il est clair dans l’esprit de tous que les besoins du marché mauritanien sont très largement supérieurs à la production locale.
Le wali du Trarza, Moulaye Brahim ould Moulaye Brahim, avait cependant déclaré que la « Ferme de l’armée » serait en mesure de produire plus de mille tonnes de légumes divers, augmentant ainsi l’offre nationale au cours du mois béni de Ramadan. L’annonce faisait suite une visite effectuée, à la ferme de l’armée, près du village de Garack, en compagnie du chef d’état-major général des armées, y écoutant une présentation de cette ferme-pilote où sont cultivés divers légumes et du riz, en vue de contribuer à l’autosuffisance alimentaire nationale.
Le wali ajoutait que l'état-major général des armées allait mettre en œuvre des programmes importants et ambitieux en vue d’accroître les zones cultivées avec des moyens modernes. Le colonel Sidibé Samba, directeur du Génie militaire, signalait pour sa part que la ferme avait été réalisée sur instructions dudit état-major. Et de préciser que plus de trois cents hectares étaient aménagés, dont plus de cent consacrés aux légumes et au riz. Outre les plus de mille tonnes susdites de divers légumes de haute qualité, il annonçait également la livraison prochaine de près de quatre cents tonnes de riz, avant de conclure en avançant que le Génie militaire augmenterait les superficies cultivées afin de « contribuer largement à l’autosuffisance alimentaire au niveau national ».
Ould Abdel Aziz dézingue Ghazwani et ses « opposants »
Ironie de l’histoire ! Ould Abdel Aziz vient d’adhérer au parti d’un de ses anciens prisonniers. Et invite les Mauritaniens à le suivre. L’ex-président mauritanien a en effet appelé ses concitoyens à se fédérer autour du parti « Ribat pour les Droits et le Renforcement des Générations » et ses partisans à l’y rejoindre, afin de « continuer l’œuvre entamée » pendant ses onze années au pouvoir.
Pour sa première sortie publique après sa mise en examen et son placement sous contrôle judiciaire, le 13 Mars dernier, dans les affaires de malversations et de détournements de fonds publics durant son règne, l’ancien chef de l’État affûte ses armes. L’ancien homme fort entend poursuivre son projet de construction d’une « Mauritanie nouvelle » et en profite pour s’attaquer à l’opposition et à la « soi-disant majorité » auxquelles il impute la responsabilité des maux du pays.
Dans une longue lettre adressée mercredi au peuple mauritanien, Ould Abdel Aziz estime que le pouvoir de son successeur Ould Ghazwani est entaché de « corruption, clientélisme et népotisme ». Et de s’inquiéter de « l’unité nationale menacée », ainsi que du « recul dans la démocratie et dans les libertés individuelles et collectives ». L’ex-Président souligne aussi ce qu’il qualifie de « tâtonnement et d'absence de stratégie claire » dans la lutte contre la pandémie COVID-19, avant de dénoncer hardiment la hausse vertigineuse des prix des produits de base et des denrées alimentaires qui constitue, gémit l’étonnant milliardaire, « un lourd fardeau sur les pauvres et les plus vulnérables ».