L’ONG Maurisanté a procédé, vendredi et samedi, en prélude au lancement lundi 29 mars de la campagne d’introduction du vaccin contre le cancer du col de l’utérus, à un briefing de journalistes et d’imams. Ils devront servir de relais en délivrant des messages clés pour susciter une large adhésion des populations à ladite campagne.
Selon Mme Lalla Fall, chargé de programmes à Maurisanté, les relevés épidémiologiques des cancers en Mauritanie montrent que les cancers les plus fréquents tous sexes confondus sont le cancer du sein (18%), le cancer du col de l’utérus (11%), et les cancers de la peau (9%) ;
Chez les femmes, ce sont les cancers du sein (37%), du Col de l’utérus (22,8%), de l’endomètre (7%), de l’ovaire et de la peau qui prédominent . ‘’Pourtant, le cancer du col de l’utérus est, assure Mme Fall, une maladie potentiellement évitable, notamment par la vaccination contre son agent pathogène : le HPV’’. Les autorités projettent de procéder à l’intégration de la vaccination dans une stratégie globale de la prévention du cancer de col de l’utérus avec offre de programmes de dépistage et traitement du pré-cancer et cancer chez les femmes adultes.
Ainsi, la Mauritanie rejoindra plus de 100 pays dans le monde qui fournissent le vaccin contre le HPV aux adolescentes dans le cadre de leurs programmes nationaux de vaccination.
Relativement à la pertinence et au processus d’introduction du vaccin, Mme Fall a indiqué que la Mauritanie avait soumissionné en 2017 pour une introduction en deux phases: en 2018 dans cinq Wilayas du pays et en 2020 les 10 autres wilayas. Il avait été procédé à la reprogrammation de l’introduction pour Novembre 2020. En raison de la première vague de la pandémie COVID-19, il avait été procédé à un report.
La Mauritanie avait acquis 197.600 doses de vaccin en juin-juillet 2019 dont 20.910 périment en juillet prochain. Une mobilisation de 17. 766.252 MRU pour les coûts opérationnels de la vaccination avait été enregistrée.
Le risque de péremption des vaccins et la reprise des écoles où sera vacciné la majorité des filles ciblées rendent impérative cette introduction
Le Groupe cible de filles de 9 à 14 ans qui est nouveau pour le programme de vaccination.
La 1ère dose sera administrée en Mars 2021 et en Novembre 2021 pour la 2ème dose Les agents de santé organiseront des séances de vaccination dans les écoles et les communautés à partir du 29 Mars 2021 pour administrer la première dose de vaccin contre le HPV.
Contraintes
La coïncidence de l’introduction du vaccin avec la pandémie et la vaccination anti-COVID ne sont pas sans poser de problème. Aussi, il y a la nécessité d’une mobilisation sociale soutenue évaluée à 6. 330. 000 MRU non supportée par GAVI. Autre contrainte, l’absence de plateforme de services de santé pour accéder à cette cible; surtout difficulté d’atteinte des filles cibles non scolarisées et besoin de développer des stratégies communautaires pour pallier à cela.
Mme Fall a évoqué aussi la prévention d’un cancer affectant l’appareil de reproduction féminin, relevant du registre sexuel au moment où les filles ciblées ne devraient pas être sexuellement actives. Elle s’est appesantie sur les rumeurs de stérilisation, comme cela a été le cas avec le VAT visant les cibles similaires ou documenté dans plusieurs pays lors de son introduction. Elle a fait part du doute au sein des populations quant aux effets du vaccin (MAPI, voire impact sur la fécondité) malgré un solide profil de sécurité et de la campagne adverse menée dans les réseaux sociaux.
Sans l’ombre d’un doute, Mme Fall a réaffirmé que ‘’les vaccins contre le HPV sont très sûrs et n'affectent pas la capacité des filles à procréer’’.