Ould Abdel Aziz inculpé et placé sous contrôle judiciaire poussé
C’est inédit ! L’ancien dirigeant n’ira peut-être pas en prison, mais la justice veut des réponses sur ses années de pouvoir. Une première en Mauritanie et une exception en Afrique. Mohamed Ould Abdel Aziz est cité dans un rapport de huit cents pages de la Commission d’Enquête Parlementaire (CEP) qui révèle, entre autres soupçons, des passations irrégulières de marchés publics et la mauvaise gestion du foncier à Nouakchott, ainsi que de diverses sociétés nationales.
L’enquête financière parallèle a permis de découvrir, geler et saisir des biens constitués de sociétés, usines, immeubles et appartements, parcs de véhicules et autres comptes en banques. Quarante-et- un milliards d’anciennes ouguiyas, dont plus de vingt-neuf milliards versus Mohamed ould Abdel Aziz, neuf milliards chez son beau-fils Mohamed ould M’sabou et 2.7 milliards du côté de l’ex-directeur général d’une société publique. Et Ould Abdel Aziz toujours à se targuer de son immunité d'ancien Président en dépit des révélations de la CEP. Combien de temps restera-t-il muet ?
L’opinion ne comprend pas les « deux poids, deux mesures » de la justice. Les bouffeurs de milliards ne font qu’un tour au Parquet et rentrent chez eux escortés de bolides de luxe issus du pillage des caisses de l’État. Alors que les pickpockets et autres chapardeurs de bonbonnes de gaz écopent de cinq ans de détention, après de longues détentions préventives.
L’inculpation et le placement sous contrôle judiciaire de Mohamed ould Abdel Aziz et de douze autres personnalités, ex-Premiers ministres, ex-ministres et proches familiaux « ouvrent les voies judiciaires permettant à la collectivité nationale de recouvrer ses biens et avoirs, frauduleusement dissipés, et de sanctionner les auteurs d’infractions gravissimes dûment constatés », déclare le collectif des avocats de l’État dans un communiqué rendu public vendredi après-midi.
« Les accusations énumérées par le procureur général », dénonce pour sa part l’avocat Mohameden ould Ichiddou, coordinateur de la défense de l’ex-Président, « sont des poursuites politiques et malveillantes par excellence, tressées et préparés dans les cuisines et les couloirs de la politique et du renseignement, sur arrière-fond de référence à l’UPR ». Et de charger ledit procureur d’avoir ainsi « impliqué le pouvoir judiciaire, afin de discréditer le président Mohamed ould Abdel Aziz, ses compagnons et son pacte patriotique progressiste et de l’empêcher de pratiquer la politique. « […] la réputation du pouvoir judiciaire est ternie, cette affaire n’est fondée sur aucune branche de la loi ou faits réels »
Deux nouvelles licences radio et télé
La HAPA a lancé un appel à propositions pour deux nouvelles licences (radio et télé). Cela peut surprendre. Dans un contexte de morosité générale et de crise économique suite à la pandémie Covid, on n’en voit guère le besoin. Sinon de réparer une injustice criante et de permettre aux communautés jusque là marginalisées de bénéficier elles aussi de leurs canaux d’informations.
Durant la décennie Ould Abdel Aziz, les dossiers en béton de deux professionnels de la communication : Diagana Abdoulaye (Radio Kassataya) et de Kane Hamidou Baba (groupe Jaam Jaamm) furent rejetés pour des raisons obscures et futiles. La diversité culturelle et le raffermissement de l’unité nationale, critères essentiels d’une nation, furent ainsi piétinés. Quant à ceux qui acquirent licence, des étrangers au secteur de la communication mais disposant de manne financière et espérant en faire profit, ils déchantèrent vite. Pourtant les manquements graves et à la pelle (journalistes et animateurs non payés, défaillances de grilles de programme…) aux cahiers de charges ne poussèrent pas la HAPA à leur retirer la licence.