Mauritanie : Aziz et plusieurs hauts fonctionnaires sous contrôle judiciaire

11 March, 2021 - 14:22

Mohamed ould Abdel Aziz, des anciens premiers ministres, ministres et hommes d’affaires membres de son entourage familial,  sont « impliqués dans des faits criminels réprimés par la loi », selon un communiqué du parquet du tribunal de Nouakchott-ouest.
Le document annonce la transmission au pole économique du parquet anti-corruption prés le tribunal de Nouakchott  « d’un procès d’enquête préliminaire et d’enquête financière parallèle, ouverte sur des faits objets d’un rapport établi par une Commission d’Enquête Parlementaire (CEP) ».
Les différentes opérations d’investigations se sont matérialisées «par la recherche, le rassemblement, l’étude  et l’exploitation de milliers de documents, l’interpellation, l’audition et la confrontation de dizaines de personnes à Nouakchott, Nouadhibou, dans le Trarza et l’Inchiri.
Une importante quantité de renseignements a été recueillie auprès d’institutions officielles, d’études d’officiers ministériels et d’établissements privés ».
Ainsi, l’enquête préliminaire « a révélé l’implication d’anciens hauts fonctionnaires, des hommes d’affaires et d’autres personnes, dans des faits criminels réprimés par les lois en vigueur. D’autres anciens responsables ont participé à la commission des faits incriminés ou les ont facilités ».
Par ailleurs, certaines personnes faisant l’objet de cette enquête préliminaire « ont tenté d’entraver  le cours de la justice  et refusé de coopérer avec les enquêteurs» selon le communiqué.
Dans le même temps, « l’enquête financière parallèle a permis de découvrir, saisir et geler des biens mobiliers et immobiliers accumulés, fruits de plusieurs crimes commis au préjudice de la société » ajoute le document.

Détaillant la nature des biens saisis, le communiqué cite « des sociétés dans divers domaines d’activités, des usines, des immeubles et appartements, des montants liquides planqués dans des banques, évalués sommairement à plus de 41 milliards d’anciennes ouguiyas, dont plus de 29 milliards de MRO revenant à un suspect, 9 milliards appartenant qui se trouve être le beau-fils du principal suspect, alors que 2,7 milliards de MRO ont été saisis sur un ancien Directeur Général d’une société nationale».
Le communiqué de la police fournit la liste détaillée des personnes impliquées dans cette affaire inédite par rapport au parcours de la gouvernance en  Mauritanie.
1-Mohamed ould Abdel Aziz
2-Yahya ould Hademine
3-Mohamed Salem ould Béchir
4-Mohamed Abdallah ould Oudaa
5-Taleb ould Abdi Vall
6-Hacenna ould Ely
7-Moctar ould Diaye
8-Mohamed Salem ould Brahim Vall
9-Mohamed ould Daf
10-Mohamed ould Msabou
11-Mohamed ould Boubatt
12-Mohamed Lemine ould Aloukatt
13-Mouhyidine ould Ahmed Saleck ould Bouh.
La qualification des faits reprochés à ces individus portent sur « la dissipation de biens publics, perception d’avantages matériels indus auprès d’une institution publique, implication dans actes commerciaux incompatibles avec la qualité de fonctionnaires en recevant et en acceptant des intérêts tirés de contrats et adjudications. Octroi d’avantages indus dans des marchés publics, trafic d’influence, abus de fonctions, enrichissement illicite, recel de produits tirés d’un crime, entrave au fonctionnement de la justice, blanchiment d’argent : faits prévus et punis par les articles 164,165, 169, 379 du Code Pénal (CP)  et les articles 6,10,13, 14,16,17 et 18 de la loi relative à la lutte contre la corruption ».