Suite à l’interpellation et au placement en garde à vue de Messieurs Abdel Baghy Ahmed Bouha et Mohamed Limam Ould Benna, dans le cadre de l’«affaire NBM », nous tenons, en tant que leurs conseils, sans toutefois nous départir de l’obligation de confidentialité, à donner à l’opinion publique, les éléments d’information ci-après. En 2019, M. Abdel Baghy et M. Ould Benna, actionnaires et administrateurs de la Nouvelle Banque de Mauritanie (NBM) avaient fait l’objet d’une poursuite de la Banque Centrale par notification au parquet demandant qu’ils soient interdits de quitter le territoire national, sans qu’aucun chef d’accusation ne leur ait été, curieusement, jamais indiqué à ce jour. Leurs passeports furent saisis, puis rendus puis saisis à nouveau… sans la moindre explication à chaque fois. Après de longues discussions et sur la base des clarifications apportées alors par les anciens administrateurs, la Banque centrale décida de réviser sa position à leur endroit concernant la nature et l’ampleur des difficultés de la NBM. Elle conclut avec eux un accord de redressement visant à soutenir financièrement la banque, à améliorer son mode de gestion et à redresser son image, dans le cadre d’un programme établi pour une durée d’un an. Ce programme de redressement intérimaire imposait le désengagement des anciens administrateurs de la gestion courante de l’établissement, le maintien de M. Abdel Baghy comme PDG et la nomination de l’ancien Directeur de la Supervision bancaire de la BCM (sic) comme nouveau DG de la NBM. Avant l’expiration du terme de l’accord et évaluation de ce plan de redressement, les responsables de la Banque centrale ont exigé des actionnaires, de manière insolite, un engagement devant notaire, de vendre leurs actions à tout acheteur que la BCM leur présenterait… Moins d’un mois après la signature de cet engagement, la direction de la Banque Centrale leur indiqua être « en relations avancées » avec des personnes présentées comme étant « des investisseurs immobiliers canadiens disposant de moyens financiers et d’une expérience bancaire suffisants pour restaurer le crédit à la banque ». Malgré les informations recueillies par les actionnaires et parues dans la presse nationale et internationale sur ces personnes et leur entreprise (Westbridge Mortgage Reit) et les mises en garde sur une expérience similaire ratée par ces mêmes « investisseurs » en Côte d’Ivoire - avec de forts relents d’escroquerie contre le système bancaire ivoirien-, la direction de la Banque centrale a elle-même négocié avec eux et a finalement imposé que les actionnaires signent, sous sa dictée, le contrat de cession de la NBM avec ces prétendus « investisseurs ». La Banque NBM fut ainsi intégralement cédée depuis le mois de mai 2020 aux acheteurs à un prix symbolique de 1 ouguiya ! En contrepartie, les acquéreurs prenaient en charge tout le passif de la Banque et l’ensemble des engagements des vendeurs auprès d'elle, s’obligeant pour se faire, à verser dans ses caisses un montant de 29 millions de dollars pour couvrir tous les déficits et l’entièreté de ses besoins en matière de financement, suivant l’évaluation, les modalités et les délais de payement négociés exclusivement et directement entre les canadiens et la Banque centrale elle-même. Au plus tard le 31 décembre, la totalité de ce montant devait être versé suivant un échéancier dûment consigné dans le contrat. L’ancien directeur de la supervision bancaire de la BCM fut reconduit dans ses fonctions par les acheteurs qui prirent effectivement possession de la banque dès le mois de mai 2020. Tout naturellement, la direction de la Banque centrale a immédiatement donné son approbation formelle à la convention d’achat qu'elle a parrainée et pilotée de bout en bout, des mois durant. Très vite, la réalité éclata au grand jour, malgré l’obstination inexplicable des dirigeants de la banque centrale à chercher à l’occulter ou à ne pas en tenir compte. Pourtant les mises en garde et les alertes furent nombreuses et insistantes sur le non-respect systématique des engagements de la part des acheteurs et les mauvaises pratiques y compris de dilapidation des biens de la banque et de dévalorisation de ses actifs. Connivence ou naïveté ? La direction de la BCM doit donner les raisons de sa complaisance caractérisée à l' égard de personnes qui se sont emparés, avec son aval et sous ses yeux, d'un établissement bancaire mauritanien, sans coup férir et sans payer un sou, pendant presque une année entière. A ce jour, en effet, les acheteurs de la NBM sont entrés en possession de la banque sans remettre un seul dollar sur les 29 millions stipulés à leur charge dans le contrat. Ils continuent à gérer l’établissement sans autres organe d’administration ou de direction que celui qu’ils ont désigné avec l’aval, si ce n’est à l’initiative, de la BCM dont les dirigeants répondaient aux anciens actionnaires venus leur dénoncer cette situation : « vous n’êtes plus responsables de ce qui se passe dans cette banque ; ce n’est plus votre affaire, c’est la nôtre exclusivement » ! Il y a un mois, devant l’impasse provoquée par cet inexplicable état de fait, la banque centrale a présenté, soudainement aux vendeurs, un projet de lettre les pressant de « la signer sans avenant et à remettre directement aux acheteurs canadiens » pour annoncer la résiliation du contrat de vente et d’achat de la banque. Ce projet faisait référence à de mystérieuses lettres échangées par la Banque centrale avec les acheteurs et qui n’ont jamais été portées, ni près ni de loin, à la connaissance des actionnaires précédents. Ces derniers, en toute logique, refusèrent de signer la lettre de résiliation sans connaître la teneur des lettres échangées auxquelles se referait le projet, et avant de faire un bilan contradictoire complet de la gestion de la banque, plusieurs mois durant par les acquéreurs. Ainsi, au lieu de se préoccuper de clarifier la situation qui résulte de ce qui semble être un véritable hold-up commis par de soi-disants investisseurs canadiens agissant au grand jour, probablement avec des complicités (que le justice aura à déterminer ), la direction de la banque centrale a finalement abattu l’épée de Damoclès qu’elle brandissait au-dessus de la tête des anciens propriétaires pour leur forcer la main, à chaque fois qu’elle en éprouvait le besoin, en abusant de sa position d'institution publique. Aujourd’hui, il s’agit de voir la réalité en face et non de la contourner ou de la déformer : c’est la direction de la banque centrale qui a littéralement « offert » la NBM à des investisseurs étrangers fictifs ( pour quel motif ?) et qui veut détourner l’attention de l’opinion sur cet énorme scandale bancaire sans précédent, en faisant des anciens actionnaires de simples boucs émissaires sans importance et jetés en pâture à l’opinion. Tous les faits et actes évoqués ci-dessus sont dûment établis et seront présentés au moment opportun devant les juridictions compétentes et l'opinion publique nationale et internationale pour toutes les fins de droit et de morale publique.
Maîtres Yarba Ould Ahmed Saleh et Lo Gourmo Abdoul