Psychose du rapt
Les années 2007 et 2008 connurent nombre de rumeurs sur le rapt d’enfants. Un véritable climat de terreur et psychose, surtout parmi les parents. On parlait de commanditaires lointains qui engageaient des personnes insoupçonnables contre grosses sommes d'argent. Et de montrer du doigt des femmes de l'Azawad accusées à telle enseigne. Plusieurs d'entre elles furent lynchées par des foules en colère. Un pauvre mendiant qui distribuait des bonbons aux enfants avait frôlé la mort, n'eût été l'intervention de sages personnes. Il avait ainsi hélé un groupe de bambins qui jouaient dans une ruelle. Leurs mamans avaient remarqué la scène et alerté le quartier. Le pauvre homme fut aussitôt entouré par une foule en furie. « Te voilà pris, salopard ! », hurlait-elle, frappant à tout-va, avant de le remettre à la police en fort piteux état. Un vieil homme qui passait par une rue d'El Mina demanda à des enfants des renseignements sur la mosquée du quartier. Il passa lui aussi un bien mauvais quart d'heure, ne devant son salut qu’à un garde de passage qui l’escorta jusqu’à un taxi... Rebelote ces jours-ci après de nouvelles disparitions. Il y a quelque, Hawa, une fillette de huit ans, se rend en la boutique voisine de ses parents au quartier Basra et n’en est toujours pas revenue. Parents et autorités joignent leurs efforts à la retrouver. Le cas de Khady Touré hante toujours les esprits. En 2013 dans le même quartier, cette pauvre fillette âgée elle aussi de huit ans avait été kidnappée, violée et tuée par un sadique maçon voisin de ses parents...
2021. Aïssatou Diallo, une jeune guinéenne, quitte son lieu de travail au quartier Bana blanc de Tevragh Zeïna pour rentrer chez elle à Cité-plage. C’est au carrefour BMD qu’on la voit pour la dernière fois monter dans un véhicule – un taxi, semble-t-il – et depuis, plus de nouvelles ! Un taximan suspect a été interrogé au commissariat Tevragh Zeïna1 puis relâché faute de preuve. Jeudi 18 Février vers une heure du matin, une patrouille de la Garde tombe sur un jeune garçon de cinq ans enchaîné aux mains qui traîne dans une rue. Il déclare avoir réussi à échapper des griffes d'une bande qui l'aurait enlevé. Mais les investigations du commissariat El Mina 1 où l’ont conduit les gardes vont prouver le mensonge. Il s'agit d'un jeune élève de mahadra adepte de l'école buissonnière. Après de nombreuses fuites, son père a fourni à son professeur une chaîne avec mission de la passer un moment aux mains du gamin pour lui faire peur. Et celui-ci de profiter du sommeil de son maître pour déguerpir…
Le 15 Février, la famille de la jeune R.M.L. âgée de dix-sept ans publie sur les réseaux sociaux un communiqué faisant état de la disparition de leur fille mineure. La police ouvre une enquête et interroge des amies et proches. Mais voici que la jeune fille se présente, quelques jours plus tard, dans un poste du GGSR à Teyaret et affirme avoir été l'objet d'enlèvement et viol par une bande de malfaiteurs ! La police arrête alors un jeune homme appelé Brahim. Celui-ci avoue être l'amant de R.M.L. qui l'a accompagnée« de son plein gré », dit-il, au domicile de sa tante à Teyaret. Les analyses médicales ont attesté que la jeune fille n'a subi ni viol ni violence. Le Parquet a cependant ordonné sa garde-à-vue pour déclaration mensongère, ainsi que celle de Brahim pour détournement et séquestration de mineure. Et voilà comment, imbriqués de bric et de broc les uns dans les autres, tous ces faits ont relancé un véritable climat de psychose dans la ville. Tout le monde est inquiet pour ses enfants ; surtout pour les jeunes filles.
Mosy