L’Association pour la Renaissance du Pulaar en Mauritanie (ARPRIM) a célébré ce dimanche 21 février, dans les locaux de son siège social, à la SOCOGIM PS, la journée internationale de la langue maternelle, sous le thème : « Promouvoir le multilinguisme pour l’inclusion dans l’éducation et la société ».
Dans un mot qu’il a prononcé à cette occasion, le président de l’ARPRIM a souligné la pertinence du thème de cette année dans un monde où les systèmes éducatifs ont été perturbés par la pandémie de la crise de la COVID-19, affectant particulièrement les enfants privés de l’utilisation de leur langue maternelle à l’école.
M. Bâ a rappelé que l’UNESCO recommande, depuis 1953 l’enseignement en langue maternelle au primaire. Invoquant diverses expériences dans le monde, le président de l’ARPRIM a indiqué que l’UNESCO considère que le « multilinguisme pour l’inclusion dans l’éducation et la société » passe nécessairement par un enseignement basé sur la langue maternelle dès la petite enfance, la protection de l’éducation de la petite enfance est le fondement de l’apprentissage ».
En effet, poursuit le président Bâ, différentes études de cas et d’expériences menées à travers le monde ont montré que l’éducation bilingue fondée sur la langue maternelle améliore notablement les résultats d’apprentissage des élèves issus de communautés bilingues. Les enfants apprennent mieux dans leur langue maternelle avant d’ajouter: «L’expérience réalisée en Mauritanie entre 1979 et 80 à travers l’Institut des langues nationales et l’évaluation qui en est faite par le BREIDA et le ministère de l’éducation nationale sont arrivées à la même conclusion. C’est pourquoi, renseigne-t-il, ARPRIM, (Pulaar), AMPLCS (Soninké) et APROLAO (Ouolof) se battent pour l’officialisation de ces langues nationales car sans cela, il est pratiquement impossible d’atteindre l’objectif de «l’Education pour tous » fixé par l’UNESCO.» L’enseignement des langues maternelles est donc un facteur de sauvegarde des cultures en danger et fournit à chaque individu, le moyen de d’affirmer, de développer et de perfectionner sa personnalité, a précisé M. Bâ
Tout en soulignant des signes forts notés en 2020, avec l’usage des langues nationales au Parlement, et leur introduction au niveau de l’ école nationale d’administration, du journalisme et de la magistrature (ENAJM), les trois associations, conscientes que la « mondialisation et les idéaux démocratiques suggèrent que les élèves doivent maîtriser couramment, outre leurs langues maternelles en premier lieu, des langues internationales et régionales pour avoir accès à une société plus large et participer d’une manière pertinente au monde dans lequel ils vivent », réclament l’officialisation de toutes les langues nationales et leur introduction dans le système éducatif.
Prenant la parole ensuite, le Pr. de langue Dr. Dia Alassane, ancien chef département des langues à l’Université de Nouakchott également président de TPMN a dénoncé l’absence de volonté politique pour l’officialisation et l’introduction des autres langues nationales dans le système éducatif en vue de garantir l’égalité des chances et la justice entre les enfants mauritaniens. C’est un système qui exclut des mauritaniens, a-t-il martelé.
Au cours de cette cérémonie, l’ARPRIM a organisé une exposition de manuels en langue Pularr, dont la littérature se développe, procédé à l’installation de clavier en Pulaar sur les téléphones portables et les ordinateurs de ceux qui le souhaitent. Ce fut ensuite l’occasion pour le nombreux public d’écouter le plaidoyer de l’ARPRIM mais aussi des autres associations ; elles ont toutes publié une déclaration commune pour porter leur plaidoyer.
La prévarication et la gabegie ont-elles encore de beaux jours devant elles ? Jusqu’à quand le détournement des deniers publics restera-t-il le sport favori de nos (ir)responsables ? La lutte contre de telles pratiques que tout gouvernement chante à tue-tête ne serait-elle qu’un vain mot ?