Le Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel-Mauritanie (PRAPS-MR) a financé la construction, l’équipement et/ou la réhabilitation de vingt cinq (25) mini-laiteries dans les wilayas du Hodh El Chargui, du Hodh El Gharbi, de l’Assaba, du Brakna, du Gorgol, du Guidimakha et du Trarza. Ces petites unités de transformations laitières, implantées en milieu rural, contribuent aujourd’hui à booster le développement de la filière laitière locale.
En plus d’avoir facilité un meilleur accès au marché pour les éleveurs vulnérables (essentiellement les groupements féminins et les jeunes), ces infrastructures d’un nouveau type sont venues aussi renforcer les capacités de résiliences des populations pastorales pauvres, en permettant aux bénéficiaires, qui sont issus de ménages des pasteurs et d’agropasteurs, de combattre l’insécurité nutritionnelle et d’améliorer leurs revenus...
Construite grâce à un financement du PRAPS Mauritanie, la mini-laiterie de Wompou relevant de la Moughataa de Sélibaby est fonctionnelle depuis septembre 2020. Elle est gérée par un groupement féminin dont les membres sont issus de toutes les communautés locales (Soninkés, Maures et Peulhs). L’essentiel de la production est vendue à Wompou, le chef-lieu de la commune, mais aussi à Arr (commune de la wilaya du Guidimakha) et à Koumbou (Commune de la wilaya du Gorgol).
Au début de l’activité, qui avait coïncidé avec l’hivernage (saison des pluies), la mini-laiterie transformait prés de 100 litres de lait par jour sous forme de sachets de lait concentré et sucré. Durant cette période faste, les femmes de la mini-laiterie de Wompou achetaient le lait à 11, 5 MRU le litre. A la fin décembre, la capacité de transformation a nettement baissé. Elle est comprise entre 13 à 17 litres par jour.
La commercialisation de la production est assurée à tour de rôle par trois (3) groupes de vendeuses, soit 07 femmes par groupe. Avec une production de 300 sachets par jour à raison de 5 et 10 MRU l’unité. Aujourd’hui, elles en obtiennent difficilement 30 à 40 litres. Et le prix a grimpé à 20 MRU. Ce qui commence à faire saliver les fournisseurs de lait qui envisagent d’augmenter le prix du litre de lait.
Vers un diktat des fournisseurs de lait ?
« J’ai l’intention d’augmenter le prix du lait que je vendais à 20 MRU, car le prix du Rackel (aliment de bétail) est reparti à la hausse. Je viens en moto vous livrer le lait, et le prix de l’essence qui coûte ici 60 MRU le litre me revient beaucoup trop cher», explique Thierno Bâ, fournisseur de lait. Son acolyte Mohamedou Amadou Barry, un autre fournisseur de la mini-laiterie, acquiesce ses propos en hochant la tête.
Diarrietou Traoré, trésorière du groupement féminin de Wompou qui gère la mini-laiterie oppose un refus catégorique aux surenchères verbales des deux fournisseurs,« Quitte à faire une pause, jusqu’à ce qu’on trouve du lait moins cher, nous n’achèterons pas le lait à plus de 20 MRU ».
Thierno Bâ qui livre 23 litres de lait par jour à 20 MRU, tire des revenus appréciables estimés à environ 460 MRU par jour payé cash. Ce qui lui permet de subvenir quotidiennement aux dépenses courantes.
«S’ils (les deux fournisseurs) maintiennent leur décision d’augmenter le prix du lait, c’est eux toi qui seront les perdants. Nous n’achèterons plus le lait auprès d’eux», affirme Tevragh Mint Vadel, une chef de ménage divorcée, mère de quatre enfants, membre de la mini-laiterie.
De son propre aveu, Thierno reconnaît : « Avant l’existence de la mini-laiterie de Wompou, je ne vendais pas l’excédent de lait. Le produit était destiné à l’autoconsommation et périssait ». Quant à Mohamedou Amadou Barry, il affirme : « En plus de du lait destiné à ma consommation, une petite partie était vendue sous forme de lait caillé, mais cela rapportait peu en termes de revenus ».