La DGSN sort de sa réserve
Une fois n’est pas coutume, la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) rompt le silence et sort de sa réserve. Peu encline à communiquer sur les faits et gestes de ses brebis galeuses et soucieuse de se protéger de toute allégation de bavures, avait-elle le choix de persévérer dans le mutisme ? Pas si sûr, en cette ère de communication à tout-va. Et d’annoncer donc, par un communiqué, les sanctions prises vendredi à l’encontre d’un policier qui avait giflé un étudiant de l’Institut supérieur de comptabilité et gestion des entreprises.
C’est une vidéo, précise le texte, qui a permis d’établir le comportement inapproprié de l’agent. Toujours selon le communiqué, le policier actuellement aux arrêts a dit, pour sa défense, qu’il avait réagi aux propos désobligeants prononcés à son endroit et à celui, plus généralement, de son corps, invectives renouvelées tout au long des journées de manifestation. La DGSN a également évoqué les heurts entre policiers et contestataires, affrontements largement dénoncés sur les réseaux sociaux, accusant les forces de l’ordre d’avoir recouru à une force excessive contre ces personnes et de les avoir torturées.
La direction générale a donné davantage de précisions sur diverses autres séquences vidéo « afin de lever des confusions et relater la réalité des faits ».Ainsi l’affaire aux environs de l’auberge « Terjitt » : selon la DGSN, des agents de police se sont dirigés, le 29 Janvier, vers ladite zone, après avoir localisé à proximité une bande de malfaiteurs coupables d’un vol au Ksar, avec usage d’armes blanches. Après avoir encerclé le véhicule des bandits, les policiers ont été contraints de faire usage de la force pour les neutraliser. Et le communiqué de souligner que les truands étaient sous l’emprise de produits psychotropes.
Le communiqué commente par ailleurs une autre photo publiée dans les media à preuve de « tortures ». Or le « torturé » en question, informe la DGSN, est un agent du commissariat spécial du PK 75 (Tiris Zemmour). Convoqué devant le conseil de discipline, il aurait brisé, au cours de son transfert, la vitre du véhicule de la police qui le transportait, se blessant à la jambe, avant de prendre la fuite et de se rendre, en tenue, dans le centre de santé d’où il a posté sa vidéo de treize minutes. C’est dans l’espoir de se laver à grande eau des accusations formulées à son encontre qu’il aurait chargé ses supérieurs de tortures, obligeant ceux-là à démentir celles-ci…
Population carcérale : des chiffres effarants
Selon les chiffres fournis par le directeur des Affaires pénales et de l’administration pénitentiaire, Moulaye Abdallahi ould Baba, 2023 personnes sont dans les liens de la détention en Mauritanie. Elles sont réparties sur 23 établissements pénitentiaires, dont trois fondés en urgence pour diminuer la pression sur les prisons existantes.
À Nouakchott, on en compte quatre : celle de Dar Naïm, d’une capacité initiale de 350 prisonniers et qui en abrite aujourd’hui 635 ; celle dite « centrale », d’une capacité initiale de 150, actuellement 94 ; celle des femmes à Arafat, capacité initiale 40, actuellement 21 ;et celle du Palais, dite aussi « Centre fermé pour enfants en conflit avec la loi », 63 personnes actuellement.
Le reste est distribué entre divers établissements à l'intérieur du pays, avec des capacités d’accueil variant entre 40 et 650 détenus, et une population actuelle variant de 32 à 450 individus, selon les sources de la Direction des affaires pénales et de l’administration pénitentiaire. Signalons que 800 personnes avaient bénéficié de la grâce présidentielle à l'occasion de la Fête nationale et du mois béni de Ramadan. Multirécidivistes, bon nombre d’entre elles ont regagné leur cellule. On signale enfin cinq contaminations confirmées au Covid-19 confirmées, pour la plupart importées.
TM