Une tradition bien établie veut que chaque nouvelle année soit précédée ou accueillie par un rosaire de voeux égrenés à l'intention des proches, des amis et plus rarement de son pays. Je sacrifiés volontiers à cet usage mais en inversant quelque peu l'ordre de priorité.
En raison du danger que représente pour tous le coronavirus, mon premier vœu sera donc que l'année 2021 ait définitivement raison de cette pandémie calamiteuse. Que dans un bref délai notre pays en soit définitivement débarrassé !
Pour cela nous devons prier dans la communion mais aussi et, comme nous le recommande notre religion, mettre à disposition les moyens adéquats à la réalisation de ce voeu. Je souhaite de tout cœur que la priorité soit accordée à la mise sur pied d'une politique judicieuse de santé susceptible d'enrayer la pandémie et plus globalement d'améliorer de manière significative à plus ou moins brève échéance la prise en charge sanitaire de nos populations.
Mon second vœu concernera le dossier d'enquête parlementaire. D'une importance capitale pour traduire dans la réalité le slogan maintes fois réitéré et demeuré sans suite appelant au respect de la chose publique et à la lutte contre la gabegie, ce dossier stagne dans une interminable étape dite préliminaire tandis que les principales personnes qui y sont citées reprennent du service les unes après les autres.
Soulignons à ce niveau que la transmission de ce dossier au juge dépend exclusivement de l'exécutif car le parquet est évidemment soumis aux instructions du gouvernement.
Mon vœu est donc que le dossier soit transmis et que les juridictions se prononcent sur les faits afin que les responsabilités soient définitivement situées.
Que la justice soit enfin rendue au peuple dont les représentants ont pour une fois pris sur eux de mener une enquête historique mettant à nu l'extraordinaire pillage de la richesse nationale.
Mon troisième vœu est que nos dirigeants cessent d'occulter l'avenir. Qu'ils ne se suffisent pas de mesures de rafistolage sans se soucier de résoudre les problèmes à la source.
Le gouvernement, faut-il le rappeler, a pour tâche de gérer le présent tout en anticipant l'avenir. Il est censé conduire simultanément des domaines distincts et évidemment transversaux nécessitant une vision claire traduite dans des programmes à mettre en œuvre sur une période donnée. Or le pays navigue à vue depuis des décennies et continue à le faire creusant chaque jour un peu plus une crise multisectorielle héritée des gouvernements précédents qui se suffisaient de jouer le rôle de pompier et d'imiter l'autruche en se confinant simplement dans le déni.
Ainsi donc le calme apparent, bien trompeur - l'histoire récente de beaucoup de pays prouve s'il en est besoin le caractère mensonger de cette sérénité - leur fait dire que la crise est une vue de certains esprits atteints d'un tropisme propre aux opposants.
Je souhaite cependant que la lucidité prime en 2021 chez les dirigeants pour admettre que le pays traîne une crise profonde aux multiples enjeux dont l'aboutissement est pour le moins incertain.
Evoquons-en certains aspects fondamentaux :
- L'unité nationale, sous-bassement réel d'une paix sociale durable et condition essentielle de l'édification d'une nation apaisée est depuis longtemps mise à mal. Elle mérite de s'y pencher au plus tôt dans un esprit dénué de tout préjugé pour rechercher une solution définitive prenant en compte l'historique de blessures graves encore béantes. Dans cette optique, il conviendra d'adopter une approche globale en mesure de consolider l'unité des différentes composantes nationales.
-Crise économique
En dépit des richesses minières, halieutiques, d'un important cheptel et un potentiel agricole considérable, notre productivité demeure quasiment nulle. Le chômage frappe de plein fouet une population à écrasante majorité jeune tandis que la pauvreté continue de sévir.Il me semble que cette situation est pour le moins dangereuse. Enfin, comme chacun sait, le domaine de l'éducation constitue le fondement essentiel du développement économique et du choix de société que le pays veut réaliser.
Nul besoin de rappeler que ce secteur bat de l'aile depuis des décennies et que des générations entières en ont été des victimes sacrifiées sur l'autel de multiples réformes très mal conçues.
Au plan politique, les textes et les usages en vigueur relatifs à la démocratie ne font pas l'objet d'un consensus entre les protagonistes.
En effet, les fondamentaux de la démocratie (libertés individuelles et collectives, processus électoral transparent et crédible, justice constitutionnelle indépendante etc.) sont loin d'être acquis.
La crise est donc bien là et continue ses dégâts telle une maladie insidieuse.
Le Corona n'est pas une raison convaincante pour la négliger ou la nier.
Des procédures adéquates de discussion de ces questions peuvent être conçues afin qu'elles soient discutées par domaine avec les concernés et séparément sur la base de propositions élaborées par des commissions restreintes d'experts de haut niveau.
Nous ne pouvons continuer impunément à verser dans le déni car la réalité à la dent dure.
Et en définitive, si la volonté politique est présente, les solutions sont à portée de main.
Enfin, je présente mes meilleurs voeux à tous et en particulier aux amis auxquels je souhaite une excellente santé et beaucoup de bonheur en cette année 2021 pour laquelle nous implorons Allah afin que sa bénédiction la couvre.Amine.
Nana Mohamed Laghdaf