Le discours de La Baule a crée un séisme institutionnel chez les nations africaines en induisant une mutation des formes africaines de gouvernement souvent caractérisées par le parti unique. Cette déclaration les a rendues plus résistantes aux aspirations de changement souhaitées par les citoyens ou les acteurs politiques. En effet, le changement devient conditionné par des élections que le prétendant doit gagner, non contre le titulaire, mais contre tout l’appareil de l’Etat que celui-ci a pris le soin de verrouiller.
Faisant sienne cet adage tout occidental que la démocratie est le meilleur des systèmes de gouvernement, le président français invite ses homologues africains le 20 juin 1990, à La Baule, station balnéaire de la côte bretonne, et les invite à développer la démocratie dans leur pays. Il subordonne l'aide française à l'introduction du multipartisme, déclarant à ses hôtes: « La France liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté ».
François Mitterrand semble convaincu de pouvoir exporter la démocratie parlementaire à l'européenne en Afrique, où les règles de droit sont encore balbutiantes et où les enjeux politiques se résument (selon lui) au partage de la manne occidentale (aide publique, dons privés et redevances des compagnies forestières, minières et pétrolières) ». Joseph Saves in Heredote.net 19/06/2019
Faisant fi de l’Histoire, Mitterrand crée une nouvelle forme de néocolonialisme,Imitez-nous, adoptez notre système et vous serez récompensés Les empires ou les républiques qui ont façonné l’Histoire, n’auraient rien légué de positif. Les empires de Chine, du Japon ou de l’Inde, les Pharaons, la République grecque, les Incas et autres Mayas, les Perses, l’Empire Romain, l’Empire Musulman,etc. avec leurs legs sont relégués aux oubliettes. Ils ne sont plus des sources d’inspiration, mais des sujets d’étude !
La réponse des dirigeants africains, le plus souvent issus de coups d’état militaires, est un oui collectif et massif. Mais parce qu’ils ont pris le pouvoir sans l’assentiment de leurs populations, ils vont s’attacher à se constituer une base électorale.
Deux chemins s’ouvrent à eux
*Le premier : imaginer un projet de société basé sur des réalisations économiques et des avancées sociales auquel les populations adhèreraient
*Le second, basé sur des alliances, commence par la fidélisation du clan et de ses alliés traditionnels pour s’élargir rapidement à coups de prébendes, népotisme, et…intimidations.
Ce dernier chemin leur semble plus accessible et est allègrement adopté comme mode de gouvernance. La flagornerie du clientélisme est prise pour un satisfecit des populations et les clients -ce que craignait Mitterrand- se partagent la manne.
L’introduction de la limitation du mandat à deux législatures ne change rien. Le pouvoir devient héréditaire, non par les liens de sang mais par la fraternité des armes. Un Président issu d’un coup d’état et ensuite élu, le cède à un autre militaire, compagnon du même coup d’état, qui sera élu. Parfois, contre des jokers, candidats de façade créés pour mieux écarter les candidats qui représenteraient une lueur d’espoir.
Mais le Président devient vite l’otage inconscient d’une garde rapprochée qui, en fait, décide de tout. Sait-il seulement ce que disent ses administrés dans son dos et que ces proches n’osent lui répéter car eux-mêmes n’en pensent pas moins.
En vérité, un Président qui sait d’où il vient et qui l’assume force le respect. Il n’est redevable à personne et est libre de ses actes. Il sera jugé en bien ou en mal et tôt ou tard rendra compte aux populations ou à l’institution dont il est issu. Dieu fasse qu’il soit éclairé !
Un président qui n’assume pas l’origine de son pouvoir, et se cache derrière La Baule, ne fera qu’encourager la flagornerie !Et, il ne mérite qu’elle.
M’Rabih Rabou Ould Cheikh Bounena