De la femme, on en parle. Pus précisément de la femme rurale, à l’occasion de la semaine de l’autonomisation des femmes et filles en régions rurales, une tranche de la population dont les conditions de vie sont ordinairement peu reluisantes. Dans un contexte marqué par le COVID-19 et ses corollaires -- entre autres la baisse des activités et donc des revenus – la semaine du 26 Octobre au 2 Novembre, consacrée cette année au label « consommation du lait local », s’est ainsi orientée vers un secteur longtemps négligé mais dont la plus value contribue fortement à améliorer la situation de ces dames.

Depuis quelques années en effet, des efforts soutenus pour la promotion du lait local, à travers des mini-laiteries installées en diverses communes du Gorgol, ont permis d’organiser les femmes autour d’activités frisant la petite et moyenne entreprise. Certes initialement timides et confrontées à de gros problèmes d’écoulement de leurs produits et de marketing, leurs initiatives ne s’en étendent pas moins dans la sphère locale, grâce à l’accompagnement d’ONG  persuadées que consommer local, c’est possible.

Au regard de cette progression rampante qui change un peu le quotidien de la femme rurale, jadis exclusivement consacré à la peine des travaux domestiques, occasion ne pouvait être plus opportune pour le Réseau des Organisations à la Sécurité Alimentaire (ROSA) de valoriser le lait local en élément de lutte contre la faim, d’une part, et, d’autre part, contribuer à la mise en place d’une stratégie de communication en direction de potentiels consommateurs.

C’est dans cette perspective qu’une caravane de 72 heures, a sillonné, sous le slogan « protection du lait local et de sa consommation », les communes de Ganki, Djéol, Lexeiba, Néré Walo et Kaédi, invitant les uns et les autres à consommer le lait local et informant par la même occasion et en détail sur les enjeux socio-économiques et sanitaires  de ce produit, en période de réveil de maladies animales comme la fièvre de la vallée du Rift.

 

Différentes communications

Après la cérémonie officielle d’ouverture de la campagne par le hakem, en présence des maires des communes susdites, des panels successifs ont abordé diverses thématiques en lien avec le lait local. Le docteur Mohamed Mohamed ould Hammady, Directeur Régional de l’Action Sanitaire (DRAS) au Gorgol, a présenté les enjeux sanitaires et nutritionnels de la consommation du lait local, suivi d’Issagha Tandia qui a entretenu l’assistance sur les symptômes de la fièvre de la vallée du Rift chez les animaux. Des femmes leaders ont enchaîné avec des thèmes relatifs, entre autres, au rôle de la femme rurale dans l’économie du ménage, la protection de l’enfant et les questions liées au  foncier.

Dans une ambiance festive marquée par une exposition bien colorée ou les femmes ont su mettre en valeur leur dextérité dans le conditionnement du lait local et des produits maraîchers, les différentes mini-laiteries ont pu échanger leurs  idées pour une bonne promotion de leur activité. Et de profiter de l’occasion pour interpeler les décideurs sur les difficultés rencontrées, de l’approvisionnement à l’écoulement du produit, en passant par la gestion et la modernisation des installations qui demandent autant d’efforts que d’investissements.

Pour le responsable du point focal ROSA à Kaédi, Niane Ousmane, la bonne pluviométrie de cette année « constitue un motif d’espérance pour booster le lait local », une façon comme une autre d’inviter les femmes à faire preuve de plus de créativité et d’inventivité pour imposer leur propre label, face à la concurrence encore non maîtrisée des produits laitiers importés qui inondent le marché mauritanien.

Seybane Diagana

CP Gorgol