Le ministre de l’Économie et de la promotion des secteurs productifs, Kane Ousmane, et l’ambassadeur du Japon en Mauritanie, Son Excellence Ehara Norio, ont signé, le 25 Août dernier, un échange de notes relatives à l’assistance alimentaire entre notre pays et le Japon. Mettant en jeu plus d’un milliard d’anciennes ouguiyas, cet accord témoigne, s’il en était besoin, que la coopération, particulièrement dans le domaine de la sécurité alimentaire, fait partie des priorités de l’Empire du Levant. Chaque année, le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) reçoit une importante cargaison de riz dont la vente permet le financement de centaines de petits projets, contribuant ainsi à l’amélioration du niveau de vie de milliers de familles en différentes régions du pays.
Le Japon est devenu un des partenaires majeurs de la Mauritanie. Il appuie les efforts d’auto-assistance du gouvernement, dans sa politique visant à réduire la pauvreté et à soutenir la population la plus vulnérable, afin de promouvoir davantage la sécurité humaine dans le pays. Pour répondre aux défis posés par le déficit chronique en denrées alimentaires, l’insuffisance des services sociaux de base, le retard dans l’aménagement des infrastructures contraints par une urbanisation toujours galopante, le gouvernement mauritanien a adopté une Stratégie Nationale de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP) 2016-2030. Autour de ses trois axes prioritaires : promouvoir une croissance forte, durable et inclusive ; développer le capital humain et l’accès aux services sociaux de base ; renforcer la gouvernance dans toutes ses dimensions ; le Japon y apporte particulièrement son soutien dans le secteur de la pêche, qualifié de « moteur de la croissance économique de la Mauritanie ». Il forme des ressources humaines indispensables à cette croissance, aménage des infrastructures sociales et apporte son appui dans le domaine de la sécurité contribuant ainsi à la stabilité de la Mauritanie et de la région.
Depuis la fin des ans 80, le Japon accorde, de façon régulière comme dit tantôt, une aide alimentaire à notre pays. Ce don varie de six à onze mille tonnes de riz suivant les ans. Celui-ci est vendu aux enchères publiques. Le produit de la vente sert à financer des programmes de sécurité alimentaire, des microprojets de développement (digue et diguette, adduction d’eau, maraîchage, nutrition, clôture…). Des rations sèches sont accordées de manière ambulatoire aux mères d’enfants dénutris, à travers les Centres d’alimentation communautaire (CAC) et les Centres de récupération des enfants malnutris (CRENAM). Les produits de la vente servent aussi au renforcement des capacités logistique du CSA avec l’acquisition de camions, construction de hangars, distribution gratuite et régulière de rations alimentaires aux populations en situation d’insécurité alimentaire et mise sur pied d’Activités génératrices de revenus (AGR) au profit des couches vulnérables.
Très satisfait, le gouvernement mauritanien espère la poursuite de ce programme qui a énormément contribué à l’approvisionnement du marché local, où le riz occupe entre 40 et 50 % des besoins en céréales, mais aussi à la stabilisation des prix, la reconstitution du stock stratégique national en céréales et ce, sans aucune sortie de devises.
Le Japon est également intervenu dans la prévention de la propagation des courants extrémistes violents et a apporté son soutien au renforcement de la paix et de la stabilité du pays, contribuant ainsi à celle du Sahel.
Appui global au secteur de la pêche
La politique d’assistance du Japon pour la Mauritanie dans le domaine de la pêche s’inscrit dans la continuité de ses aides passées. Basé sur cette politique, le secteur public japonais travaillera avec le secteur privé pour l’exploitation durable et la valorisation des ressources halieutiques, afin de contribuer au développement économique de la Mauritanie d’une manière pérenne. Le Japon a apporté son aide à tous les niveaux de la filière : captures, transformation, inspection sanitaire des produits, don de navires équipés pour l’étude des ressources halieutiques. Devenu l’une des industries majeures du pays, ce secteur s’est développé grâce aux aides japonaises. Mais, ces dernières années, la nécessité du contrôle des ressources halieutiques s’est imposée, suite à l’accroissement de la demande nationale et internationale. Si celle-ci permet d’espérer de nouveaux emplois et une hausse sensible de la contribution du secteur à l’économie nationale, elle pose de nombreux défis, notamment dans la durabilité de l’exploitation et la valorisation de la ressource.
Promotion de l’utilisation durable et valorisation des ressources halieutiques, notamment à Nouadhibou, plus grand centre de pêche artisanale : deux maîtres-mots du Japon pour apporter son aide à « rendre efficace et optimal tout le processus du secteur de la pêche, depuis la capture, la vente jusqu’à l’exploitation ».
Développement urbain, réduction de la pauvreté et promotion du développement
Le Japon projette de soutenir le développement urbain dans les grandes villes, où l’aménagement des infrastructures a pris du retard, notamment à Nouakchott. D’autant plus que les grandes villes de la Mauritanie se sont développées d’une manière anarchique et disproportionnée, suite à l’afflux massif de populations contraintes à l’exode rural. Finançant la construction d’établissements médico-sanitaires et scolaires, notre partenaire poursuivra son programme d’aide alimentaire aux populations vulnérables, tant en milieu urbain qu’en zones rurales. Il entend aussi contribuer au « développement des ressources humaines qui auront un rôle important à jouer pour l’avenir du pays et qui promouvront la diversification de l’économie mauritanienne à venir ». La formation professionnelle au profit des enseignants et des personnels paramédicaux sera privilégiée.
Quant à la mise en œuvre des projets, le Japon examinera attentivement les besoins réels de la Mauritanie, les actions des autres partenaires de développement, ainsi que sa prépondérance par rapport aux autres. D’importants gisements de ressources naturelles, comme le gaz, se trouvent en Mauritanie et leur exploitation devrait s’accentuer. Le Japon accordera donc une importance au soutien des activités des entreprises japonaises en ce secteur et à la diversification de ses fournisseurs en ressources naturelles.
En étroite collaboration avec les organisations internationales, le Japon prendra des mesures pour prévenir le flux de courants extrémistes violents, en apportant son soutien à renforcer la capacité des autorités mauritaniennes dans la gestion des frontières. Le Japon contribuera également à augmenter nos capacités nationales dans la lutte contre le terrorisme, le trafic illicite d’armes et de drogues, les crimes organisés et la gestion des flux de réfugiés.
Il faut le signaler : l’ouverture de l’ambassade du Japon en Mauritanie a eu de réels effets bénéfiques, boostant indéniablement les projets de sa coopération au développement de notre pays. Dans le cadre de la coopération bilatérale, de nombreux projets, comme, entre autres, l’extension du port de pêche artisanale de Nouadhibou, l’extension et l’équipement de l’École nationale de Santé publique de Nouakchott ou le programme du développement économique et social, ont bénéficié d’une aide financière non remboursable. Un grand pas a été accompli. D’autres viendront, incha Allah.
THIAM Mamadou