Le Calame : C’est la deuxième fois que vous venez en Mauritanie. Vous avez rencontré le président de la fédération de football et vous vous êtes rendu compte par vous-même des progrès réalisés par notre pays. Comment jugez-vous l’évolution de notre football ?
Samuel Etoo : Les progrès du football mauritanien sont énormes. Il y a plus d’un an quand je suis venu ici, j’ai vu ce que le président de la Fédération Ahmed faisait. J’ai suivi les premiers pas de ce football et de cette fédération. Il a su imposer une idée. C’est cela que les jeunes africains veulent voir au niveau de leurs fédérations. Il a su former une équipe en choisissant les techniciens et les hommes qu’il faut et enfin on a pu voir une belle équipe mauritanienne défendre les couleurs de son pays. Je disais toujours : faites attention le football mauritanien est en train d’avoir une place importante dans le football africain. Ceux qui n’avaient pas eu la chance de venir voir le travail qui a été entrepris ne pouvaient pas avoir la même certitude que moi. Mais je dis félicitations, il faut continuer comme ça.
Comment vous trouvez les mauritaniens et le pays ?
Je suis toujours ravi de revenir chez moi. Je suis africain avant d’être camerounais, tchadien ou sénégalais et même mauritanien. Et ben, il est toujours important pour moi de revenir dans mon continent et partager certains moments avec les miens. C’est toujours un plaisir pour moi de revenir en Mauritanie. J’espère que la prochaine fois, j’aurai plus de temps pour aller à l’intérieur du pays et passer du temps dans le désert avec d’autres frères et ne pas rester uniquement à Nouakchott.
Quelques mots sur le football africain. Qu’est ce qui pour vous empêche ce football de décoller et d’atteindre le haut niveau qu’on espère tous ?
Au niveau de l’organisation, il y a énormément de progrès qui ont été faits au niveau de la CAF avec le partenariat de la FIFA. Il est vrai que nous avons eu des difficultés avec certaines fédérations. Nous avons beaucoup de bons joueurs, beaucoup de très bons présidents de fédérations. Nous arrivons même à organiser de bons championnats dans les différents pays. Mais il y a toujours des difficultés à se mettre d d’accord entre les hommes. C’est toujours des problèmes de personnes. Et de l’autre côté, on a la chance d’avoir de belles générations de joueurs qui ont beaucoup de talents et qui ont envie de faire de bonnes choses. J’espère que cette génération ne fera pas comme nous autres, qui avions la chance d’avoir des groupes exceptionnels mais nous avons manqué de rêver et qu’elle écrira une histoire plus grande que celle que nous avons écrite au niveau de nos sélections.
Mais il y a d’abord un problème d’argent qui empêche les footballeurs africains de rester chez eux …
Il y a quelques mois le président de la CAF, celui de la FIFA et moi-même, nous nous sommes déplacés dans plusieurs pays africains. Le président Gianni Infantino et certains responsables de la CAF ont une brillante idée pour améliorer encore le football africain. J’espère vraiment que ce projet verra le jour. Et si ce projet voit le jour, les joueurs africains n’auront plus forcément à aller vers l’Europe ou d’autres pays d’Amérique du Sud. Ils pourront pleinement profiter du football et de leurs talents dans leurs différents pays. Tout ça sera au profit de l’Afrique.
Mais il faut beaucoup d’argent pour ça ?
Oui il faut beaucoup d’argent pour ça. Mais, il faut créer. Vous ne pouvez pas ne pas créer et croire que l’argent rentrera dans vos caisses. Je pense que le projet qu’ils avaient, entre les dirigeants de la CAF et le président de la FIFA, ferait rentrer beaucoup d’argent et permettrait au football africain de pouvoir donner une vie digne aux footballeurs africains et qu’ils n’aient pas envie de quitter notre beau continent pour cinquante ou cent dollars malheureusement. J’étais en Côte d’Ivoire récemment avec le président Gianni et je lui ai dit : ‘’Monsieur le président, n’abandonnez pas l’idée que vous avez parce qu’elle donnera enfin au football africain la place qui est la sienne. Vous êtes un africain, vous êtes quelqu’un qui aime ce continent. Il faut qu’on fasse tout pour que le football africain trouve la place qui est la sienne au niveau international au moment où vous êtes à la tête de la FIFA.’’
Le football africain a eu la chance d’avoir deux présidents de la FIFA Blatter et Infantino qui aiment le continent
Nous avons la chance c’est vrai. Moi je n’ai pas connu la gestion de Blatter. Mais je connais la gestion de Gianni Infantino. Je suis un peu plus impliqué au niveau de la CAF en étant le conseiller du président. Je vois les avancées qui ont été faites, les projets, le groupe de travail et de réflexion qui a été mis en place pour faire avancer le football africain. Je suis plutôt heureux. Lors du voyage dont je vous ai parlé, nous sommes allés dans huit pays notamment en Angola, au Congo Brazzaville, et le président y a passé beaucoup de jours pour discuter avec ses pairs africains de ce projet qu’ils ont d’améliorer le football africain pour lui permettre de retrouver la place qui est la sienne.
Propos recueillis par Ahmed Ould Cheikh