La salle des conférences du musée national a abrité, ce samedi 10 octobre 20, l’assemblée générale constitutive de l’association mauritanienne pour la renaissance de l’œuvre de Cheikh Souleymane, AMRO -CSB. Ce fut, pour les organisateurs l’occasion de passer en revue les grandes étapes de la vie de ce grand guide religieux mais surtout un dirigeant politique né en 1718 à Boodé Law au cœur du Fouta.
Prenant la parole a cette occasion, devant un parterre de personnalités, la présidente du comité de pilotage Khadijettou Ly, après avoir souhaité la bienvenue aux invités, a décliné les raisons qui ont conduit à la mise en place de cette association venue combler un vide et rétablir la vérité sur la vie et l’œuvre de Cheikh Souleymane Ball, symbole de l’unité nationale et incarnation du vivre ensemble. Pour cela, précise-t-elle, l’ASMRO vulgarisera les idées de l’homme à travers des ateliers, des conférences et colloques et nouera des partenariats avec des associations et chercheurs qui œuvrent pour la promotion de la pensée de ce guide religieux, un chef de guerre et un dirigeant politique. Un comité scientifique ou collège des sages appuiera le bureau dans le cadre de la collecte de l’ensemble des données sur Cheikh Souleymane Ball, ajoute Khadijettou Ly.
Le conservateur du musée national et Ch’Bih Cheikh Melainine ont mis en exergue le rôle de Cheikh Souleymane Ball dans la consolidation de l’unité nationale.
Avant l’élection du bureau de l’association, les participants ont eu l’occasion d’écouter deux interventions sur la vie et l’œuvre de CSB.
D’abord celle de Sow Samba, professeur à l’université de Nouakchott. M. Sow s’est appesanti sur la biographie de Cheikh Souleymane Ball à travers trois questions essentielles : qui est Cheikh Souleymane Ball ? Quelle est sa pensée ? Quelle est sa contribution au vivre ensemble ?
Trois questions qu’on ne pouvait évacuer, reconnait M. Sow en 30 mn. C’est pourquoi, il s’est arrêté sur la révolution que Cheikh Souleymane Ball a organisée et réussie au Fouta en 1776, bien avant la révolution française de 1789, considérée comme étant la source de la Démocratie. Une révolution fondée sur la bonne gouvernance, sur la probité, la justice, l’égalité, l’équité et la compassion Cette révolution a mis fin aux privilèges liées à la naissance, aux pratiques de l’esclavage et a permis d’inscrire l’alternance démocratique au pouvoir. Il a mis en place un Etat théocratique électif au cœur du Fouta. Cheikh Souleymane a été, non seulement un guide religieux donc mais aussi un illustre démocrate dont l’œuvre mérite d’être connue et mise en œuvre au profit des jeunes générations, qui se cherchent, martèle M. Sow. Tout ce que nos chefs d’états cherchent à travers Montesquieu, Rousseau et autres est contenu dans l’œuvre de CS Ball, renseigna-t-il avant de fustiger, au passage ceux qui tentent de réduire la vie et l’œuvre de l’homme à « Moudo » Horma. En effet, CSB avait mis fin à la dîme (impôt) que les maures, avec à leur tête leur chef Horma avaient imposée aux populations du Fouta. La nouvelle association devra s’atteler à établir la vérité sur l’action de CSB, a souhaité M. Sow.
Pour sa part, le magistrat à la retraite, Amadou Yéro Kidé a rappelé le cursus dense de Cheikh Souleymane Ball. Après son village, l’homme est parti à la recherche du savoir à Tidjikja, à Male où il s’est marié avec une femme maure et à la célèbre université de Pire, au Sénégal.
Après avoir acquis tout le savoir religieux, il revient chez lui et lance, avec un groupe d’illuminés, la révolution almamiyat contre les privilèges et contre les injustices. Au plan religieux, il a apporté sa propre touche, en édictant les conditions pour devenir Imam de mosquée et des critères pour diriger les hommes. CSB est mort le 15 septembre1776 et enterré au cimetière de Djinga, un village non loin de Djéol (Gorgol), devenu un lieu de pèlerinage annuel. Elimane Abdoul KhadrKane, l’un de ses compagnons sera désigné pour lui succéder.
Au terme de ces prises de paroles, l’association a élu un bureau de 16 membres présidé par
M. Ball Mamadou Jafaar. Le comité scientifique est présidé par le Pr. Abdoulaye Doro Sow avec comme membres Mamadou Hadiya Kane et Mohamed Cheikhna.