Pour se distinguer davantage dans sa volonté de rester fidèle à un homme,qui fut pourtant lui-même très infidèle à ses engagements solennels et ses slogans prometteurs, monsieur Isselkou Ahmed Izidbih vient de procéder à une nouvelle sortie pour le moins théâtrale, non pas parce qu’elle s’intitule ‘’Le choix cornélien’’ mais en ce qu’elle obéit à sa propension habituelle à attirer l’attention par un style lourdement grandiloquent. Il part, en effet,d’une simple rumeur sans fondement, qui a pu circuler pendant quelques heures endivulguant cette information que l’actuel président ne serait pas intéressé parun second mandat, et le voila saisir cette « vive émotion dans le camp présidentiel » pour fustiger toute la classe politique et suspecter les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) d’instrumentalisation aux fins de défendre son bienfaiteur par la plus étonnante des manières.
Ce serait tout à son honneur de n’avoir pas craché sur la figure de celui qui créa de toute pièce son personnage politique – contrairement « aux passagers de Panurge » prompts à suivre tous les vents et toutes les directions – s’il ne s’y prenait pas comme un plumitif de garde, pour ne pas nommer l’animal dévoué à son maître. Mais c’est vrai que la politique rend souvent bête,fou et furieux. Et il est aussi vrai que les gens raisonnables sont pleins de doute, mais ce professeur de mathématiques que j’ai vu une fois se comporter comme rempli de certitudes. J’en déduis aujourd’hui qu’il reste égal à lui-même, toujours doté de son logiciel singulièrement complexe, lorsqu’il se déploie dans sa nouvelle posture d’avocat du plus grand imposteur que le pays ait jamais connu,au moment où celui-ci se fait rattraper par son passé sulfureux qui n’a pas encore fini de dévoiler toute l’ampleur de sa forfaiture durant la décennie écoulée.
C’est donc pour cette cause-là que le sieur Isselkou s’est autorisé à accuser l’oppositionde toutes les malveillances et le camp présidentiel de son inflexion docile à toutes les orientations politiques, tout en reprochant au chef de l’Etat sa décision « d’accepter de régler injustement ses comptes à celui qui l’a fait roi », c’est-à-dire en langage moins subjectif sa décision de renforcer l’indépendance de la justice et d’encourager, in fine, l’application stricte du droit pour le rétablissement de la vérité sur cette forfaiture dont la portée scandaleuse ne peut plus passer sous silence. Encore qu’il ne fait montre d’aucune honnêteté intellectuelle pour justifier ses accusations impertinentes à l’encontre de la classe politique – notamment ceux qu’il désigne comme les islamistes pour qui il éprouve une obsession décidément opiniâtre – ni d’aucun courage politique pour décliner clairement ses griefs contre le pouvoir actuel, mais seulement des trémolos insignifiants et peu convaincants.
Il se trouve qu’on ne se grandit jamais en défendant des imposteurs, surtout ceux qui sont du même acabit que l’ex-président dont le comportement économique était déjà réputé intrigant et inquiétant.