Le Calame : votre parti, l’Union des Forces de Progrès (UFP), prépare un congrès dont les assises sont prévues du 28 au 30 août. Quel est le thème de cette manifestation, et quels en sont les principaux enjeux ?
Bâ Moussa Sidi : Je voudrais tout d’abord vous remercier de l’opportunité que vous m’offrez pour éclairer vos lecteurs sur les principaux enjeux du prochain congrès de notre parti, l’Union des Forces de Progrès. Ce congrès, initialement prévu du 3 au 5 avril 2020, avait été reporté à une date ultérieure du fait de la pandémie du Covid19. Aujourd’hui, malgré la circulation du virus, la situation sanitaire semble avoir évolué nous offrant ainsi la possibilité de tenir ces assises en respectant les mesures de sécurité édictées par les autorités du pays.Ceci dit, le quatrième congrès de l’UFP prévu, comme vous l’avez indiqué, du 28 au 30 août est placé sous le thème « de la Clarification et du Renouveau ». Il s’agira pour les congressistes de se pencher sur la ligne stratégique du parti, c’est-à-dire, définir la société à laquelle nous aspirons, le type d’état que nous voulons mettre en place, et déterminerles voies et moyens pour l’accession au pouvoir…Cette clarification semble d’autant plus nécessaire que certains avaient évoqué une déviation de ligne au niveau du parti. Le congrès, étant la plus haute instance de l’organisation, a le devoir de dire si oui ou non, il yeut unedéviation de ligne afin de mieux édifier les militants et les sympathisants.
L’autre enjeu, c’est le renouvellement des instances du parti au niveau central pour faire plus de place aux jeunes, aux femmes mais aussi aux ouvriers et aux paysans.Certes, ces couches sont représentées au sein des instances de direction mais à mon avis la proportion gagnerait à être considérablement améliorée pour préparer, dans les années à venir, une relève aussi combative et lucide que les cadres actuels du parti.
Il faut rappeler que le congrès de 2020 intervient après une campagne d’implantation qui a vu l’augmentation du nombre d’adhérents à l’UFP, qui passe à 23.173 ainsi qu’une présence du parti dans l’ensemble des Wilaya et plus précisément dans 45 sur les 57 Moughataa que compte le pays.
Le parti a traversé une grave crise interne, ayant débouché sur le départ de certaines figures historiques. Quelles sont les conséquences de ce divorce sur la base ?
Rares sont les formations politiques dans notre pays qui n’ont pas connu de dissensions à un moment ou à un autre de leur histoire. C’est la vie, mais c’est aussi la réalité de la politique de nos jours car elle est menée par des hommes et des femmes avec leurs qualités et leurs défauts. Le retrait de ces camarades de toutes les instances du parti et de ses activités depuis 12 mois est très regrettable car le congrès qui se prépare en ce moment aurait pu contribuer à aplanir les divergences et ressouder le parti sur des bases claires et démocratiques. Aujourd’hui, la crise est derrière nous et à l’UFP nous entendons poursuivre notre lutte multiforme pour l’avènement d’une Mauritanie unie, démocratique et prospère. Et ce n’est pas un slogan creux. Nous y croyons. Quant aux conséquences de ce divorce sur la base du parti, laissons l’avenir nous en dire davantage, autrement ce serait vanité ou surenchère.
Quelle est votre lecture par rapport aux enjeux conditionnant l’avenir de la Mauritanie après une année de magistère du président Mohamed Cheikh El Ghazouani ?
L’un des éléments marquant de ce magistère est l’amorce d’une description des relations entre l’opposition et le pouvoir après une décennie de crise sous le régime de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz. On notera également la suite donnée au rapport d’enquête parlementaire permettant aux autorités judiciaires de se saisir de l’affaire. Ce qui n’aurait pas été possible, sans une « neutralité » bienveillante du pouvoir actuel. Il importe néanmoins de se convaincre que la corruption et la mauvaise gouvernance sont endémiques dans notre pays et qu’il est indispensable de s’attaquer à ces fléaux non seulement au passé mais également au présent pour gagner la confiance des administrés et montrer ainsi que quelque chose a changé.
Une autre question pouvant conditionner l’avenir du pays en l’occurrence celle de l’unité nationale n’a pas encore connu un début de solution. Bien au contraire, les actes posés au cours de cette première année ne sont pas de nature à rassurer les mauritaniens (toutes communautés confondues) épris de paix et de justice qui aspirent à vivre ensemble dans l’harmonie et la concorde. De même est encore en suspens la question des mesures effectives à mettre en œuvre pour l’éradication véritable de l’esclavage et de ses séquelles.
L’espoir reste cependant permis après la déclaration signée des partis de la mouvance présidentielle et ceux de l’opposition appelant à des concertations autour de certaines questions essentielles : gouvernance, réformes démocratiques, unité nationale, esclavage…
Propos recueillis par Seck Amadou