Le Calame : Quelques jours après la publication du rapport de la CEP, le président Ghazwani remanie son gouvernement. Quel commentaire vous inspire cette décision et qu'attendez- vous de la prochaine équipe ?
Samory ould Bèye : Je pense que c’est quelque chose de très important à saluer et s’en féliciter, vu l’ampleur des dégâts durant la décennie d’Ould Abdel Aziz où la gabegie a affecté tous les secteurs de la vie. La CEP fut une initiative historique qui marque l’histoire de notre pays torturé par la mal- gouvernance et la gabegie, devenue culture et pratique qui ne gêne plus personne, malheureusement.
S’agissant du remaniement gouvernemental, après un an d’exercice, c’est, à mon avis, logique, afin de rectifier le tir ou revoir les stratégies de gouvernance pour améliorer les choses, en tenant compte des failles et insuffisances qui ont ponctué l’exécution du programme présidentiel. Nous savons que la pandémie covid-19 a pesé lourdement sur la situation générale du pays mais, au plan général, le gouvernement n’avait pas fait grand-chose. Nous espérons que ce remaniement provoquera une relance, une nouvelle dynamique qui fera oublier une première année de mandat morose.
A ce sujet, nous apportons notre soutien au nouveau Premier ministre et son équipe et nous souhaitons qu’ils ne déçoivent pas le peuple Mauritanien en réalisant leurs aspirations à plus de juste et de progrès social.
- Dans son rapport, la CEP épingle l'ex-président de la République et beaucoup de ses collaborateurs dont certains siégeaient dans le gouvernement démissionnaire et d'autres assurent encore de hautes charges. Pensez-vous que la justice pourra situer les responsabilités et faire payer les coupables ?
- Depuis que la CEP a rendu public son rapport, tous les yeux sont braqués sur la justice. Notre espoir est que celle-ci assumera devant le peuple toute sa responsabilité, en toute indépendance, et que le pouvoir s’abstiendra, comme l’a promis le président de la République, d’interférer dans son champ d’investigations et de décision.
- Le président Ghazwani vient de boucler sa première année de règne. Quelle évaluation faites-vous de ce début de quinquennat ?
- Le président Ghazwani doit carrément rompre avec les pratiques de son prédécesseur ; changer le système de gestion, en vue d’établir un environnement propice à plus de justice, d’égalité et d’équité ; œuvrer à faire de la Mauritanie, un véritable État de droit, de citoyenneté et de respect des valeurs et principes fondamentaux de l’humanité. Il doit avoir le courage d’entamer un débat franc sur les questions de fond : esclavage, unité nationale et passif humanitaire ; sans plus attendre d’engager le dialogue social et politique, afin de permettre aux Mauritaniens de laver leur linge sale en famille.
Propos recueillis par Dalay Lam