Il vient d’être publié sur le site du Gouvernement que vous avez été reçu par monsieur le ministre de l’Equipement et des Transports en compagnie d’un représentant de la société Arise Mauritanie, cette entreprise qui fait l’objet d’une enquête approfondie de la commission parlementaire au sujet de la concession dont elle a bénéficiée dans des circonstances entachées d’irrégularités graves, de trafic d’influence et de soupçons de corruption.
Au regard de l’image que j’ai de votre pays, la France, pays des droits de l’Homme, du respect des lois internationales et siège des tribunaux d’arbitrage du commerce international, je suis très surpris que vous vous immiscez dans les affaires intérieures de notre pays par vos efforts pour maintenir vaille que vaille la concession relative au terminal conteneurs au Port Autonome de Nouakchott.
Pour vous édifier sur la gravité des conséquences liées a cette concession, je vous saurais gré de lire les principales questions posées par la Commission Parlementaire, à monsieur le président de la République sortant, au sujet de cette affaire pour laquelle vous ne ménagez aucun effort (Cridem du 10/7/20) :
« Dans ce dossier relatif au marché du quai des conteneurs au port de Nouakchott, la Commission Parlementaire a préparé des questions à l'ancien président concernant le manque de résultats auprès d'investisseurs réputés pour leur professionnalisme et qui ont manifesté de l'intérêt pour le projet comme Bolloré, SFI et DP, soulignant la signature de la Mauritanie en février 2018, d’un protocole avec une société enregistrée conformément à la loi mauritanienne, détenue par deux Indiens, créée un jour avant le jour de signature du protocole, demandant: "comment la signature avec les professionnels a-t-elle été refusée et comme a-t-elle été conclue avec une entreprise qui n'a pas un actif d'expériences ?
Le protocole était un cadre pour un accord de gré à gré en violation flagrante de la loi sur le partenariat public-privé, puisque les conditions des négociations directes n’étaient pas réunies et que la version du protocole n'existait pas dans la règle procédurière? " . Elle s’apprêtait aussi à l’interroger s’il a donné des instructions au Premier ministre et au ministre de l’Equipement pour signer ce protocole ?
La CEP s’est interrogée ensuite sur les raisons qui ont conduit à écarter le port de Nouakchott du processus de négociation, bien qu’il soit l’infrastructure officielle capable de présenter des consultations au gouvernement au cours des pourparlers, notant que "l'accord a été signé avant sa ratification par la commission nationale de contrôle des marchés publics, en violation flagrante des textes ?‘’
Elle conclut ses questions sur ce volet, en lui demandant le mobile des ordres donnés aux autorités de la commission des marchés de ratifier cet accord signé le jour même où il a été réceptionné, alors qu’elle l’avait reporté et s’il savait que "l'accord était sans rendement pour notre pays, sur le plan fiscal, de compensation, de fixation des prix, de la prise en charge de la direction…etc.?’’
Savait-il que l’impact de cette concession et ses privilèges sur le port et les opérateurs portuaires nationaux n’a pas été évalué et s’il était au courant que l’ouverture du capital de cette façon constitue une menace à la pérennité du Port ainsi qu’un risque pour les opérateurs locaux ?
Ces questions en soulèvent bien d’autres :
Comment, vous Excellence monsieur l’ambassadeur, représentant d’un pays ami, pouvez-vous vous immiscer dans une affaire en cours d’instruction par les représentants du Peuple mauritanien ?
Comment le représentant de la France peut-il défendre une société de droit mauritanien fondée par deux citoyens indiens ? La raison serait qu’un Fonds d’Investissement français aurait acquis 50% de Arise mais hélas, il convient d’attirer votre attention que l’Etat mauritanien n’a jamais accordé de concession à une quelconque entité française !
Pourquoi ce Fonds français ne se présente-t-il pas directement au Gouvernement mauritanien pour présenter lui-même son projet d’investissement au lieu de passer par d’obscurs intermédiaires indiens dont les contours restent flous et porteurs de tant d’interrogations ?
Comment un investisseur de cette envergure peut-t-il ignorer que tout changement dans l’actionnariat d’un partenariat public/privé, doit impérativement avoir l’accord préalable du gouvernement contractant ?
Comment la France, à travers votre démarche, peut-elle ignorer que cette concession détruira plus de 5000 emplois directs dont prés de 3000 dockers pauvres et fera perdre au Trésor Public plus de 120 millions de USD ?
Comment la France peut-elle défendre un projet qui mettra inéluctablement en faillite près de 30 entreprises nationales opérant dans le domaine portuaire depuis plusieurs décennies ?
Excellence, j’aurais appris que vous êtes inspecteur des Finances, par conséquent vous savez lire entre les chiffres, n’entachez pas votre réputation et votre carrière par cette sale affaire, ce n’est pas non plus rendre service à la France que de l’embourber dans un marécage de malversations et de corruption,
Excellence, la Mauritanie et la France jouissent d’excellentes relations qui ne sauraient être entachées par des intérêts somme toute minimes au regard des potentialités économiques majeures que recèle notre pays.
J’ose espérer que vos démarches, Excellence monsieur l’ambassadeur, cesseront jusqu’à ce que la suite juridique à cette affaire soit actée.
L’honorable Commission Parlementaire prendra les mesures qui s’imposent pour signifier aux représentants des États en Mauritanie dont les entreprises ou les ressortissants sont impliqués dans les dossiers en cours d’instruction à son niveau d’éviter d’interférer dans lesdites affaires au vu des conséquences graves que cela provoquerait.
En tout état de cause, face à vos efforts inlassables pour protéger les intérêts, mêmes illégitimes de votre Fonds d’Investissement, les Autorités Mauritaniennes sauront défendre, quant à elles, leurs lois, leurs entreprises et leurs citoyens face aux combines du Capital International avide et arrogant qui ne cesse d’appauvrir et de déstabiliser les pays de la sous-région..