Qui peut me dire combien de scandales y eut-il, entre 1960 et maintenant ? Politiques. Économiques. Sociaux. Nous sommes incontestablement l’un des pays les plus « coup d’étahé », sans compter leurs tentatives avortées, connues et inconnues. Nous sommes un des pays où les voleurs, je veux dire les « gros », ceux qui s’autorisent les grandes indélicatesses économiques, ont pignon sur rue. Comment une seule personne peut-elle avaler un milliard ? Emporter des centaines de millions ? Mine de rien et puis rien : juste quelques petits blablas en taxis, salons et autres bureaux. Et puis définitivement plus rien. Si, comme l’affirme la Commission d’enquête parlementaire et l’ont déclaré les ministres et hauts fonctionnaires qu’elle a entendus, le pays a été tout simplement dévalisé ; pillé, emporté, par une toute petite poignée de personnes contre lesquelles ni le Parlement ni sa Haute cour de justice ne peuvent rien... La preuve. Nous savions que si « la main atteint son pied », un certain ex-Président n’a peur de rien : il connaît ses amis. Le plus mauvais est qu’ils se connaissent même très bien. Il sait donc jusqu’où ils peuvent aller, ces anciens collabos ! La gestion des dossiers de la dernière décennie, qui n’est pas dedans ? Où étaient-ils, ceux qui nous gouvernent maintenant ? Hé, les membres de la CEP ne sont pas des martiens ! La présidence du conseil d’administration de la société fictive de sucre ; les quotas du poulpe qui allaient jusqu’aux confins de l’Assaba vers El Ghaira ; à qui ont profité les largesses de la Fondation SNIM ? Les très juteux marchés des défuntes ENER et SONIMEX ? Impossible à cette commission d’aller jusqu’au bout : on ne sait pas vers où ce bout risque de mener. L’ex-Président est « assis sur quelque chose ». Juste quelques semaines de comédie et rideau. C’est quoi, cette histoire de vocaux qui se suivent et se ressemblent ? Comme s’ils étaient faits à la main. C’est pour dire quoi exactement ? Prôner une certaine prétendue suprématie des uns sur les autres ? Les tribus, les familles, les guerriers, les marabouts, Essoudane… Mais c’est quelle diablerie, tout ça ? Chaque Mauritanien a trois origines, m’a-t-on dit : celle qu’il s’accorde de lui-même, généralement taillée à sa peau et qui peut remonter jusqu’à l’accord de Houdeybia où son aïeul était, la bataille de Badr ou de Ouhoud. En deux, celle que les autres lui taillent. Généralement catastrophique et fluctuante, selon celui ou celle qui la rapporte et qui peut facilement aller dégringolant du sommet à la base. Enfin la vraie dont on ne parle jamais mais que tout le monde connaît. Nous sommes un peuple hypocrite et complaisant, ajoutait ce même on dit. Wakhyert, Hah et Merehbe en sont les parfaites illustrations. Wakhyert tout le monde. Merehbe tout le monde. Haaaah tout le monde. Et puis après, quand tu ne seras plus là, Excellence Mohamed ould Abdel Aziz ente vem ? Quand donc les Mauritaniens et les Mauritaniennes vont-ils décider de changer ? De bouger comme tous les autres peuples du Monde ? C’est pour quand, notre printemps, notre hiver, notre été ou notre hivernage ? Toujours insensibles aux plus grosses provocations… jusqu’à quand ? Continuellement humiliés, volés, saccagés et méprisés ! Le vase mauritanien n’a pas de goutte qui le fasse déborder. Nous ne ressemblons à personne. Si nous sommes arabes, regardons la Tunisie, l’Algérie, l’Égypte ou même le Maroc. Si nous sommes Africains, regardons le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Rwanda ou le Mali qui en est aujourd’hui à sa deuxième révolution contre des pouvoirs incapables et incompétents. La Mauritanie ne connaîtra probablement aucune révolution. Pourtant les mêmes causes produisent normalement les mêmes effets : centaines de milliards volés ; centaines de milliards honteusement détournés ; centaines de milliards qui ont servi à construire des centaines de palais ou à constituer des cheptels ; le tout pour juste une petite poignée de mauritaniens « exceptionnels »… et quoi comme effets ? À peine une dizaine de respirateurs dont neuf sont un don d’un pays ami… Salut.
Sneiba El Kory