Boydiel Ould Houmeid : « Je ne cherche pas à voir Maaouya »

25 November, 2014 - 17:49

Le président d’El Wiam, Boydiel Ould Houmeid était lundi soir 24 novembre 2014 l’invité de l’émission politique « Politis » de la chaîne privée nationale Al Watanya. Au bout de deux heures, l’ancien candidat à la présidentielle de 2013 a parlé sans détours de la politique, de la société, de l’économie et comme attendu de ses rapports avec l’ancien président Maaouya dont il fut pendant longtemps l’un des ministres les plus emblématiques. Selon Boydiel, la dernière présidentielle lui a permis de tirer au moins deux leçons principales : La première est qu’en Mauritanie, il faut beaucoup de moyens pour prétendre se présenter à une élection présidentielle. La seconde est que les Mauritaniens sont très sensibles aux discours extrémistes. En cela, les résultats de la dernière présidentielle sont une preuve formelle de cela.  Sur un tout autre registre, Ould Houmeid ne semble pas pessimiste quant à l’engagement d’un nouveau dialogue politique entre les acteurs nationaux. Sa dernière rencontre avec le président et le Premier ministre lui ont permis d’entrevoir une certaine disposition à cela. Pour lui, l’installation de la nouvelle institution de l’opposition démocratique et l’élection de son chef de file rentre dans l’ordre normal des choses puisque les dispositions constitutionnelles organisant cette structure sont claires : Le chef de file doit être un élu issu du parti disposant du plus grand nombre de députés. Donc, pour lui la désignation à ce poste du maire Tawassoul d’Arafat en remplacement du président du RFD ne souffre d’aucune irrégularité. Selon Boydiel Ould Houmeid, il est impossible de parler de crise économique en Mauritanie puisque il y a un taux de croissance élevé. Cependant, précise-t-il, la situation du pays est très difficile. Sur le plan social, déclare le président d’El Wiam, il y a aussi des problèmes de tensions intercommunautaires et de fragmentation sociale, malheureusement l’Etat ne prend pas entièrement ses responsabilités pour assurer la quiétude sociale et éviter au pays de probables dérapages. Evoquant la question de l’esclavage et la problématique Harratine, l’ancien haut responsable ne va pas par quatre chemins. D’abord, déclare-t-il, « l’esclavage n’existe pas légalement en Mauritanie. Toutes les dispositions nationales l’interdisent. Les derniers amendements constitutionnels du dialogue de novembre 2011 l’ont élevé au grade de crime contre l’humanité. Mais le vol est interdit en Mauritanie, pourtant certains continuent à voler. Tout comme d’autres continuent à pratiquer l’esclavage. Les Harratines sont des Maures noirs et ne constituent pas une communauté à part. Leur statut de Harratine ne doit pas les prédisposer à briguer des postes dont ils n’ont pas la compétence. Je suis totalement contre cela. Vous croyez que si Messaoud Ould Boulkheir est devenu Hakem puis Wali et ministre, c’est parce qu’il est Harratine. Non, c’est plutôt parce qu’il est un brillant administrateur sorti de l’ENA. Ou que Bilal Ould Werzeg est devenu diplomate parce qu’il est Harratine. C’est surtout puisqu’il a les compétences qu’il faut. C’est le cas de feu Mohamed Lemine Ould Ahmed, D’Ahmed Ould Khairou, tous deux d’excellents juristes sortis des plus grandes écoles. Moi-même vous pensez que si je suis devenu Trésorier général, directeur général des impôts, commissaire à la sécurité alimentaire, plusieurs fois ministre, c’est parce que je suis Harratine. Ah non, c’est plutôt puisque je suis citoyen de ce pays qui a fait des études brillantes de finances, notamment un concours africain des impôts dont je fus le seul admis pour aller faire l’Ecole des impôts de Paris ».

Parlant du mouvement El Hor et de la revendication d’autonomie des FLAM, Boydiel Ould Houmeid déclare qu’El Hor n’existe plus depuis 1991, date de l’avènement de la démocratie. Par rapport aux déclarations des Flam, le premier responsable d’El Wiam estime que la Mauritanie est numériquement petite pour être divisée et que certainement si un référendum est organisé, les régions du sud refuseront catégoriquement de se séparer de leur pays. Parlant de Maaouya, Ould Houmeid déclare reconnaître à sa décharge qu’il n’a jamais confondu entre le PRDS et l’administration. C’est pourquoi, se rappelle-t-il, Maaouya n’a jamais accepté de convoquer les réunions du parti au cours d’un jour ouvrable. Selon lui, même au cours de ses visites à l’intérieur, il refusait toujours de parler avec les gens du parti en prenant toujours le soin de renvoyer ceux qui l’y sollicitaient pour cela à un membre du bureau exécutif qui était dans la délégation. Selon Boydiel Ould Houmeid, la dernière fois qu’il a vu Maaouya, c’était le 27 mai 2005 lorsque celui-ci le convoque pour lui demander de prendre en charge la création de la caisse nationale d’assurance maladie dont il fut le premier directeur général. Depuis lors, dit Ould Houmeid, «je n’ai jamais vu Maaouya et je ne cherche pas à le trouver ».