Le concours de la douane a eu lieu le 23 novembre, en différents centres de Nouakchott. Une véritable ruée vers ce corps : quinze mille candidats à postuler pour les différends postes; huit mille candidats pour cent agents, cinq mille pour trente contrôleurs et deux mille pour sept inspecteurs. Ils sont venus de partout et beaucoup sont titulaires de licence, maîtrise, voire master à postuler pour les postes de contrôleur et inspecteur, les simples bacheliers se rabattant sur ceux d’agent. Pour déposer leur dossier, certains ont passé la nuit sur place, d’autres ont couru, des jours durant, tandis que d’autres, fils-à-papa ou maman, ne se présentaient que quelques minutes, à bord de 4X4 aux vitres teintées, pour glisser le document, à un policier ou à un gendarme, ce qui fait dire à certains que le concours est vicié. Un des candidats de la marée humaine amassée devant l’école de la police, commente, désabusé :« ce ne sont pas ceux qui font la queue sous le soleil qui seront admis au concours ». De fait, ils sont nombreux à croire que la liste des reçus est déjà arrêtée. Une candidate au poste d’inspecteur affirme ainsi que sur les sept candidats, il ne reste qu’une hypothétique place, certains généraux auraient fait main basse sur les autres. « Les dés sont pipés », dit-elle. Résignée, notre candidate s’en remet à Dieu. C’est dire que la course aux interventions a démarré. On apprend ainsi que ceux ont approché le directeur des Douanes seraient déçus : l’homme serait hostile à toute interférence dans le concours confié, de bout en bout, à la Direction nationale des Examens et concours.
Cette ruée vers la douane prouve l’ampleur du chômage dans notre pays, alors que le gouvernement se vante d’un taux de croissance supérieur à 6%. Ils sont des milliers de jeunes diplômés à vivre ce calvaire. Un horizon bouché. Un cocktail explosif. On se rappelle Bou Azizi, ce jeune tunisien par qui la Révolution de Jasmin – le fameux Printemps arabe tunisien – est arrivé. Ce n’était rien de plus qu’un diplômé chômeur à qui l’on avait confisqué son gagne-pain quotidien…