Un proverbe wolof enseigne que la course au plafond se termine forcément. Sinon, c’est quoi ? Le vide. Un peu comme la fuite en avant. Vers quoi ? Vers l’incertitude, l’incompréhensible, l’incompréhension. Comprenez ça comme ça, puisqu’il n’y a que ça qui peut faire comprendre ce qui se passe entre nous, aujourd’hui. Les mises en scène. Les provocations. Le négationnisme. Les mensonges de toutes les couleurs. Les histoires de toutes fabrications. Un véritable cocktail auquel quiconque ne semble prendre garde. C’est quoi, la démocratie ? C’est quoi, les grands agrégats économiques ? C’est quoi, les rapports flatteurs prétendument délivrés par les institutions financières mondiales ? Que valent tous les satisfecit internationaux ? Les campagnes contre les ordures ? La lutte contre la gabegie ? Les longs voyages au bout du monde ? Les nominations à tout-va ? Les disgrâces ? Il faut bien un pays pour tout ça. Or le pays est en train de couler dangereusement. C’est le vau-l’eau. Sinon quoi ? Les oulémas à part. Les bons et les méchants à part. Les PNP à part. Les fonctionnaires officiels à part. Les militaires à part. Les civils à part. Les premiers, selon leur grade. Les seconds, selon leur tente ou leur case. L’opposition ou les oppositions, à part. La majorité ou les majorités, à part. Jusque-là, c’est encore peu ou prou dangereux. Mais, de là à ce que les Beïdanes soient à part, Les Harratines à part, les Wolofs à part, les Soninkés à part, les Halpulaars à part, les Forgerons à part, les Esclaves à part, l’Etat à part, le peuple à part, la police à part, les Mesgharou à part, les dockers à part, les Mourabitounes et leur nouvel entraîneur à part, c’est vraiment la part au laisser-aller et à l’anarchie. Chacun engageant sa communauté dans ses travers et ses limites. Dans ses envers et ses endroits. Dans ses turpitudes déplacées et incongruités fastidieuses. Ce n’est ni l’Etat fort qui écrase, ni l’Etat faible où nous périssons. C’est les deux. Cette histoire de part et d’autre. C’est la faiblesse d’un Etat et le péril d’un peuple. C’est n’importe quoi. Des TV et Radio de plusieurs millions de collines. Où chacun passe et repasse, en ressassant des décibels de cochonneries et des chapelets d’imbécilités qui clochardisent des espaces sur lesquels les tensions intercommunautaires et les exacerbations intergroupes menacent d’une imminente implosion sociale. Où est la HAPA et sa régulation présumée ? Nous courons sur un plafond et quand ça finit, ça finit. On tombe. Ce qui s’est passé, mercredi soir, sur une des chaînes de TV privées nationales est inacceptable. Mettre, face à face, des citoyens mauritaniens de toutes les communautés dont certains s’insultaient mutuellement. Que les anciens esclaves aient subi des torts historiques ou que des négro-africains aient pâti de quelques manipulations de quelques malveillants ne justifient pas les débordements intempestifs qui frisent le racisme, l’intolérance et la vindicte. L’histoire s’accommode mal de sa réécriture. Impossible de tordre le cou aux faits. Ils sont rebelles. Têtus. Tenaces. Le négationnisme ne sert à rien. La Mauritanie appartient à tous. Chaque communauté a joué un rôle pour la construire, pour la défendre, pour la conserver. Mourabitoune ou pas. C’est d’abord une affaire de citoyenneté. Pas plus. Les histoires ne servent à rien. Il n’y a que l’Histoire, la vraie, qui vaille. La politique de l’autruche est particulièrement dangereuse. Les voix s’élèvent de partout : des mosquées, de la rue, des entreprises privées et nationales, des écoles, des points de santé, des quartiers populaires… Des choses inédites se passent, ici et là. C’est rien de faire la sourde oreille. La responsabilité recommande d’agir, vite et bien. Les interminables voyages comme pour fuir la réalité, les conseils des ministres, les visites inopinées des écoles normales et autres petits établissements d’enseignement général sont « la main ». Burkina Faso, Australie, Sommet du G20, Rahimallahou El Hajjaje…
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».