« Allo, allo, Jeune Afrique ? Allo, allo ? » Personne. Où qu’il est, l’zozio ? Mort de sa triste mort ? C’est vrai qu’il avait beaucoup vieilli, ces dix dernières années. Ça use beaucoup le dos, les courbettes. Mais on s’était habitué, à Nouakchott, de ce vieux commis qui venait si régulièrement chercher sa pitance aux abords du Palais gris. Aziz et ses mirobolantes réalisations faisaient alors quasiment chaque semaine la Une de l’hebdomadaire (franco)-tunisien. Certes, on eût aimé un peu plus de lucidité mais, bon, le business, hein… et puis, tout de même, JA parlait de la Mauritanie : c’était toujours ça de pris…
Mais voilà t’y pas qu’Ould Abdel Aziz est tombé. Du haut, là-haut, où l’avait juché Ben Yahmed jusqu’à bas, très bas, des fraudes SOMELEC, en passant par une fameuse commission d’enquête parlementaire truffée de bombes Polyhone dong et autre Arise. Largement de quoi alimenter la parlote de vingt Jeune Afrique et nul doute que sa mouture de jeunesse se fût régalée d’un tel pantagruélique festin. Mais, là, plus rien, silence radio, abonné absent, coma profond. Pauvre Jeune Afrique! Vite, un autre dictateur avec rubis sur l’ongle ! Vieille Afrique se meurt ! Ça me chagrinerait, vraiment, de devoir entonner le De profundis… Mais le dictateur, svp, pas en Mauritanie ! Nous, on a assez donné.
La prévarication et la gabegie ont-elles encore de beaux jours devant elles ? Jusqu’à quand le détournement des deniers publics restera-t-il le sport favori de nos (ir)responsables ? La lutte contre de telles pratiques que tout gouvernement chante à tue-tête ne serait-elle qu’un vain mot ?