L’Union Pour la République (UPR), principal parti de la majorité en Mauritanie, déplore « la surenchère et la manipulation politique, sources de division et menace contre la cohésion nationale » au sujet de la question de l’esclavage en Mauritanie, dans une déclaration rendue publique mardi soir.
Cette formation rappelle « que la constitution qualifie de crime les pratiques esclavagistes en Mauritanie» et que « le gouvernement a engagé de nombreux efforts pour éradiquer les séquelles du phénomène ».
Par ailleurs, le President de l’UPR, Maître Sidi Mohamed Ould Maham, a annoncé mardi soir au cours d’un diner organisé en présence du premier Ministre, Yahya Ould Hademine, des présidents des 2 chambres du parlement, des membres du gouvernement et d’une centaine de députés et sénateurs de la majorité, le lancement « d’une campagne pour la citoyenneté et l’éradication des séquelles de l’esclavage ».
La déclaration de l’UPR et le lancement de cette campagne interviennent dans un contexte national marqué par l’arrestation il y a une semaine, d’une dizaine de militants antiesclavagistes, alors qu’ils conduisaient une caravane « contre l’esclavage foncier » dans le Sud/Ouest de la Mauritanie. Parmi ces individus, le leader de l’Initiative du mouvement Abolitionniste (IRA), candidat malheureux à l’élection présidentiel de juin 2014 et prix des Nations Unies (ONU) pour les droits de l’homme en 2013.
En mars 2014, le gouvernement mauritanien a adopté une feuille de route pour l’éradication de l’esclavage, un document en 29 points appuyé par le Rapporteur Spécial des Nations (ONU) sur les formes contemporaines de l’esclavage.
En dépit d’une interdiction par voie constitutionnelle et de plusieurs textes destinés à contrer sa pratique, le phénomène de l’esclavage reste au centre d’une vive polémique en Mauritanie.
Les autorités admettent l’existence de séquelles, alors que les associations antiesclavagistes dénoncent une pratique dont les auteurs bénéficient de l’impunité.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».