Depuis 2011, date du soulèvement contre le régime de Kaddafi M, la Libye s’est trouvée plongée dans une guerre civile qui ne dit pas son nom. Plusieurs factions se disputent le pouvoir, semant la mort et la désolation parmi des populations innocentes. Des conférences internationales ont été organisées, des résolutions du conseil de sécurité votées dont les résultats sont on ne peut plus décevants : deux gouvernements et deux parlements qui se disputent la légitimité du pouvoir ; un pays divisé, des tribus dressées les unes contre les autres.
C’est ici que certaines puissances et hélas des pays frères ont choisi leurs champs de bataille de prédilection en fournissant argent, armes et munitions mais aussi mercenaires aux différents belligérants. Cela rappelle le scénario de la guerre civile espagnole (1936-1939) où écrivait un témoin : « ici on tue comme on déboise ».
Les émissaires désignés par le SG de l’ONU ont tous échoué devant ce casse-tête libyen, le dernier, Salamé, a jeté l’éponge, il y a à peine un mois.
Aujourd’hui la Libye est un pays meurtri, asphyxié au bord de l’éclatement et de la dislocation.
Mais cette profonde crise qui affecte ce pays se trouve aggravée depuis quelques semaines par l’apparition du COVID-19. Or, ce pays ne s’est pas préparé pour faire face à cette pandémie. Et la propagation de ce virus risque tout simplement, si rien n’est fait, d’effacer ce pays de la carte du monde.
C’est pourquoi il est du devoir de tous les hommes épris de liberté et de paix de sauver ce pays.
A ce sujet, notre Gouvernement pourrait prendre l’initiative en raison des multiples relations qui le lient à ce pays et tenter une médiation entre les différents protagonistes; il dispose pour cela de plusieurs atouts dont sa position géopolitique équilibrée et la proximité avec ce pays.
Si le Président, malgré le défi du COVID-19 agrée cette suggestion, il pourra compter sur des diplomates de talent, anciens Ministres des Affaires Etrangères dont je citerai deux au moins :
- Mohamed El Hacen Lebatt : brillant juriste et diplomate talentueux qui vient de réaliser un exploit avec la médiation entre les parties soudanaises
- Ahmed Tegueddi : diplomate chevronné avec un riche carnet d’adresses aussi bien chez les responsables occidentauxqu’avec ceux des pays impliqués directement ou indirectement dans ce conflit.
J’espère que ce cri du cœur sera entendu et que grâce à la médiation de notre pays, la crise libyenne trouvera un dénouement heureux et ainsi nous renouerons avec nos succès diplomatiques d’antan.
Nouakchott le 23/04/2020
Mohamed Vall Ould Cheikh