IRA exige un procès public et contradictoire

15 November, 2014 - 23:24

Nous avons appris que l’Administration judiciaire mauritanienne a décidé d’inculper les membres de l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) détenus depuis le 11 novembre dernier à Rosso (Sud de la Mauritanie) et de les écrouer. Huit des dix détenus croupissent, depuis hier soir, dans la sinistre prison civile de Rosso. Parmi eux se trouvent le Président d’IRA Biram Dah Abeid, Prix 2013 de l’ONU pour les droits de l’Homme, et son premier adjoint, Brahim Ould Bilal Ramdhane.

Les militants anti-esclavagistes ont été inculpés de « troubles à l’ordre public, incitation à l’attroupement, rébellion et appartenance à une organisation non reconnue ».

L’arrestation des militants d’IRA est survenue à la suite de la décision, prise par son président Ould Abeid, de faire un détour, alors qu’il était sur le chemin qui l’amenait à Dakar, pour saluer la Caravane pour l’abolition de l’esclavage foncier  qui sillonnait la Vallée depuis quatre jours  et qui bénéficiait d’une autorisation en bonne et due forme délivrée par le Ministère de l’intérieur.

L’arrestation des militants d’IRA et d’autres organisations de défense des droits de l’homme a été accompagnée d’une vaste campagne de désinformation et d’intoxication visant à accréditer dans l’opinion publique l’idée qu’IRA avait mis à exécution un plan de déstabilisation du pays qui commencerait par l’incendie des grands centres d’intérêt de la Capitale. De nombreux organes de presse, à la solde de l’Etat et des féodalités arabo-berbères, ont pris part à cette entreprise qui vise à isoler le mouvement abolitionniste pour mieux le décapiter. Mais, heureusement, une grande partie de la société civile et de nombreux partis politiques ont compris la manœuvre et l’ont dénoncée pour ce qu’elle était.

Aujourd’hui, nous n’avons toujours pas de nouvelles de plusieurs militants que la police avait kidnappés à Nouakchott, parmi eux Mariem mint Cheikh, membre du bureau exécutif et le Dr Saad LOULEYD, porte parole d’IRA-Mauritanie, arrêté le 11 novembre 2014. Ce dernier souffre de problèmes de santé nécessitant un suivi médical régulier.

En ce moment particulier de la lutte anti-esclavagiste et pour le recouvrement de la dignité, IRA tient à porter à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale les points suivants :

  1. IRA assume la « culpabilité » de ses membres pour le seul chef d’accusation qui vaille à savoir la défense des intérêts des paysans hratine et négro-africains maintenus en esclavage depuis des siècles par des féodalités arabo-berbères, Soninké et Pulaar. Elle exige, à ce sujet, un procès public et contradictoire ;
  2. IRA remercie l’ensemble des organisations de défense des droits de l’homme, de la société civile nationale et internationale ainsi que les partis politiques qui ont exprimé leur solidarité avec les détenus. Elle tient, cependant, à préciser que, plus qu’une entrave aux libertés individuelles et collectives, le problème posé par cette répression aveugle et disproportionnée est celui de l’esclavage foncier et la privation du droit à la propriété de la terre de la frange la plus laborieuse et la plus productive de la population au profit d’une minorité d’oisifs et de rentiers  aussi bien dans la Vallée que dans les Oasis et les Oueds à l’intérieur du pays ;
  3. IRA appelle ses militants et sympathisants à continuer à mobiliser les esclaves et anciens esclaves  et à les aider à recouvrer leurs droits par tous  les moyens pacifiques et civilisés ;
  4. IRA attire l’attention sur la situation de son porte parole Dr Saad LOULEYD qui a besoin de soins médicaux et dont personne n’a de nouvelles depuis le moment où la police l’a kidnappé, il y a quatre jours. Elle attire aussi l’attention sur l’état de ceux des détenus, dont le vice-président Brahim Ould Bilal et Khattri RAHEL, qui ont été tabassés lors de leur arrestation et qui souffrent de plaies ouvertes nécessitant des soins qu’ils n’ont jamais reçus.

 

 

Nouakchott le 15 novembre 2014                              La Commission de communication