L’épidémie du coronavirus frappe de plein fouet le Monde. La situation sanitaire s’aggrave au jour le jour. Les conséquences sont énormes et néfastes. Même s’il est difficile d’établir, à l’heure actuelle, un bilan, la pandémie aura de lourdes répercussions sur toutes les activités.
En Mauritanie, comme partout en Afrique, les populations vulnérables sans ressources sont en détresse. Dans un pays où le secteur informel domine, la décision du gouvernement de fermer sur l’ensemble du territoire national tous les commerces, à l’exception de l’alimentaire, des bureaux de transfert d’argent et de change, à compter du dimanche 29 Mars 2020 et jusqu’à nouvel ordre, suscite de grosses difficultés. Des dizaines (centaines ?) de milliers d’individus sont contraints au chômage, sans entrevoir encore le bout du tunnel.
Les travailleurs précaires se retrouvent au bord du précipice. Les vendeuses de couscous, garagistes, réparateurs de téléphone et autres bricoleurs, salons de coiffure, de thé ou de café, restaurants, offices de prestations de service ont fermé boutique. Mais aucune mesure d’accompagnement au profit de ces travailleurs de l’informel n’a encore été prise. Même si le gouvernement compte allouer une enveloppe de 25 milliards MRO au Fonds de Solidarité Sociale et de Lutte contre le coronavirus afin de faire face aux conséquences économiques et sociales de la pandémie sur les franges les plus démunies de notre société.
Devant la gravité de la situation, la Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie (CGTM) plaide en faveur des travailleurs indépendants, ceux du secteur informel notamment, et surtout en faveur des travailleurs migrants qui doivent être traités au même pied d’égalité que les citoyens, alors qu’ils semblent exclus du train de mesures annoncées par le gouvernement. « À l’instar de la Communauté internationale, notre pays a répondu très précocement à l’appel de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour une réponse agressive, globale et coordonnée dans la lutte contre la pandémie, en mettant en œuvre des mesures de confinement, fermant les frontières, imposant des mesures nécessaires de distanciation sociale et incitant les gens à rester chez eux ».
Mais la CGTM déplore, dans sa déclaration rendue publique, le 10 Avril 2020, « la brutalité de la rupture due à l’arrêt de plusieurs activités socioéconomiques, privant ainsi de revenus une partie importante des populations et des travailleurs en particulier, fragilisant d’une manière extrême ceux et celles du secteur de l’économie informelle et de l’emploi domestique ». Et la CGTM d’exprimer en outre ses « vives préoccupations quant aux conditions de vie des travailleurs migrants et des membres de leur famille qui subissent la même menace et y sont les plus particulièrement exposés, vivant au jour le jour des activités informelles, sans aucune protection sociale et souvent dans la promiscuité ».
« Conformément aux dispositions de la Convention n°143 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) sur les travailleurs migrants que notre pays a ratifiée, le gouvernement doit garantir », recommande dans la foulée la CGTM, « que le droit à la santé et à la protection contre la propagation du virus soit appliqué à tous et toutes, quels que soient leur statut, leur origine, leur âge, leur sexe. Il doit en outre veiller à ce que des mesures efficaces et globales fondées sur le principe de l’inclusion et de la non-discrimination soient prises et appliquées […] le meilleur moyen d’assurer la prestation est de mettre en place des services publics inclusifs et de qualité. Les mesures budgétaires des gouvernements pour une réponse coordonnée doivent donc donner la priorité aux services publics pour tous, y compris les migrants et les réfugiés sur leur territoire ».
La CGTM lance un appel pressant au gouvernement pour des concertations et consultations avec les organisations représentatives d’employeurs et de travailleurs, en vue d’élaborer et d’appliquer une politique sociale appropriée aux conditions et pratiques nationales, de façon à ce que les travailleurs migrants et leur famille soient à même de bénéficier des avantages accordés à ses propres nationaux, tout en tenant compte, sans porter atteinte au principe de l’égalité de chances et de traitement, des besoins particuliers qu’ils peuvent avoir jusqu’au moment où leur adaptation à la société du pays d’emploi sera réalisée. « Tous les efforts entrepris porteront les résultats attendus si toute la population, y compris les migrants, bénéficient de la protection et de l’appui leur permettant de faire face aux conséquences des mesures sanitaires opposées au Covid 19 », conclut la confédération.
Synthèse K.T