La TVM a diffusé ce jeudi soir (9 avril) un reportage sur la distribution de produits alimentaires à des familles dites « vulnérables » à Dar Naim. Des populations recensées par les services du ministère de l’emploi, de la Jeunesse et des sports et des jeunes bénévoles, nous apprend un des responsables du département qui ajoute que l’opération sera étendue à toutes les Moughataa de Nouakchott. Comment et quand ? Voici les questions qui taraudent les observateurs et les populations suspendues à cette hypothétique manne du COVID -19.
A cette occasion, la caméra de la TVM nous a montré un ministre, en gilet jaune, transportant un sac de riz qu’il a mis, avec d’autres produits, dans le coffre d’une voiture qui démarrait sous les applaudissements des présents. Une Peugeot de couleur blanche. Cette image rappelle celle de Bernard Kouchner, sur les plages somaliennes, devant les caméras, sac de riz sur l’épaule, le 5 décembre 1992. Cet ancien ministre de la santé, puis des affaires étrangères, cofondateur de « Médecins Sans Frontières », puis de « Médecins du Monde » était le défenseur du « droit d’ingérence ».
L’image du ministre mauritanien de la jeunesse et des sports ne fera pas le tour du monde, mais elle interpelle les mauritaniens que nous sommes, en cette période où les pouvoirs publics mettent en branle le programme d’appui aux familles démunies pour les aider à franchir une étape particulièrement délicate ; le COVID 19 ayant contraint de nombreux bras valides à rester à la maison alors qu’ils doivent, dans leur majorité, sortir pour pouvoir chauffer la marmite. En effet, depuis que l’opération de recensement des potentiels bénéficiaires a commencé, les citoyens nen cessent de s’interroger. Dans mon quartier à Arafat, mes voisins et voisines dont la majorité est constituée de nécessiteux, parce que vivant au jour le jour, ne cessent de me demander comment et quand ils pourraient être recensés pour bénéficier de l’appui de l’Etat dont ils entendent parler dans les radios ou voient à la télévision. Il difficile de démêler les fils de ce programme qui risque, avec cette espèce de dispersion des énergies de passer, sous le nez des nécessiteux, comme jadis le poisson, le fer, l’or et le reste… Comme sous Ould Taya, Ould Abdel Aziz, les médias publics sont mis à forte contribution pour la lisibilité des actions, publiques et privées. Une occasion pour les uns et les autres de s’exhiber devant les pauvres, préoccupés par des incertitudes du lendemain. Les citoyens de ce pays ont besoin de savoir si le fonds spécial ne va pas se transformer en un autre COVID. Le recensement qui se fait dans les différenets Moughataa est très suspect ou douteux.
Le président de la République, qui s’est récemment félicité des efforts déployés pour lutter contre le COVID-19, doit veiller à ce que les choses se passent dans la transparence. Son premier ministre confiné comme dans une tour doit descendre sur le terrain.
La prévarication et la gabegie ont-elles encore de beaux jours devant elles ? Jusqu’à quand le détournement des deniers publics restera-t-il le sport favori de nos (ir)responsables ? La lutte contre de telles pratiques que tout gouvernement chante à tue-tête ne serait-elle qu’un vain mot ?