À l’instar des autres pays, la Mauritanie se bat contre la propagation de la pandémie du coronavirus. Après avoir enregistré son premier cas, importé début Mars, elle en totalise aujourd’hui six, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé : deux patients sont guéris, trois dans un état stable et l’on déplore un décès. Mais plus aucun nouveau cas enregistré depuis une semaine. Simple accalmie ou pic de la maladie atteint ? Des questions sans réponse du côté du ministère qui, après diverses fautes regrettables, comme l’absence de confinement des passagers du vol d’Air France du 16 Mars dernier, s’emploie à se rattraper. Non sans excès : la polémique entre le ministre et le chef de services des urgences de Kaédi sur la révélation d’un cas déclaré positif en cette ville s’est ainsi conclue sur une circulaire du ministère interdisant au personnel de santé de s’exprimer sur la pandémie. Irréfléchi tour de vis ! Cette restriction fait craindre que, seule autorisée, la voix officielle retienne l’information et pourrait donc cacher quelque chose aux Mauritaniens. Or les gens ont besoin de connaître ce qui se passe autour de cette pandémie qui les concerne en premier chef. L’effort de communication que le ministre déploie est certes louable mais celle-ci doit être démocratisée, c'est-à-dire déléguée, notamment au directeur de la Santé, aux membres de la commission médicale ou du comité interministériel, réduisant l’omniprésence du ministre de la santé sur qui se focalisent, depuis quelque temps hélas, les tirs croisés de ses détracteurs. Tandis que ses collègues se confinent en leur bureau, refusant de recevoir les citoyens, il abat, lui, un excellent travail depuis son arrivée à la tête de son département. Mais la presse indépendante peine à trouver des interlocuteurs et les rares qui acceptent de se confier le font en off. Il faut élargir la com.
Comme en un étau…
Autre inquiétude, le communiqué publié dimanche 5 Avril, conjoint entre les ministères de l’Intérieur et de la Défense, recommandant à leur personnel le port systématique de masques. Pourquoi cette décision subite, alors qu’on espérait atteindre sous peu le pic ? Une période où la contamination est d’autant plus censée faiblir que nous ne déplorons que peu de cas. Cette mesure pourrait-elle être élargie aux autres citoyens ; voire le prélude à un nouveau tour-de-vis dans la restriction des libertés de mouvement ?
On se demande jusqu’où et à quand ce confinement va se poursuivre. Ceux qui vivaient au jour le jour ne savent plus où donner de la tête. Les marchés sont presque tous fermés, réduisant les sources de revenus et d’approvisionnement. La presse a annoncé, vendredi, que le Maroc, principal pourvoyeur de pommes de terre et d’oignons aurait suspendu ses livraisons, ce qui fait craindre la raréfaction de ces produits. Le marché intérieur ne suffira pas à assurer la relève et le peu qui arrive de ce côté se heurte au blocage des déplacements entre les régions. Autre problème, l’arrêt de certains services publics, comme celui de l’état-civil. Plusieurs centres d’accueil ont décidé, à l’instar de celui de Riyad, de renvoyer les gens à leur domicile. Des consultations médicales sont également suspendues en divers établissements hospitaliers. C’est dire qu’en l’attente du fonds spécial de lutte contre le COVID 19, les populations se sentent surtout lentement prises comme en un étau.
DL