Les autorités mauritaniennes doivent cesser de harceler, menacer et sanctionner les personnes luttant contre l’esclavagisme, a déclaré Amnesty International mercredi 12 novembre après l’arrestation de plusieurs militants connus.
Au moins neuf personnes, dont Biram Ould Dah Ould Abeid, le président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), par ailleurs arrivé en deuxième position à l’élection présidentielle de juin, ont été arrêtées mardi 11 novembre et sont actuellement incarcérées dans différents centres de détention à Rossa, une ville du sud du pays, sans pouvoir recevoir la visite de leur famille.
Figurent également parmi les personnes arrêtées Djiby Sow, président de l’organisation non gouvernementale (ONG) Kawtal, et Brahim Bilal Ramdhane, vice-président de l’IRA.
Toutes les personnes arrêtées représentent des ONG de défense des droits humains qui se mobilisent activement contre l’esclavage en Mauritanie. Au cours de la semaine écoulée, elles ont parcouru le pays pour organiser des rassemblements, des réunions publiques et des conférences. Cet élan a été brisé mardi 11 novembre dans la ville de Rosso, lorsqu’une unité de police a été envoyée pour mettre un terme à une réunion, citant l’absence d’autorisation officielle. L’IRA avait sollicité une autorisation mais le gouvernement lui avait opposé un refus dans une déclaration écrite.
« Les militants anti-esclavagistes sont constamment soumis à des manœuvres de harcèlement et d’intimidation en Mauritanie. Leurs actions sont soit interdites soit sévèrement sanctionnées, et ces personnes sont fréquemment arrêtées. Cette répression généralisée doit cesser car il s’agit d’une violation claire des droits à la liberté de réunion et d’association pacifiques », a déclaré Gaëtan Mootoo, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
Certaines des personnes appréhendées auraient été frappées par des policiers. Mardi 11 novembre dans la soirée, des policiers ont par ailleurs fermé les locaux de l’IRA, et le porte-parole de l’organisation a été arrêté.
Ces arrestations s’inscrivent dans une répression croissante visant les militants anti-esclavagistes en Mauritanie. En octobre, quatre membres de l’IRA ont été appréhendés dans la plus grande mosquée de Nouakchott, la capitale, alors qu’ils réagissaient à des critiques formulées contre leur organisation. Ils ont été accusés d’avoir perturbé le déroulement des prières et incité à la révolte, entre autres charges. Ils sont maintenus en détention sans jugement.
« Les autorités mauritaniennes doivent libérer tous les prisonniers d’opinion immédiatement et sans condition, et mettre fin aux manœuvres de harcèlement et d’intimidation continuelles que subissent les militants anti-esclavagistes. Il est impératif que les autorités respectent pleinement le travail légitime du mouvement anti-esclavagiste, et le rôle important que celui joue lorsqu’il demande des comptes au gouvernement, qui est censé honorer ses obligations et engagements en matière de droits humains. La liberté de réunion pacifique est un droit fondamental, et est liée à d’autres droits tels que la liberté d’expression », a déclaré Gaëtan Mootoo.
Source: Amnesty International
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».