Marché de l’approvisionnement en hydrocarbures : Dernier venu, premier servi

14 March, 2020 - 13:14

Le marché de l’approvisionnement du pays en hydrocarbures, dont l’appel d’offres avait été lancé en novembre dernier et qui n’a toujours pas été attribué, continue de faire des vagues. Invitées à déposer leurs offres le 19 décembre 2019 (pour une ouverture des plis le même jour), quatre sociétés (sur les cinq qui avaient acheté le dossier d’appel d’offres) se retrouvent sur la ligne de départ. Addax, qui avait gagné le marché précédent (2018-2020) se place en pole position, son offre étant la moins chère par rapport à ses concurrents. Mais elle augmente de 77 millions de dollars en valeur absolue si la compare à celle du marché précédent. Pourquoi cette augmentation ? Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette subite remontée. D’abord, le marché international, la qualité du produit exigé dans le DAO, le stock dont l’Etat a interdit désormais qu’il soit gagé par une banque et que la société va obligée d’acquérir pour près de 40 millions de dollars et, enfin, la garantie de bonne exécution  qui peut être mobilisé par la marketteurs,  le ministère (si le fournisseur ne paye pas les pénalités sur les stocks de sécurité), les sociétés de stockage et par la SOMIR soit 10 millions de dollars provisionnés tous les 6 mois, ce qui 40 millions pour la durée du contrat. Considérant que la facture énergétique risque d’être lourde, si le marché est attribué dans ces conditions, l’Etat veut négocier. Lors d’une réunion tenue le 16 janvier dernier avec le directeur général des Hydrocarbures, Addax concède une première baisse de 1, 93 dollar par tonne métrique. Le 18 février, nouvelle réunion, cette fois avec le premier ministre et nouvelle baisse de 8 dollars. Un coup d’épée dans l’eau. Le 4 mars, la Commission nationale des Hydrocarbures lance une nouvelle consultation. Elle demande aux sociétés ayant soumissionné la première fois, et dont le dossier technique avait été jugé recevable et qui s’engagent à respecter les termes du DAO, de faire des propositions couvrant une période de 8 mois et demi. Les 4 sociétés répondent. Avec une baisse de 23 dollars sur la tonne de gas oil et 20 sur celle de fuel (soit 55 millions de dollars de moins que son offre initiale), Addax est de nouveau la moins disante et s’attendait donc à ce que le marché lui soit notifié. Mais voilà qu’un nouveau larron sort du bois. La société russe Latesco fait une offre où les prix sont de 2 dollars moins chers que ceux d’Addax mais avec des conditions : Elle ne couvrira pas le stock de sécurité, ne présentera pas de caution bancaire et ne payera pas de pénalité en cas de non respect des cahiers de charge. Du pain bénit, en somme. Mercredi dernier, nouveau rebondissement. Addax concède une baisse de 2,5 dollars sur tous les produits. Le président de la commission nationale des Hydrocarbures et le directeur général des hydrocarbures, invités mardi soir sur le plateau de la TVM, n’en feront pas cas. Et on n’en tiendra pas compte à la fin. Le gouvernement adopte lors de sa dernière réunion la procédure d’entente directe qui permet de s’approvisionner directement sur le marché. Avec les risques que cela implique surtout avec une société qui n’a pas de contrat similaire dans la sous-région et ne peut donc pas respecter le schéma d’approvisionnement tel que stipulé dans le DAO. Les jours à venir nous édifieront.