Autour d’un thé : Retraites

16 January, 2020 - 00:50

Nous sommes probablement un des pays les plus problématiques au Monde. Je n’avance pas cela au hasard ! Ah non, pas du tout ! Mais attention, les accusations gratuites sont dangereuses et peuvent mener très loin. Tout droit vers Aleg ou Dar Naïm. Commençons donc par évoquer notre complexité. Elle se manifeste en beaucoup de choses, comme la retraite, le point hebdomadaire qu’organise le gouvernement après son Conseil ou le fonds de la presse. Voyez-vous combien c’est déjà compliqué, voire complexe, de saisir les rapports entre ces trois seuls paramètres ? Très bien, allons-y : chez nous, la retraite ne veut rien dire parce que personne ne veut (ne peut ?) s’y résoudre. On veut tous continuer à faire des bêtises. Astakhfiroullahi ! On veut continuer à continuer. Éternellement. Jusqu’à avoir les pieds devant. Et, surtout, ne me demandez pas des noms ! Imaginez un peu quelqu’un, adolescent de 22 ans en 1950, toujours à se bousculer, en Janvier 2020, avec des adolescents de 22 ans pour figurer en « première classe » dans une salle d’hôtel où des arrière-arrière-petits-fils de son ainé organisent une initiative de soutien à un Président dont le grand-père était de dix ans son cadet. Ou que d’autres « se cassent la tête » à rester – éternellement, toujours, à jamais et tous les pléonasmes possibles et imaginables – président d’une institution sociale, économique ou environnementale ou dont ne sait quoi encore. Mais la retraite, ça fait partie de la vie ! Ou que des vieux retraités depuis trente ans de l’UTM, de la SONADER ou du protocole de la République continuent à coordonner de gros projets ou à diriger de grosses multinationales, sans laisser moindre place aux dizaines de milliers de chômeurs qui courent les rues, traînant leurs brides en quête où les accrocher. Mais que les anciens sachent que la retraite professionnelle existe ! Que la retraite politique existe ! Exactement comme la retraite spirituelle. On a un Office National des Anciens Combattants et Victimes de guerre : on doit aussi avoir un Office des Anciens Politiciens et Victimes de la Cour des Comptes. Avant de l’oublier. C’est quoi, remplacer la plaque Tadamoun par la plaque Ta’azour ; laisser aller l’ancien DG avec la première et en amener un autre avec la seconde ? La suite ? Attendons de voir. Eywe ! Ok, j’attends, comme dit un pokériste plein aux as reniflant un bluff. Les journalistes du point de presse : un coup sur terre et un coup au ciel. Ministre porte-parole du gouvernement. Réponse du berger à la bergère : deux coups au ciel et deux coups sur terre. On rentre pour s’informer : on sort désinformés. Un véritable dialogue de sourds entre « journalistes » et ministres chargés d’animer le fameux point. Deux cent millions d’anciennes ouguiyettes. En guise de fond, pour parler en jargon poker. Normalement, c’est un bon fond, vous dirait un imbattable « blindeur ». Mais comment fait-il pour dispatcher l’argent, le comité chargé d’ad hoc ? Ya un hic. Il paraît – « Dis qui t’a dit » …  – que ses membres « commencent par leur tête » et que chacun a en a plusieurs. Une personne à plusieurs têtes, c’est, dans le cas d’espèce, une malformation bénéfique. Les centaines de sites et de journaux-papier, les dizaines de télévisions privées, radios et groupes de presse, tout ça pour ça ! Alors que « les gens de Toueimirtt se connaissent ». Connaissez-vous ceux qui empochent le magot de l’aide publique à la presse ? Nous avons dit au départ que c’est très complexe. Il ya les fous errants. Il ya les commerçantes de certains marchés de Nouakchott. Il ya des péripatéticiennes dont les prestations sont payées sur ledit fond, les agents de renseignements des BED, DGSN et B2 de plusieurs états-majors, les « envoyer crédit » qui détiennent des sites ou journaux fantômes, des éleveurs des hauteurs du Dhar, des indicateurs des groupes islamiques du Nord-Mali… Il ya les troubadours et les artistes qui égayent les soirées mondaines de certains hauts responsables civils, militaires et autres affairistes. Il y a moi. Il y a toi. Il y a l’autre. C’est une chèvre dans un désert. Pour toi. Pour ton frère. Et… pour le loup. Salut. 

Sneiba El Kory