Conférence de presse : Pourquoi Ould Abdel Aziz décide-t-il de rompre le silence ?

17 December, 2019 - 10:46

L’ancien ‘’président des pauvres’’ a décidé de sortir du silence qu’il entretient depuis son retour au pays, il y a quelques semaines, autour de son différend avec son ami et successeur, l’actuel président Ghazwani. Il le fera à travers une conférence de presse retransmise en direct par la chaine privée Chinguetti TV, le jeudi 19 décembre. Une sortie qui intervient une dizaine de jours de la tenue du congrès de l’UPR, parti qu’il a créé en 2009, objet de la discorde entre lui et son ami de 40 ans, et qui semble l’avoir aujourd’hui complètement lâché.

Après l’annonce de cette décision de tenir une conférence de presse, les observateurs se sont demandés pourquoi Ould Abdel Aziz a décidé enfin de sortir de son silence. En effet, le mutisme de l’ancien président devient de plus en plus pesant et même troublant pour l’opinion et certainement pour ses proches et soutiens. Continuer à entretenir le silence donne l’impression d’avoir perdu la partie et donc d’avoir abdiqué face à son  successeur, ce que le tombeur d’Ould Taya et d’Ould Cheikh Abdallahi ne peut accepter, lui qui a proclamé devant les mauritaniens qu’il  n’est pas né pour perdre.

Donc, au cours de cette rencontre avec la presse, l’ancien président, soumis depuis quelque temps à une forte pression, pour ne pas dire acculé  pour éclairer les mauritaniens sur ses divergences avec le nouveau président, sur le congrès que Ghazwani aurait avancé puis refusé de reporter à sa demande, selon les sources concordantes. Il pourrait également lever le coin du voile sur les détournements et/ ou le  bradage des ressources du pays qu’on accuse d’avoir perpétré. Comme on le constate, depuis l’arrivée de Ghazwani au pouvoir des audits sur la gestion d’Ould Abdel Aziz  sont brandis comme épouvantail. L’ex président des pauvres pourrait aussi s’exprimer sur le ou les coups de fil qu’il aurait passés ou reçus de  l’ex patron du groupement de la sécurité présidentielle, ex BASEP,  limogé en pleine festivité du 28 novembre. L'ancien président ne manquera pas de réfuter, à n'en pas douter,  toutes les accusations portées contre lui, y compris  par ses proches, ses propres amis, et par des hommes qu'il a contribué à sortir du néant. Ils sont rares aujourd'hui à le défendre en public, comme en privé. Un ancien député dira en off que la page de l'ancien président est définitivement tournée.

C’est dire que cette sortie est très attendue des mauritaniens qui sauront si l’ancien président a choisi de désamorcer la tension au sommet  ou opter pour la confrontation.