Congrès de l’UPR : Clarification en vue

11 December, 2019 - 21:50

La cacophonie se poursuivit entre les deux tendances pour le contrôle de l’Union Pour la République (UPR) principal parti de la majorité présidentielle plongée dans la tourmente depuis que le nouveau président Ghazwani a remplacé au sommet de l’Etat le président fondateur de ce parti.

Déterminé à continuer à jouer un rôle politique dans l’arène nationale et pourquoi pas revenir aux affaires, comme il l’a insinué peu avant la fin de son dernier mandat, l’ancien président Aziz se bat, depuis son retour au pays à contrôler la formation politique qu’il a créée en 2009, après avoir renversé par un coup d’état, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, élu quelques mois plutôt. Visiblement la tâche n’est pas aisée, pour l’ancien président dont la côte auprès de l’opinion semble avoir pris beaucoup de rides. Surestimant ses forces, sous-estimant celles de son successeur  et comptant sur la fidélité des hommes qu’il a construits de presque rien, Ould Abdel Aziz  entreprit, ce que des observateurs appellent  un bras fer son alter ego. Son retour au pays, sans aviser les hautes autorités et la réunion qu’il a tenue avec les membres du directoire provisoire de l’UPR mis en place, le 2 mars, suite à la tenue de son congrès, en présence d’un ministre de la République a été qualifiée d’erreur ou de faute par son successeur. Ce fut alors l’élément déclencheur de la tension entre les deux amis de 40 ans. Ould Ghazwani, qui était resté sourd aux appels de ceux qui l’ont soutenu pendant la campagne l’invitant à créer un parti politique recrutant même jusqu'au sein de l’UPR, décide alors de répliquer en revendiquant la paternité du parti parce qu’il est élu par les mauritaniens et avec le soutien de ce parti. Les membres du directoire sont priés de se prononcer en faveur de l’un ou de l’autre. L’écrasante majorité de ses membres reconnaissent le nouveau président comme seule référence légitime de l’UPR. Ils seront suivis par les députés de la majorité, les conseils régionaux et les membres du bureau exécutif du parti, des maires, de la commission nationale des femmes, du haut conseil de la jeunesse et d’autres personnalités politiques. La messe est presque dite. Ghazwani remporte la première bataille contre ancien ami, devenu curieusement son premier opposant. Presque tous les leaders de partis politiques de l’opposition  soutiennent sa démarche. Mais pour autant, Ould Abdel Aziz ne s’avoue pas vaincu, même s’il a perdu aussi les « munitions » du groupement de la sécurité présidentielle (ex BASEP). Une pomme de discorde, il faut le rappeler, entre les deux amis. Etant chef d’état-major des armées, Ghazwani aurait souhaité que le BASEP soit, comme tous les autres bataillons, sous ses ordres, ce qu’Ould Abdel Aziz aurait refusé.

Alors, pour aller vite et en finir avec son ancien ami, Ghazwani décide d’abattre ses cartes. Il ordonne qu’on convoque le congrès de l’UPR, les 28 et 29 décembre alors que son ami avait décidé, avec ses soutiens de tenir les assises dudit congrès en février prochain. Une manière claire de dire à son rival ou désormais adversaire politique que c’est  désormais  lui, le chef. D’ailleurs, il l’avait dit de manière  péremptoire  qu’il était le seul à pouvoir garantir la sécurité à l’ancien président.

Avec tous les atouts dont il dispose aujourd’hui, Ghazwani va aller au bout sans coups férir. Ainsi  il pourra ou bien décider de garder le parti, ce qui est peu probable ou créer un nouveau parti politique recrutant des anciens de l’UPR et au sein de l’ensemble de ses soutiens lors de la présidentielle. Il ne doit pas faire de l’UPR une fixation, ou engager une querelle autour d’un sigle. Une façon de tourner la page de son prédécesseur.

Que fera Ould Abbel Aziz qui a déclaré  face aux mauritaniens qu’il ne sait pas perdre ? Maintenir ce qui reste de son UPR, et en faire un instrument de reconquête du pouvoir ? Il pourra dans ce cas mesurer le degré d’ingratitude des mauritaniens sont beaucoup l’ont déjà lâché. Espérons qu’il ne poursuivra pas  le bras de fer avec son successeur et partant, pousser celui à sévir. Ould Abdel Aziz a fait beaucoup de choses importantes pour son pays, il ne doit pas, pour des raisons personnelles et égoïstes, plonger celui-ci dans l’instabilité. Il n’y a rien à y gagner.   En effet, depuis quelques jours, des campagnes de dénigrements du nouveau président sont engagées dans les réseaux sociaux. Qui aurait intérêt à les orchestrer? Certains  esprits malintentionnés voudraient visiblement  instrumentaliser ce conflit entre amis ou ces divergences politiques au sein de l’UPR en le faisant revêtir d’un caractère tribal. La Mauritanie n’en a pas besoin !

DL