M. Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Alliance Populaire Progressiste (APP) et du CESE* : ‘’Le président Ghazwani avait en haute estime son ami et ex président; si tel n’était plus le cas, la cause en devrait être profonde’’

11 December, 2019 - 21:49

Le Calame : Le président Ghazwani a prononcé son discours à la Nation à l’occasion du 28 novembre. Quelle appréciation vous en avez  faites ? Les engagements qu’il a pris satisfont-ils et rassurent-il APP ?

Messaoud Ould Boulkheir : Il aura essayé et relativement réussi à créer une certaine unanimité quant à sa volonté sincère de faire ce qu’il dit à propos des thèmes qu’il a bien voulu aborder et qui constituent, selon lui, les chantiers   prioritaires.

Toutefois, le problème a toujours été et il le sera encore pour longtemps, que chaque nouveau Président élu, croit qu’il l’a été  sur la foi d’une adhésion majoritaire et permanente des électeurs à son programme électoral qu’il considère dès lors comme son livre de chevet, alors que la vérité est  généralement  ailleurs…

En effet, il aurait été plus judicieux, à l’entame de sa mise en œuvre, de chercher à l’améliorer par l’apport extérieur de ceux qui y ont certes cru, mais sans avoir cherché à l’éplucher en détails, le temps ne le permettant pas…

Pour ma part, j’aurais été plus et mieux rassuré si le discours s’était davantage attaché à insister sur les thèmes premiers et fondateurs de notre République, qui restent encore et toujours l’UNITE NATIONALE, les INEGALITES  SOCIALES, la JUSTICE, la DEMOCRATIE et la BONNE GOUVERNANCE où presque tout reste à faire.

Les éluder au départ et à ce tournant, c’est les banaliser ou, pire encore, que ces chapitres sont définitivement clos.

-Ce  discours est intervenu en pleine agitation au sein  principal parti de la majorité présidentielle (UPR) dont l’ancien président Ould Abdel Aziz lui dispute la paternité. Que vous inspirent ces agitations au sein de l’UPR,  et à travers elles,  la  querelle d’amis de 40 ans, même si Ould Ghazwani se refuse de parler de divergences avec son ami et frère ? Pourquoi, à votre avis, Ould Abdel  Aziz voudrait-il  contrôler ce parti, 3 mois après son départ du pouvoir ? Etes-vous satisfait de la manière dont Ghazwani a géré cette première « confrontation » avec son prédécesseur?

- Cette agitation a suscité chez A.P.P et chez moi en tant que son président ce que nous avons exprimé à travers la Déclaration du 25 novembre 2019. Nous n’aurions certainement pas réagi s’il ne s’était agi que d’une banale querelle intestine d’un parti, fût-il aujourd’hui majoritaire… mais nous avons entendu, comme beaucoup, que les argumentations des protagonistes, bien que contradictoires, semblaient curieusement d’accord sur un point : « A leurs yeux, l’UPR et son Président, sans attendre de savoir lequel était, l’un comme l’autre, le référentiel passé, présent et futur de la Mauritanie qu’ils semblent avoir décrétée leur, à l’exclusion de tout autre interférant. »

Cette perception étant tout à fait à l’opposé de la nôtre, nous avons cessé de nous taire et nous avons marqué notre total désaccord avec ce déballage démagogique tout en suggérant au passage des voies d’appréciations mieux appropriées, parce que plus justes, plus cohérentes et plus impersonnelles. Il ne m’appartient pas d’interférer dans les choix personnels autres.

-Certains réclament la création d’un nouveau parti politique rassemblant tous les soutiens de Ghazwani, ce qui pourrait faire  disparaître l’UPR mais aussi entraîner, à terme la dissolution de l’Assemblée nationale. Y serez-vous favorable ?

- Notre pays a déjà frôlé ou même dépassé cent (100) partis au point que cet excès est actuellement en cours de correction. L’idéal serait de réussir ce dégraissage, pas d’y renoncer mais de l’aggraver.

Le problème ne se situe pas au niveau du nombre des formations politiques, mais en leur compréhension de la Démocratie et en l’Usage qu’elles en font, toujours sous la supervision, voire la complicité coupable de ceux qui nous gouvernent. Je n’encouragerai aucune chasse aux sorcières à des fins politiciennes qui cibleraient des partis politiques ou des individus ; s’agissant de la dissolution de l’Assemblée Nationale, elle peut intervenir conformément à la Constitution qui n’a que faire de mon approbation ou de mon désaccord.

- Pour certains observateurs, si le président Aziz a choisi de s’investir dans l’arène politique c’est d’une part,  parce qu’il n’est pas satisfait de la manière dont son successeur mène le navire, d’autre part, qu’il le suspecte de vouloir  « fouiller » dans sa gestion des affaires. Qu’en pensez-vous ?

- Si vous m’imposez de vous dire ce que je pense de tout ce qui a été dit ou se dira, je ne suis pas sûr qu’il me restera suffisamment de jugeote pour penser à mes nombreux propres problèmes. Ma réponse est donc, tout en respectant tous et chacun, que c’est le dernier de mes soucis.

-Face à ces agitations, APP a sorti une déclaration dans laquelle elle rappelle les protagonistes à la raison, à privilégier les intérêts du pays, non à prendre ses citoyens  en otages. Est-ce à dire que le climat qui prévaut entre l’ancien et le nouveau président, par l’entremise du contrôle de l’UPR, mais également le limogeage du patron du GSP, ex BASEP, intervenu dans la foulée,  vous préoccupent ?

- Il n’ya rien de plus préoccupant pour moi en tant que citoyen et en tant que dirigeant d’une formation politique que la stabilité, la sécurité, la tranquillité et la sérénité des populations et des institutions, mais cela ne m’autorise pas pour autant à parler de choses que j’ignore

-Toujours dans son discours à la Nation, le président Ghazwani a annoncé la mise en œuvre, imminente de son programme électoral. Dans la foulée, il annonce la création d’une délégation Spéciale chargée de la lutte contre la pauvreté... Que vous inspire la création de cette agence dont l’opposition pourrait  être  associée à la gestion, selon certains médias? 

- En vérité, et jusqu’à preuve irréfutable du contraire, elle ne m’inspire rien d’autre que du «déjà vu et souvent entendu,» comme naguère la corrélation entre « putsch et démocratie, mufcidine et bonne gouvernance, Tadhamoun et présidence des pauvres » 

La sortie de crise hésite toujours à pointer du nez chez nous, car chaque nouveau dirigeant met un point d’honneur à entrer en scène avec sa propre recette de «ration K» qu’il va faire ingurgiter de force au pays et à ses populations sans leur demander leur avis et sans leur laisser le temps de placer un premier mot.

Très souvent aussi il ne marque aucun arrêt pour tirer la moindre leçon de l’amoncellement des échecs de ses devanciers.

Toutes les populations n’ont pas encore perdu l’espoir premier qu’avec lui les choses commenceraient enfin à changer. La balle est réellement dans son camp…

 

-En acceptant de soutenir la candidature de  Ghazwani, vous lui aviez demandé d’organiser un  dialogue politique avec l’ensemble des acteurs politiques du pays. Quelles appréciations vous faites des concertations qu’il a engagées dans ce sens, après sa prise de fonction ?

- J’avais effectivement appelé le candidat Ghazouani à organiser en priorité, s’il devenait Son Excellence Monsieur le Président de la République Mohamed OULD EL GHAZOUANI, un Dialogue National Inclusif, qui est beaucoup plus large qu’un dialogue limité aux seuls activistes politiques de la Majorité et de l’Opposition.

Il s’agit aussi d’arrêter cette navigation dans cet océan en furie à la seule intuition du Capitaine car le besoin du plus petit que soit sera toujours permanent. Il se pose aussi présentement des questions essentielles, voire existentielles pour le pays, dont les solutions impliquent un très large consensus que seul un Dialogue National Inclusif pourra garantir. Dans cette optique tous les contacts sont utiles et bienvenus…

-A en croire certaines confidences, le président de la République ne serait pas favorable, dans l’immédiat au  dialogue, tel que le pays en a connu par le passé. Il l’a même réaffirmé dans une récente   interview avec le journal français Le Monde. Le partenariat qu’il semble privilégier vous convient-il ?

- J’ai été totalement refroidi à la lecture de l’interview que vous venez d’évoquer et j’ai même failli perdre la voix à cause de l’amalgame qui semble avoir été fait entre le dialogue d’une part et l’appartenance ou non à la majorité ou à l’opposition, d’autre part.

-Vous avez toujours soutenu et pris part à tous les dialogues politiques sous Ould Abdel Aziz. A quoi doit servir le dialogue auquel vous appelez aujourd’hui?

- On dialogue en général pour convenir, par consensus, des fondations de la République, notamment de sa Constitution qui doit résoudre sans la moindre ambiguïté les fondamentaux de l’Unité Nationale, de la Liberté, de l’Egalité, de la Justice pour tous (individus, groupes et communautés) de la Démocratie,  de la Bonne gouvernance, de la Solidarité et du Partage, mais pas seulement : Il s’agit souvent, aussi, de chercher à y définir la ligne de démarcation entre le Sacré et le profane ;

      a) le premier palier qui est transcendant,  sacré, dont le respect est Devoir et n’est donc pas modelable en fonction de notre positionnement politique. Nul n’a le droit de le contester et encore moins de le remettre en cause.

b) les limites du second palier où des divergences, parfois très profondes, pourraient surgir et nous opposer, les uns aux autres, parfois aussi longtemps que ces divergences n’auront pas été tranchées   d’autorité par le choix souverain de l’électeur.

c) Enfin, le dernier palier mais pas le moindre, qui commande que quelles que puissent être profondes nos divergences, elles ne devraient en aucun cas nous faire oublier notre humanité, notre sociabilité, notre spiritualité et notre citoyenneté qui forment notre tout intégral.

-Certains  de vos détracteurs de l’opposition vous ont accusé d’avoir servi de « caution » aux dialogues organisés sous le règne d’Ould Abdel Aziz. Est-ce là, la seule raison qui justifie leur boycott? Pourquoi le courant ne passe toujours pas entre vous et l’opposition dite radicale ?

La Vérité est que ce sont ces Dialogues et les résultats qu’ils ont permis d’obtenir en matière de Stabilité, d’avancées dans les domaines électoral et démocratique, dans celui des droits de l’homme et que nul ne peut nier, qui ont meublé la vie politique de cette dernière décennie et permis le maintien à flot du pays  malgré les tentatives répétées de ceux qui, jusqu’à hier, souhaitaient le plonger dans le chaos...

Tous les Mauritaniens, heureusement, sont encore là pour en témoigner au grand dam de mes détracteurs, lesquels profitent aujourd’hui davantage que moi du fruit d’un travail que j’ai accompli en solo.

Quant au second aspect de votre question, la cause cesse d’être la proximité du Président car il leur semble aujourd’hui m’avoir coiffé au poteau en ce sens, ou tout au moins, ils semblent avoir opté pour marcher sur mes traces… J’attends de voir pour quel résultat !?

-Quel rapport  entretenez-vous aujourd’hui avec collègues de l’opposition? A-t-elle encore un  avenir, dans la mesure où vous  n’arrêtez  pas tous de vous chamailler,  de rater les occasions de gagner l’alternance par les urnes et enfin de compte, renvoyer les militaires  dans leurs casernes?

- Je n’en ai aucun, car depuis 2011, tous les contacts avec eux, à l’exception de la dernière rencontre à Tivirit, étaient à mon initiative. Depuis l’échec de la rencontre de Tivirit où ils ont essayé en vain de me faire renoncer au second dialogue, j’ai décidé de couper tout contact…Les Mauritaniens connaissent la suite ainsi que l’épisode du 3ème mandat que ces détracteurs considèrent avoir fait échouer par leur boycott…

-Depuis que  le président Ghazwani est élu, l’opposition (radicale et modérée) est devenue inaudible sur les questions qui préoccupent les mauritaniens. Presque tous se sont aplatis devant le nouveau maître. Que vous inspire cette situation ?

- Votre qualification est très directe et très dure…Il fallait tout simplement comprendre que l’Opposition modérée est restée égale à elle-même et que la « radicale » se prépare en douceur, reste à savoir encore pourquoi ?

-Depuis son discours d’investiture, le président Ghazwani ne rate pas l’occasion de proclamer  sa volonté d’éradiquer toutes les formes d’injustice dans le pays, à  renforcer l’unité nationale. Qu’inspire  à Messadoud Ould Boulkheir qui en fait  son  cheval de bataille politique, cette proclamation ? Qu’attendez-vous concrètement de lui sur ces questions ?

- Messaoud OULD BOULKHEIR attend patiemment  comme toujours et veut ne rien brusquer, mais ce qui est sûr c’est qu’il ne voit pas que soit très grande la différence entre un Président sortant qui répugne à entendre le vocable Haratines et ne trouve à leur donner en partage que d’être des balayeurs de rue ou des domestiques de maison et un Président entrant qui en fait entrer un nombre record dans le Gouvernement mais qui répugne à prononcer le  vocable  esclavage.

La solution n’est ni d’institutionnaliser leur condition servile, ni d’en faire uniquement des Ministres pour des besoins d’affichage, alors que leur absence est aveuglante partout ailleurs, même si dans ce cas, ils ne sont malheureusement pas les seuls…

-Parmi les injustices dont il parle, on peut penser à l’éradication de l’esclavage, au passif humanitaire, à la marginalisation dont se plaignent et les Haratine et les négro-africains. A votre avis, que faudrait-il faire pour qu’une solution consensuelle soit trouvée à  la « question nationale » ou à la cohabitation?

- Je le dis et je le répète, pour éviter le pire au pays, il faut une réelle volonté politique qui a nécessairement besoin de l’organisation rapide d’un Dialogue National Inclusif. Les laissés pour compte, tous les laissés pour compte (ils sont largement majoritaires) en ont assez des « mesurettes, ici ou là » qui ne mèneront en définitive qu’au chaos.

Il faut apprendre à s’arrêter pendant qu’on en a encore le temps et le contrôle.

-Depuis 1990, les négro-africains considèrent que l’indépendance du pays a été souillée par le sang des officiers, sous-officiers et soldats issus de cette composante, pendus le 28 nombre 1990 par leurs « frères d’armes » maures dans la garnison d’Inal. La célébration de la fête de l’indépendance est  pour cette communauté, l’occasion de réclamer  la lumière sur ce qui s’est passé, non seulement à Inal mais aussi dans d’autres casernes et tout au long du fleuve Sénégal  en 1989-1990. Trouvez-vous légitime cette revendication ?  Quel geste pourrait effectuer, selon vous, le président Ghazwani, pour répondre aux revendications des ayants droit, des  rescapés  et surtout aux veuves de faire leur deuil ?

- Je ne suis pas en charge de ce dossier dont A.P.P. et moi avons naguère fait la priorité de nos conditions de soutien au 2ème tour du futur ex-Président de la République Sidi OULD CHEIKH ABDALLAHI. Dès son renversement, les intéressés eux-mêmes ont préféré s’en remettre à son substitut et nous nous en avons été débarrassés par défaut… Je considère néanmoins qu’à défaut de pouvoir ressusciter les morts, s’accommoder des revendications légitimes de Justice, de condamnations des coupables et de  réparations n’est  pas cher payé. Pour le reste c’est à Monsieur le Président qu’il faut s’adresser.

 

-Certains de vos détracteurs vous  accusent de  vous s’être « notabilisé et embourgeoisié», d’avoir rangé aux  oubliettes, le combat pour l’émancipation des Haratine. Que leur répondez-vous ? Que pensez-vous du Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratine?  Pourquoi vous ne prenez pas part à ses marches annuelles?

Je leur réponds que ce n’est pas en tout cas la politique qui a fait de moi un «notable petit-bourgeois.» Ma carrière administrative que nombreux arrivistes politicards veulent occulter a été menée par le « petit esclave »   que j‘étais, seul et parfaitement anonyme et m’a conduit sans vote et sans suffrage à gravir successivement les échelons de Secrétaire d’Administration à Administrateur civil et d’occuper les fonctions de Chef d’Arrondissement, d’adjoint de Wali, de Préfet, de Wali et enfin de Ministre. Cet embourgeoisement et cette notabilité ont été arrachés et pas donnés ni volés. Je les ai toujours assumés et haut la main, sans m’en prendre injustement à qui que ce soit et sans calomnier personne.

Mais cela ne m’a jamais amené à «délaisser» un iota de mes choix et convictions et surtout pas la Cause Haratine, qui est née par moi, s’est développée par moi, et qui me survivra grâce à Allah. Toutefois, je n’ai pourtant jamais dit ou laissé entendre que la Cause Haratine m’importait plus que la Cause Nationale dans laquelle je me suis davantage investi quand je suis venu en politique, toujours par moi-même. Cela n’a pas été difficile ni fatal pour les Haratines qui ont vu en ma « léthargie » supposée ou souhaitée, l’occasion dont ils sont nombreux dorénavant à rêver : Me remplacer !  Cela s’avèrera très difficile, parce que je suis   encore bien vivant par la grâce d’Allah et parce que mes apports à cette Cause se vivent au quotidien, même en sommeil profond, au lieu de se contenter d’une symbolique marche périodique.

 Les divergences entre Ghazwani et son prédécesseur d’ami porteraient, si l’on en croit aux différentes rumeurs sur la « dilapidation ou le détournement » par ce dernier  des ressources de l’Etat, en particulier  ceux du  fonds pour les générations futures. Etes-vous de ceux qui réclament  l’audit  sur certains aspects de la gestion des dix ans d’Ould Abdel Aziz? Que pensez-vous justement de son bilan?

- Je ne suis dans le secret ni de l’un, ni de l’autre. Je sais que durant la dernière  et seule entrevue qu’il m’ait accordée jusqu’ici, le Président Ghazouani avait en haute estime son ami et ex président; si tel n’était plus le cas, la cause en devrait être profonde…

J’ai dit que je ne suis pas enclin à appeler à la chasse aux sorcières, mais que, si pour des raisons d’Etat et d’intérêt général, les décideurs diligentaient des audits partiels ou généraux, je ne m’y opposerais pas.

 Vous avez rencontré plusieurs fois le président Aziz, et très peu Ghazwani. Qu’est que vous avez retenu du premier? Ensuite, que pensez de ceux qui  trouvent le président Ghazwani trop « mou », « trop lent » ?

- Le moment ne me semble pas le plus idoine pour livrer mon sentiment à propos de l’un ou de l’autre, pour je ne sais quel but.

 

-Certains des militants d’APP vous reprochent d’avoir trop fait pour Ould Abdel ;  ils citent entre autres votre participation à tous ses dialogues, le fait d’avoir contribué à désamorcer, en plein  printemps arabe,  les menaces qui pesaient sur son pouvoir. L’’opposition réclamait son départ et criait   « Aziz dégage !», alors que celui-ci  était hospitalisé à Paris, suite à une blessure par balle,  et  des rumeurs sur son « incapacité » à  continuer à diriger le pays, circulaient à Nouakchott,». Mais que pour tous ces efforts, il ne vous a  pas rendu la monnaie de la pièce. Que leur répondez-vous? Vous ne regrettez pas quelque peu  cette proximité ou collaboration avec l’ancien président?

- Je ne regrette absolument rien de tout ce que j’ai eu à faire durant cette décennie écoulée, étant entendu que tout ce que j’ai eu à prendre comme décision ou position a toujours été dicté par l’intérêt supérieur du pays et rien d’autre…Que cela plaise ou déplaise à mes détracteurs et autres, ne m’a jamais empêché de dormir la conscience tranquille.

-Mise à part la création de l’agence de lutte contre la pauvreté, le président Ghazwani qui était attendu sur l’augmentation des salaires et pensions, sur la montée endémique des prix des  produits de base, n’a pris aucun engagement dans ce sens. Vous comprenez pourquoi?

- Mettons cela, vous et moi, sur le court laps de temps qu’il est aux affaires, et ensemble prions que cela change dans le bon sens et vite…

-De nombreux mauritaniens se demandent à quoi sert le Conseil Economique, social et de l’environnement que vous présidez depuis quelques années. Il n’est pas visible sur le terrain. Qu’a-t-il comme actif depuis sa création?

- Disons qu’hormis les salaires et indemnités qu’il offre à tous ceux qui y ont droit, je ne lui trouve toujours aucune autre utilité.

Il n’a en tout pas cas rempli sa mission première qui est de   donner conseil au Gouvernement sur tous projets de loi portant sur l’économique, le social et l’environnemental, avant leur soumission à l’Assemblée Nationale.

- Chaque fois, vos détracteurs ou adversaires annoncent la mort d’APP. Pour eux, il n’y a que son président qui  s’agite, à chaque échéance électorale ou autre occasion  politique. Que pouvez-vous leur dire sur l’état de votre parti. A quand se tiendra son prochain congrès ?

- Nous comptons fermement donner le top du lancement des travaux préparatoires du prochain Congrès au mois de Janvier de l’année nouvelle 2020.

Propos recueillis par Dalay Lam

 

*Conseil Economique, Social et Environnemental