Le président provisoire de l’UPR invite les autres soutiens de Ghazwani à intégrer l’UPR : Pour quelle fin ?

30 October, 2019 - 23:26

Seydina Ali ould Mohamed Khouna, président provisoire de l’Union Pour la République (UPR) a lancé un appel aux autres soutiens du président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazwani,  à soutenir activement la mise en œuvre du programme électoral de celui-ci, en intégrant le principal parti de la majorité présidentielle. C’était au cours de l’inauguration du nouveau siège du parti fondé par Ould Abdel Aziz en 2009. Cette sortie du premier responsable de l’UPR intervient au moment où des divergences sont perceptibles au sein dudit parti, lesquelles divergences risquaient de lui faire perdre sa place de choix auprès du nouveau président. L’UPR est en effet dans l’œil du cyclone, depuis la désignation par Ould Abdel Aziz d’Ould Ghazwani en tant que successeur. Car l’Union n’a pas réussi à convaincre le candidat à accepter son parrainage. Quoique majoritaire à l’Assemblée nationale et en dépit des déclarations de ses hauts responsables dont le premier de l’époque,  Sidi Mohamed Ould Maham,  le parti n’a donc pas occupé une place prépondérante dans le dispositif de campagne d’Ould Ghazwani. Une douche froide qui a poussé certains, bien connus pour leur versatilité et  leur goût effréné de la transhumance, à préparer leur paquetage, expériences du PRDS et d’ADIL à l’appui.

Aussitôt élu, le président Ghazwani a mis en place un gouvernement de technocrates, manière de se débarrasser  des politicards à l’affût. Le parti d’Ould Abdel Aziz a donc hérité de la portion congrue dans le nouvel attelage, même si certains proches du président sortant y occupent quelques postes stratégiques.  Ould Ghazwani n’est pas pressé, il opère des changements « en douceur », disent ceux qui prétendent le connaître.

 

Trois options ?

L’invite de Seydina Ali ould Mohamed Khouna coïncide avec l’activité intense de nombreux  soutiens  du nouveau Président balançant entre trois options : fonder un nouveau parti, intégrer l’UPR en son état actuel ou refonder l’Union, en y intégrant tous les soutiens, ce que prêche son président. Mais son appel risque fort tomber dans les oreilles de sourds. Trop de différentes personnalités mobilisées dans  les mouvements de soutien  électoral au candidat Ghazwani n’entendent pas perdre leur âme, en se dissolvant dans un parti auquel ils n’ont jamais adhéré. D’autres cadres de l’UPR veulent, quant à eux, couper le cordon ombilical du parti d’avec le président sortant : il n’y a pas  de rupture, soutiennent-ils, entre l’ancien et le nouveau pouvoir. Boydiel Ould Houmeid  l’a dit clairement : c’est le même système  avec les mêmes hommes. En d’autres termes, Ghazwani  poursuit l’œuvre entamée  par son prédécesseur. Les faits semblent d’ailleurs lui donner raison : le nouveau Président ne paraît  pas pressé à opérer les changements attendus.

Mais, pour l’ex-député  El  Khalil ould Teyib, Ould Abdel Aziz ne peut plus constituer la référence de l’UPR, la légitimité en revient  au nouveau Président  élu par les Mauritaniens. Une « guerre de photos » de l’ancien et du nouveau l’a opposé au comité provisoire, quand il a exprimé son étonnement de ne  voir, accrochée au mur, que celle d’Ould Abdel Aziz, alors que devrait trôner celle  du nouveau président. Pour lui, une page est désormais tournée.

L’appel d’Ould Mohamed Khouna signale, d’une certaine façon, l’inquiétude du parti fondé par Ould Abdel Aziz.  La naissance d’un nouveau au service d’Ould Ghazwani signerait comme un arrêt de  mort de l’UPR. Les opportunistes de tout poil et tous ceux incapables de survivre en dehors du parti au pouvoir ou de ses alentours rejoindront, pieds et mains liés, la nouvelle formation.

Quoiqu’il advienne, le président Ghazwani reste toujours muet et nombre de mauritaniens s’interrogent sur ce silence.  Cela fait bientôt trois mois que l’homme n’a  fait aucune déclaration sur la situation du pays et sur ses intentions. On se demande ce qu’il mijote. Les réformes traînent et l’action du gouvernement semble en pâtir. Après la constitution du nouveau gouvernement et la formulation de nouveaux organigrammes, on attend la confirmation ou la nomination des secrétaires généraux. A l’Education désormais éclatée en deux départements,  l’ancienne secrétaire générale continue à assumer ses fonctions. Idem en d’autres ministères  éclatés. Après la nomination de conseillers et de chargés de mission au Palais, le Président doit opérer des changements….  s’il veut éviter de donner l’impression d’opter pour le statu quo. Alors que ses soutiens ne cachent pas leur empressement à jouir des fruits de leur contribution…

DL