Ces militaires qui nous gouvernent

16 October, 2019 - 19:46

Il y a quelques jours, les autorités nationales ont pris la décision de prolonger la durée de service des militaires. Cette mesure générale permettra à trois emblématiques généraux qui devaient incessamment aller à la retraite de rester encore en fonction pour quelques années encore. Ainsi, le général Mohamed Ould Meguet continuera à sévir à la tète de la direction générale de la sûreté nationale pendant que le général Dah Ould El Mamy le fait à la direction générale de la douane. Le général Ould Maîf reste à la tète du bureau d'études et de la documentation (BED). Décidément, les militaires qui depuis plus de quarante prennent en otage le pays ne semblent pas encore prêts à lâcher prise. Et pour se maintenir, les prétextes ne manquent pas. Le 10 juillet 1978, une poignée d'officiers fatigués d'une guerre, selon eux injustifiée, renversent la table sur une équipe de fondateurs accusés d'être à la solde de l'occident. À cause de leurs turpitudes, la Mauritanie occupe une place très "honorable " au classement des pays champions des coups d'État militaires. En 2005, après 21 ans de pouvoir, Maaouya est renversé par un conseil militaire pour la justice et la démocratie. Promesse de remettre les affaires aux civils. Mais ce que beaucoup de ceux ci ne comprennent pas est que les militaires ne peuvent plus "faire" sans les honneurs, l'argent et le protocole. Le plus grand casse-tête est de les sortir du jeu politique. L'élection présidentielle de 2007 et ce qui s'en est suivi constitue une parfaite illustration de cette détermination de l'institution militaire de faire et de défaire les choses politiques en se ménageant les uns les autres et en imposant aux civils de parler d'eux et de leur institution avec réserve et circonspection. Depuis qu'ils sont venus il y a plus de quarante ans, les militaires usent et abusent de la Mauritanie.  Les fameux membres de leur comité militaire tantôt de redressement tantôt de salut et autre de justice et de démocratie ou haut conseil d'État se la coulent douce. Leurs autres collègues officiers supérieurs bénéficiant tacitement de gros privilèges qu'aucune administration ne peut avoir outrecuidance de leur refuser. Dans un pays où les coups d'État sont une tradition, les gouvernants mêmes militaires sont obligés de respecter les militaires et les amadouer jusqu'au dernier souffle. La décision  de Mohammed Ould Abdelaziz de leur octroyer un salaire supplémentaire à quelques jours de son départ du pouvoir dénote de cet adoubement. La décision du président de la république Mohamed Ould Cheikh Ghazouani de prolonger l'âge de la retraite est une preuve qu'il a bien compris et assimilé la consigne de son prédécesseur et ami de plus de "quarante ans". Cinq ans encore de pouvoir d'un ancien militaire en attendant de savoir comment il faut faire pour se défaire de l'étouffante emprise de nos " vaillantes forces armées nationales".

Sneiba El Kory