Kaédi - Ouverture des classes… et après ?

10 October, 2019 - 01:37

C’est au pas de charge et accompagné des autorités civiles et militaires que le wali du Gorgol, Yahya ould Cheikh Mohamed Vall, a présidé solennellement l’ouverture officielle de l’année scolaire 2019/2020, dans la cour de l’Ecole annexe, plus connue sous le nom d’Ecole 1, en présence du DREN, Ahmed Lemine ould Woli. Occasion d’une levée des couleurs et d’exhorter les élèves et autres acteurs scolaires à plus de civisme et de citoyenneté. Dans tous les autres établissements, aussi bien du Fondamental que du Secondaire ou du Professionnel, on notait le même engouement, avec une présence massive des élèves et enseignants : serait-ce que quelque chose, aussi minime soit-elle, est entrain de bouger ? La famille scolaire était, en tout cas, présente partout au grand complet, pour commémorer l’évènement qui marquera peut être le début d’une nouvelle ère.

En-deçà de cet élan où se lisait, sur les visages, l’espoir d’une bonne rentrée scolaire, les sceptiques, encore nombreux à ne pas croire au changement, s’interrogent sur le déroulement de l’année, notamment en termes de matériels didactiques ou motivation des enseignants. Le constat d’échec du système, disent-ils, ne peut être noyé dans une simple cérémonie qui n’agrémente que la forme, alors que le fond, plus boueux que jamais,désole et les élèves et les parents d’élèves, les laissant pantois pour l’avenir. L’inquiétude est d’autant plus perceptible  que la volonté de changement affichée charrie, dans son sillage, des méthodes et pratiques  portées par des hommes et femmes des services centraux du ministère, en place depuis dix voire quinze ans et qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à la culture de la médiocrité. Des fonctionnaires inamovibles, avec leur cohorte d’inconditionnels qui leur obéit aveuglément pour accomplir leur besogne à tirer toujours vers le bas la moindre  action susceptible d’améliorer l’école publique.

Peut-on espérer faire du neuf sur de l’ancien ; pour ne pas dire du pourri ? Si ce n’est courir en pure perte…Pour donner corps aux nouvelles directives, il est urgent de procéder à un toilettage complet, sur la base d’un organigramme clair posant la compétence et l’engagement en critères absolus de promotion. Difficile donc de comprendre que le nouveau ministre soit toujours entouré et conseillé par les mêmes personnes en coulisses depuis des décennies, bien engoncés dans leur costume, subtilement et assez rodés pour porter entrave à toute idée de changement. S’il est vrai que le système ressemble à un mammouth difficile à bouger, il n’en demeure pas moins que des mesures-phares doivent être entreprises pour rassurer.

La dynamique qui semble animer la nouvelle direction ne peut se légitimer dans l’arbitraire et l’injustice sociale, tares qui ont lourdement pesé sur l’émergence d’une école républicaine dont les décideurs se taillent  à leur seule égoïste mesure les fauteuils, comme si le ministère était leur chasse gardée, leur tanière. Dans les affectations et les promotions, le clientélisme est devenu plus que monnaie courante : carrément méthode de gouvernance. D’autres fonctionnaires sans « thiaya »,eux, où s’accrocher, peinent  dans les classes, condamnés à survivre jusqu’à une retraite encore moins reluisante, comme si ils n’avaient aucun mérite, aucune distinction. Il n’est pas alors étonnant de voir les enseignants arpenter les rues et ruelles, rasant les murs en quête de quelque cours particulier à dispenser, çà et là ;  en somme, une certaine clochardisation du métier réputé noble, qui n’indigne plus personne.  On en est là et les mois à venir sonneront l’heure de vérité, mettant, à l’épreuve des faits sur le terrain, la cohérence et la valeur des intentions.                            

B.Diagana

CP Gorgol