Gestes

9 October, 2019 - 09:21

Le meilleur d’entre vous est le meilleur pour ses parents. Celui qui est né un vendredi ne vaut rien pour eux. Un jour pourtant béni mais dont les « natifs » ne valent souvent rien pour leurs parents. Cela dit et à quelques très rares exceptions près, question modes opératoires, nous sommes, mauritaniens, tous les mêmes. En tout, partout, avec des comportements totalement intégrés, incrustés, profondément ancrés dans nos têtes. Les vieilles et les jeunes, les hommes et les femmes. Les nominations ? Parlons-en, tous les présidents du Monde nomment et dénomment, c’est normal. Chirac ? Justement, Chirac qui vient de mourir avait nommé sa fille à la présidence. Trump ? Le plus puissant du Monde in the plus big démocratie du Monde a nommé le mari de sa fille. Même si, soit dit en passant, celui-ci ne perçoit ni salaire ni indemnités. Tout comme chez nous ici. Enfin presque… Et ne me dites pas, s’il vous plaît, que vous voulez des noms. Ce que je veux dire, moi, c’est que le problème n’est pas de nommer X ould Y ou de dénommer Y ould X. D’ailleurs, « les mains de qui a trouvé un grilleur ne vont pas brûler ». Et puis, ça c’est aujourd’hui et ça c’était hier. Nous ne sommes pas gâtés par les Premiers ministres droits, sans reproches et pas népotistes. Encore moins par des présidents regardant sur les critères et conditions de nomination et de parachutage aux plus hautes fonctions civiles et militaires. Ni par la répression de la conspiration et les complots organisés qui ont permis, à des bandes et lobbies variablement mafieux de piller systématiquement nos ressources nationales. Les cadres des ministères nationaux ne peuvent être que des mauritaniens. De Boutilimitt, Aleg, Hassi Lewghar, Toufoundé Civé, Garak ou Diougountourou. Ou même de Boumdeid. Ils ne peuvent être que des parents à quelqu’un. Premier ministre, Première dame, directeur du cabinet du Président, général d’armée, conseiller à la Présidence, homme d’affaires ou garde du corps du Premier ministre, du Président, d’un directeur général d’un important établissement, d’un député ou d’un influent politique du comité de gestion de l’Union Pour la République, voire un soutien providentiel de dernière minute lors de la dernière élection présidentielle. Impossible d’importer les peuples et les élites ! Sinon, nos problèmes allaient être définitivement réglés : avec des enseignants japonais ou norvégiens, des chauffeurs de taxis et de bus publics suisses, des militaires coréens, des journalistes anglais, des médecins cubains, des ouvriers chinois, des ministres irlandais, des députés allemands, des policiers hongrois, des vendeurs ambulants espagnols, des grilleurs de méchoui nigériens, des blanchisseurs burkinabés, des mécaniciens maliens, des pêcheurs sénégalais, des plombiers comoriens… Nous n’avons que nous, il faut faire avec. Comme disent nos ancêtres arabes, « paralysée, ta main n’en est pas moins la tienne » et « aussi vilain soit-il, ton nez n’en est pas moins le tien. » Nous n’avons pas le choix, il faut faire avec les moyens du bord. Avec les hommes, les femmes, les jeunes et les vieux qu’on a. Evidemment qu’ils seront de quelque part de Mauritanie ! S’ils ne sont pas d’ici, ils seront de là-bas. Et s’ils ne sont pas de là-bas, ils seront d’ici. Voire de très là-bas ou de très ici. Dire que tel responsable est de Boutilimitt dont est issu le Premier ministre, c’est comme dire que tel autre est long ou court, beau ou pas beau, gentil ou pas gentil, et qu’en cela, il ressemble à untel ou untel. Vraiment rien d’important, puisque « du ventre sort le teinturier et le tanneur ». Le Président parle peu. Les ministres ou certains d’entre eux essaient de convaincre par des actions fortes. Le coup d’envoi de l’année scolaire à partir d’une école publique sise dans un quartier populaire, en présence du président de la République ? Un geste symbolique. Une grosse agence dotée de plusieurs dizaines de milliards, pour contribuer à soulager la souffrance de très larges couches vulnérables ? Un autre geste. Mais les projets et les intentions dépendent de l’action, bonne ou mauvaise, des hommes et des femmes chargés de leur mise en œuvre, bonne ou mauvaise. Or nous, c’est nous. Salut.

Sneiba El Kory