Chaleur et ordures, Nouakchott étouffe!

3 September, 2019 - 13:26

La capitale mauritanienne étouffe depuis quelques temps jours sous une chaleur  estivale  torride. Ecrasante même. Une chaleur humide mais sans pluie, bien que le ciel est menaçant depuis quelques jours. Dans les rues, les marchés et moyens de transports, on suffoque. Les gens suent. On croirait que certains  ont marché sous la pluie, tant leurs habits sont mouillés. Les maisons sont presque totalement désertées, le jour, surtout la nuit par leurs occupants, en tout cas pour ceux qui ne  disposent pas de  climatisation. Une situation  profitable, hélas  aux  nombreux voleurs  qui écument la ville, dans ses quartiers périphériques, en l’absence des forces de l’ordre, plus promptes à casser les paisibles citoyens  qu’à en découdre avec  les voleurs. Du coup, certains nantis  fuient leur maison pour passer la nuit hors de Nouakchott, à la belle étoile, laissant leurs moustiques à jeûn.

Tant mieux diront certains  Nouakchottois, parce  qu’ils  redoutent les conséquences  de la tombée de la pluie  dans leur capitale. Une capitale sans structures d’assainissement. Ainsi, pour se débarrasser des eaux de pluies ou usagées, on se contente juste de quelques coup de pompes avec les camions citernes de la direction de l’assainissement. Juste des opérations ponctuelles.

Celles qui  par contre qui  s’inscrivent dans la durée, à savoir les   travaux  de canalisation  réalisés depuis  quelques temps par les chinois pour lutter contre les eaux stagnantes dans  de nombreux  quartiers   de la capitale, attendent de faire leur preuve, il n’a pas bien plu depuis.

Outre cette chaleur, il y a aussi que Nouakchott  croule sous le poids des ordures. Une situation inexplicable pour une capitale qui se veut moderne. Partout des ordures poussent comme des champignons. Même près du cimetière et des postes de santé. Les marchés sont devenus de véritables dépotoirs. Au vu et au su de tout le monde. Au grand dam des maires incapables d’y faire face. La politique de la décentralisation les a dépouillés  de la  prérogative de gérer les ordures.  La Communauté Urbaine érigée à Nouakchott a été transformée en vache à lait. Exceptée bien entendu sous la mandature   d’Ahmed Hamza, et  le contrat signé avec  DRAGUI Transports (PIZZORNO). Tout n’était pas rose à l’époque, mais, on doit quand même reconnaître que cette  multinationale avait réalisé de gros progrès dans la capitale. Le terrain était miné.

Force est de constater, quelques cinq ans après  le départ de l’ex édile de Nouakchott que les contrats mirobolants,  signés à la sauvette avec  certaines entreprises de nettoiement, sans expériences ni moyens en la matière – certains louent des engins,  n’ont pas réussi à  rendre la capitale propre. Loin s’en faut. Il faut reconnaître que les citoyens  eux aussi, portent une lourde part de responsabilité. Ils jettent partout  leurs ordures. Que de la mauvaise volonté à tous les niveaux ! A commencer par celle de l’état qui ne gère que par procuration et par approximation. Des campagnes de sensibilisation menées par les pouvoirs  publics ne profitent souvent qu’aux concepteurs et porteurs de banderoles  et  de certains médias.

Face à cette situation de « tout le monde s’en fout », le gouvernement   du nouveau président a  fait appel, comme certains de ses prédécesseurs aux forces armées, le génie militaire, en particulier  pour  débarrasser la ville de ses tonnes d’immondices. Certes, le génie dispose d’un certain  nombre de moyens, mais pas d’expérience en matière de ramassage des ordures. Ce n’est pas sa mission. Loin de là. Il fera juste ce qu’il peut, mais n’endiguera point  le phénomène. Le mal est profond. Après plus d’une semaine du début des opérations, nos militaires ont fini de constater qu’ils sont engagés dans un combat de titan, un combat contre le terrorisme dénommé  ordures. Aussitôt après avoir dégagé un dépôt provisoire, ils le retrouvent,  plus que jamais,  garni le lendemain matin. Parce que les citoyens n’ont pas d’autres moyens ou endroits  pour se débarrasser de  leurs ordures. Il faut donc trouver ce moyen là pour commencer la guerre contre ce terrorisme rampant.